En 2025, l’Afrique atteint un nouveau palier dans la liquéfaction du gaz naturel, avec plus de 77 millions de tonnes par an. Si certains pays enregistrent un recul temporaire de leurs volumes expédiés, la dynamique d’investissement reste puissante. Et dans ce panorama en mutation, l’Algérie reste un acteur central du GNL !
Au large des côtes sénégalaises et mauritaniennes, les installations du projet Tortue Ahmeyim viennent tout juste de s’éveiller. La première phase, entrée en service en janvier 2025, injecte 2,3 millions de tonnes de GNL par an dans l’équation énergétique continentale.
Gaz : une capacité de liquéfaction en hausse malgré la baisse temporaire des exportations
Selon les données compilées par l’Unité de recherche sur l’énergie (Attaqa), l’Afrique a porté sa capacité totale de liquéfaction à 77,3 millions de tonnes par an au début de 2025. Un chiffre conséquent qui représente environ 15 % de la capacité mondiale, estimée à 492 millions de tonnes cette année.
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Pourtant, les exportations effectives ont connu un repli, passant de 41,32 millions de tonnes en 2023 à 38,85 millions en 2024, puis 8,88 millions pour le premier trimestre 2025, contre 9,93 millions à la même période l’an dernier. Ce ralentissement s’explique notamment par la baisse des livraisons algériennes, mais aussi par le virage de l’Égypte vers l’importation, contraint par la chute de sa production intérieure.
L’Algérie en tête, avec une infrastructure de GNL bien ancrée
Avec une capacité de 25,3 millions de tonnes par an, répartie sur quatre complexes majeurs, l’Algérie conserve sa place de numéro un africain dans la liquéfaction du gaz naturel. Ces installations sont concentrées à Skikda et Arzew, deux villes côtières stratégiques, sous l’égide de Sonatrach.
Voici la ventilation de cette capacité nationale :
Arzew :
- Complexe GL1Z : 7,9 millions de tonnes/an
- Complexe GL2Z : 8,2 millions de tonnes/an
- Complexe GL3Z : 4,7 millions de tonnes/an
Skikda :
- Une seule unité de 4,5 millions de tonnes/an
Ces infrastructures permettent à l’Algérie de répondre à la demande européenne, notamment en période de tensions sur l’approvisionnement.
Nigeria, Égypte, Angola : les autres poids lourds du continent
Derrière l’Algérie, le Nigeria suit avec une capacité de 22,2 millions de tonnes/an, répartie sur six unités installées sur l’île de Bonny. Viennent ensuite :
- Égypte : 12,2 millions de tonnes/an, dont 5 pour la station de Damiette et 7,2 pour celle d’Idku.
- Angola : 5,2 millions de tonnes/an via un unique complexe.
- Guinée équatoriale : 3,7 millions de tonnes/an avec la station EG LNG.
Mais la réalité opérationnelle n’est pas toujours à la hauteur du potentiel. L’Égypte, par exemple, a été contrainte d’importer près de 4 millions de tonnes de GNL entre juin 2024 et avril 2025, faute de production domestique suffisante.
Cap sur 2050 : l’Afrique pourrait représenter 19 % de la capacité mondiale
À long terme, les perspectives sont prometteuses. Selon les projections de l’Unité de recherche sur l’énergie, la capacité de liquéfaction du continent pourrait atteindre 19 % de l’offre mondiale à l’horizon 2050. Un cap rendu possible par des projets colossaux en gestation, en particulier au Mozambique, au Nigeria, au Sénégal et en Mauritanie.
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Parmi les initiatives notables, le projet flottant Coral South au Mozambique (3,4 millions de tonnes/an) symbolise une nouvelle ère de développement offshore, plus flexible et plus rapide à mettre en œuvre.
L’Afrique ne se contente plus d’être un fournisseur secondaire sur le marché du GNL. Elle structure ses ambitions autour d’infrastructures robustes, d’investissements stratégiques et de partenariats internationaux.
L’Algérie, en dépit d’une baisse ponctuelle des exportations, conserve sa place de leader, forte de son expérience et de ses capacités installées. Le continent, dans son ensemble, pose désormais les jalons d’une montée en puissance, en attendant que les volumes suivent les ambitions.