Gianni Infantino a été élu président de la Fifa au second tour

Gianni Infantino a été élu président de la Fifa au second tour

Gianni Infantino a été élu président de la Fifa au second tour contre le cheikh Salman ce vendredi 26 février. Le N.2 de l’UEFA, favori pour nombre d’observateurs, a été choisi au terme de cette journée de vote pour succéder à Sepp Blatter jusqu’en 2019. Il aura pour mission de restaurer l’image et la crédibilité de la Fifa, engluée dans la pire crise de son histoire, sur fond de corruption à grande échelle.

« La Fifa a traversé des moments tristes (…) mais c’est fini. Nous devons aller de l’avant », a déclaré le nouveau président de l’instance mondiale après son élection précisant vouloir « restaurer l’image de la Fifa ». « Tout le monde doit être fier de la Fifa », a insisté l’ancien N.2 de Michel Platini, qui s’est félicité de ce « grand signe de démocratie ».

« J’ai voyagé à travers la planète et je continuerai, a-t-il souligné. Je veux travailler avec vous tous, pour instaurer une nouvelle ère à la Fifa où l’on puisse de nouveau mettre le foot au centre du jeu ». « La Fifa a traversé des moments tristes, une crise, mais c’est derrière nous, nous devons aller de l’avant et appliquer les principes de bonne gouvernance », a-t-il conclu pour sa première intervention.

Un technocrate

Longtemps confiné dans l’ombre de Michel Platini à l’UEFA, le juriste italo-suisse Gianni Infantino a su tirer profit de la chute de son patron pour attirer la lumière et succéder à Joseph Blatter comme président de la Fifa. « Platoche » était suspendu depuis quinze jours, à cause du douteux paiement de 1,8 million d’euros reçu de la part de Blatter, quand ce technocrate au profil lisse s’est lancé dans la course, le 26 octobre, soutenu par le comité exécutif de l’UEFA dont il est le secrétaire général. Infantino n’a d’ailleurs pas eu un mot pour lui dans sa première intervention une fois élu au sommet du foot mondial.

Et voilà donc ce grand chauve affable de 45 ans, connu du grand public pour avoir longtemps présidé aux tirages au sort des coupes d’Europe, vainqueur d’une course hautement politique, devant son principal challenger, le Cheikh Salman, président bahreïni de la Confédération asiatique. « C’est vrai que peut-être quelque part le destin joue un rôle car il y a quelques mois je ne pensais même pas à me lancer dans cette aventure », avait-il reconnu mercredi auprès de l’AFP.

Elu au deuxième tour avec 115 voix sur 207, ce juriste était, de fait, le candidat européen par défaut. Platini, dans l’impossibilité d’épuiser à temps tous les recours contre sa suspension, réduite de huit à six ans en appel, avait dû finalement jeter l’éponge.

En privé, le camp Platini s’était dit troublé par l’annonce impromptue de candidature du N.2, même si celui-ci a toujours pris soin de ménager son patron en répétant de manière presque mécanique qu’avec l’UEFA il assurait son « soutien à Michel Platini dans son droit à avoir un procès équitable et à laver son image ».

« Homme de réseaux »

Le triple Ballon d’Or n’a d’ailleurs jamais ouvertement adoubé son bras droit. « Gianni, on a travaillé neuf ans ensemble, a dit l’ancien capitaine de l’équipe de France dans L’Equipe de vendredi. C’est un bosseur. J’ai confiance en lui. Il est ambitieux, mais on ne peut pas se présenter à la présidence de le Fifa sans être ambitieux ». Infantino a activement fait campagne ces dernières semaines en sillonnant l’Afrique et en récoltant les soutiens de l’Amérique latine, issus de la Conmebol (Confédération sud-américaine) et de l’Amérique centrale.

Très à l’aise en public et devant les médias, il parle plusieurs langues et, contrairement à Blatter qui avait souvent dérapé, maîtrise aussi la langue de bois. « C’est un homme chaleureux, à l’écoute, réactif, un homme de réseaux, qu’il a construits et entretient avec soin », confie le représentant d’un grand club européen sous couvert d’anonymat.

Marié et père de quatre filles, l’Italo-Suisse est entré à l’UEFA en 2000, chargé des questions juridiques et commerciales. Ce supporter de l’Inter Milan a ensuite été nommé directeur de la division Services juridiques en janvier 2004 et ainsi « entretenu des contacts étroits avec l’Union européenne, le Conseil de l’Europe et les autorités gouvernementales », selon l’UEFA.

Un Valaisan comme… Blatter

Il devient secrétaire général en 2009, fonction où il a contribué à la mise en place du fair-play financier et a su gagner la confiance des grands clubs européens.

C’est lui qui représentait l’UEFA à la commission des réformes de la Fifa à partir de juillet. Cette instance avait été créée afin de tenter de restaurer la crédibilité de la Fifa, ébranlée depuis mai dernier par un scandale de corruption planétaire. Ce sera sa principale tâche. Avant l’UEFA, Infantino avait travaillé comme secrétaire général du Centre international d’étude du sport (CIES) à l’Université de Neuchâtel, après avoir été conseiller pour diverses instances du football, dont les ligues espagnole, italienne et suisse.

Ce fin connaisseur des ficelles du foot a vite assimilé celles de la politique. Il faut dire que le destin, décidément, a voulu qu’Infantino naisse à Brigue, dans le Haut-Valais, à quelques kilomètres de Viège, village natal de… Blatter.