Ghoul : « le secteur public intouchable »

Ghoul : « le secteur public intouchable »

L’ouverture du transport aérien et maritime au privé ne devrait pas se faire au détriment du secteur public et les parts des compagnies publiques sur le marché sont intouchables, a tranché hier le ministre des Transports, Amar Ghoul.

Pour lui, l’ouverture du secteur devrait s’inscrire dans un cadre de complémentarité et de coordination entre le secteur public et celui du privé national afin de casser le monopole étranger. « Il n’y a pas de concurrence entre le privé national et le public mais plutôt entre les sociétés nationales et les compagnies étrangères qui prédominent le marché algérien », a-t-il affirmé hier au forum d’El Moudjahid.



« La marge devrait être partagée entre les étrangers et les privés nationaux sans toucher aux parts des entreprises publiques », a-t-il insisté en prévenant que l’Algérie fait face à un réel monopole des étrangers. « Les compagnies étrangères détiennent 50 % de notre espace aérien et 97 % de notre espace maritime », s’est-il alarmé, en prévenant que s’il devait y avoir une ouverture du transport aérien et maritime pour le privé, elle devrait s’inscrire dans l’objectif de casser le monopole étranger en augmentant les parts algériennes dans le marché à travers le renforcement des entreprises nationales, privées et publiques.

« L’ouverture du transport aérien et maritime aux opérateurs privés nationaux vise à diminuer de façon intelligente les parts des compagnies étrangères du marché algérien », a-t-il déclaré, en affirmant la détermination de son secteur d’inverser la situation actuelle au profit des nationaux. Il a toutefois affirmé que l’ouverture du transport aux investisseurs et opérateurs nationaux privés est une décision qui relève du gouvernement. M. Ghoul a rappelé dans ce cadre que les deux secteurs étaient ouverts au privé en vertu d’un texte de la loi de 1998 sur le transport civil qui autorisait l’émergence de compagnies nationales aériennes et maritimes privées.

Mais ce texte de loi a été gelé par décret, en 2009, après l’affaire khalifa Airways. le ministre a expliqué de ce fait que « la réouverture du secteur » ne relève pas de son ministère mais du gouvernement qui est seul habilité à le faire. Pour éviter les erreurs du passé, le premier responsable du secteur a assuré que l’entrée en activité de nouvelles compagnies aériennes et maritimes relevant du secteur privé sera soumise à certains critères.

Les compagnies privées seront soumises à un cahier des charges « rigoureux » qui imposera les normes de sécurité aérienne et maritime en plus des critères économiques et logistiques de l’investissement. « De plus, ces compagnies devraient adhérer à la charte du pacte économique et social, conclu entre le gouvernement, le patronat et le syndicat (UGTA) qui préconise la complémentarité entre le secteur public et privé national », a-t-il ajouté. Concernant le renforcement de la flotte d’Air Algérie, le ministre a affirmé que la compagnie nationale compte acquérir 16 nouveaux avions, dont deux pour le fret.

Il a affirmé que l’Algérie s’approvisionne auprès des avionneurs les plus réputés au monde à travers un avis d’appel d’offres national. Il s’agit d’Air bus, de Boeing et de Bombardier. Concernant la Compagnie nationale de navigation CNAN, le ministre a admis son déficit du fait qu’elle ne couvre actuellement que 1 % du fret transporté. Pour retrouver sa place de leader dans le transport maritime en Algérie, il a rappelé que la compagnie devrait acquérir 27 navires pour une enveloppe de 120 milliards de dinars.