Il a fait les beaux jours du football français avec Platini, Tigana. Son nom a été souvent associé à ce duo qu’on surnommait pendant les années 1980, le milieu royal.
Après sa brillante carrière de footballeur, Alain Giresse décide de devenir entraîneur.
Il a entraîné le grand club de la capitale, le PSG.
Il a aussi entraîné le TFC. Après la France, il décide d’aller en Afrique noire, au Maroc plus précisément, pour driver les FAR. Mais depuis 2006, il a pris la sélection du Gabon avec laquelle il a réalisé de belles choses. Il a raté de justesse la qualif’ pour la Coupe du monde 2010 contre le Cameroun. Hier, nous l’avons contacté pour nous parler de l’Algérie et de la Coupe du monde en Afrique du Sud.
M. Giresse, félicitations pour votre poste de sélectionneur du Mali…
Attendez, ce n’est pas encore fini.
Ah bon !
Oui, pas encore. Je dois partir ce lundi à Bamako pour régler quelques détails. Si tout va bien, je prendrai la sélection malienne.
En tant que connaisseur du football africain, que diriez-vous sur la qualification de l’Algérie à la Coupe du monde ?
C’est un bon succès. Pour moi, ce n’est pas une surprise que l’Algérie se retrouve en Afrique du Sud. Elle a un grand potentiel, elle a toujours donné de grands joueurs au football français et même Mondial.
Est-ce que vous avez suivi le parcours de l’Algérie ?
Je l’ai suivi, mais de loin. Le fait que j’exerce mon travail avec l’équipe du Gabon ne m’a pas permis de voir les matches. En plus, je n’étais pas concerné, les matches de l’Algérie se jouaient pratiquement en même temps que ceux du Gabon.
Vous n’avez regardé aucun match ?
Non aucun, juste quelques résumés, pas des matches en entier. Donc, je ne peux pas donner un jugement sur l’équipe. J’avoue que l’Algérie reste une terre de football, le fait qu’elle soit en Coupe du monde, ça veut dire qu’il y a de la qualité dans cette équipe.
Est-ce que vous connaissez des joueurs de l’EN ?
Oui, bien sûr. Ceux qui jouent en France comme Saïfi, Mansouri, et ceux qui sont partis à l’étranger comme Ziani et Meghni.
Pouvez-vous nous parler de ces joueurs ?
– Je n’aime pas parler des individualités, mais celui qui m’a impressionné dans l’équipe d’Algérie et même quand il était à Sochaux et à la Lazio, c’est Meghni. Ce joueur est de la trempe des grands. L’Algérie a de la chance d’avoir un joueur comme lui.
Ce joueur ne joue plus depuis trois mois à cause d’une blessure…
Comme tout le monde le sait, l’ennemi numéro un des joueurs, ce sont les blessures. C’est vraiment dommage que ce joueur soit blessé. Ce serait un vrai coup dur pour la sélection algérienne de perdre un tel joueur pour le Mondial.
Il reprendra les entraînements la semaine prochaine…
C’est très court d’ici le Mondial. Il faudrait qu’il joue au moins cinq matches. Pour jouer une telle compétition, il faut être au top sur le plan physique et avoir des matches dans les jambes. C’est tout à fait le contraire d’un joueur qui ne joue pas dans son club, mais qui s’entraîne.
C’est le cas de Karim Ziani ?
La différence entre un joueur blessé et celui qui ne joue pas, c’est que le premier ne fait aucun effort et l’autre s’entraîne, il joue avec les réserves. Pour Karim que je connais, c’est un gagneur, c’est un vrai compétiteur.
Il ne faut pas oublier qu’il a joué beaucoup de matches avec l’Algérie. Je pense que c’est une occasion pour lui de se reposer après tout ce qu’il a donné. Un joueur n’est pas une machine, il a besoin de repos. Je dirai que deux matches en championnat et avec les matches amicaux d’avant le Mondial, Karim sera au top.
Avoir des joueurs blessés et d’autres qui ne jouent pas, cela n’influencera pas sur le rendement de l’équipe durant le Mondial ?
Comme je vous l’ai déjà dit, ce n’est pas une catastrophe pour ceux qui ne jouent pas. Je sais qu’ils seront motivés pour prouver qu’ils méritaient d’être titulaires dans leurs clubs et aussi pour décrocher un contrat avec un grand club. Je sais une chose, ils vont réaliser un bon Mondial. Pour les blessés, c’est un peu compliqué.
Comment voyez-vous le groupe de l’Algérie en Coupe du monde ?
Pour moi, l’Angleterre est le grand favori, mais le football nous a souvent réservés des surprises. Pour l’Algérie, le fait qu’ils sont là, c’est déjà un exploit.
Il faut qu’ils jouent sans calculer. L’Algérie n’a rien à perdre dans ce Mondial, c’est pour cette raison que j’attends une surprise des Algériens.
Pensez-vous que l’Algérie est capable de battre les Anglais ?
Sur un match, tout est possible, mais ça va être très dur. Les Anglais sont favoris pour gagner le Mondial.
On dit que le premier match est très important dans ce genre de tournoi…
Si par exemple l’Angleterre rate son premier, c’est moins grave. Par contre, l’Algérie, si elle démarre la compétition par une victoire, ce sera une très bonne chose pour la suite. Je dirai le premier match est important pour les petites équipes.
Quelle est votre équipe favorite pour ce Mondial ?
Mon équipe favorite, c’est toujours le Brésil, mais les grandes nations comme l’Espagne et l’Angleterre auront leur mot à dire dans cette Coupe du monde.
Et la France ?
Je suis pessimiste pour l’équipe de France, surtout avec le dernier scandale des joueurs, ça va être trop compliqué, même pour passer le premier tour.
Attendiez-vous une surprise d’une équipe africaine ?
Franchement, non. Passer au deuxième tour, c’est possible, mais aller loin, ce sera très dur pour les équipes africaines.
Après cette Coupe du monde, les éliminatoires de la CAN 2012 vont commencer, il y aura un derby magrébin, à savoir Algérie-Maroc.
Pensez-vous que les Marocains peuvent battre les Algériens ?
Au Maroc, on doit tout refaire en football. Il y a du potentiel, mais il n’y a pas d’équipe. Si c’est la même équipe que j’ai battue qui affrontera l’Algérie, les Marocains n’ont aucune chance. Mais s’il y aura des changements, là ce sera un peu compliqué pour les Algériens.
Quel est le message de M. Giresse aux Algérien ?
Le fait que l’équipe s’est qualifiée pour l’AFS, c’est déjà un exploit. Donc, il faut soutenir cette équipe. Je souhaite aussi bonne chance à M. Saâdane que je respecte beaucoup.
M. Z.