Ghilas : «Au Maroc, on jouera comme à domicile

Ghilas : «Au Maroc, on jouera comme à domicile

Immédiatement après la rencontre Reims-Marseille, nous avons pris attache avec Kamel Ghilas, qui, malgré les nombreuses sollicitations des médias rémois et marseillais, a accepté de nous donner plus que la simple déclaration d’usage lors d’une journée de championnat. Il nous a accordé un entretien où il a accepté d’ouvrir son cœur aux lecteurs de Compétition.

– Kamel, tout d’abord, peut-on avoir vos impressions à chaud concernant ce premier match à domicile face à l’Olympique de Marseille ?

– Le premier mot qui me vient à l’esprit c’est déception, car je suis vraiment déçu du résultat. Je pense que nous avons fait le match qu’il fallait bien que nous ayons manqué de réalisme dans nos moments forts. Le manque de réalisme, à ce niveau-là ça ne pardonne pas; la preuve, Marseille a réussi à ouvrir le score à un moment où nous dominions la rencontre et ensuite c’était quasiment mission impossible pour égaliser.

– Je comprends votre déception, qui est légitime, toutefois, il n’y a rien de déshonorant pour Reims, qui revenait en Ligue 1 après 33 ans de purgatoire, à perdre contre l’OM. La fête n’est tout de même pas gâchée ?

– Non, bien sûr, la fête n’est pas gâchée. Nous manquons d’expérience, nous sommes en phase d’apprentissage, mais cette défaite me laisse une grande amertume, car il y avait de la place pour faire un résultat positif ce soir.

– Ce soir ce n’était pas seulement le retour de Reims au premier plan. C’était aussi le retour de Kamel Ghilas en Ligue 1. A titre personnel, qu’avez-vous ressenti, surtout face à votre club de cœur, Marseille ?

– Franchement, c’est toujours agréable d’affronter le club de la ville où l’on a grandi. Cela m’a permis de revoir plein de copains, dont Passy, qui jouait avec moi à l’AS Cannes et qui, aujourd’hui, fait partie du staff de l’OM. Même pour le Stade de Reims, on ne pouvait rêver meilleure affiche pour un retour en Ligue 1 après 33 ans que de recevoir l’Olympique de Marseille lors de la première journée. Je pense que ce soir nous avons fait le match qu’il fallait, hormis le fait qu’à ce niveau il faut être un tueur lorsqu’on a ne serait-ce qu’une demie occasion et la mettre au fond. Mais il n’y a pas de quoi s’alarmer, nous allons corriger le tir et dès le prochain match nous essayerons encore et ça va passer je pense.

– Kamel, normalement lors des premières journées, les joueurs sont courts physiquement, car ils digèrent la préparation. Mais en ce qui vous concerne, ce soir vous étiez au top de votre forme, même le plus affûté sur le terrain. Quel est votre secret ?

– La première des choses, c’est l’hygiène de vie. Un footballeur professionnel doit être sérieux et rigoureux dans le travail. En ce qui me concerne, je suis plus affuté que les autres tout simplement parce que je ne me suis quasiment pas arrêté. Je n’ai pas eu de grosse coupure. Dès la fin de la saison passée, je suis partie en équipe nationale pour un stage d’un mois où nous avons vraiment bien travaillé et j’ai quasiment enchaîné avec la préparation d’avant-saison avec mon club. De plus, le coach m’ayant sorti à l’heure de jeu. Si j’avais continué sur le terrain au rythme infernal qui était le mien, j’aurais peut-être baissé physiquement dans le dernier quart d’heure.

– Nous allons parler, si vous le voulez bien, de l’équipe nationale. Il ne vous reste que deux matchs à disputer pour vous qualifier à la CAN. Pensez-vous que c’est faisable ?

– Honnêtement, je pense que c’est faisable. Et je suis plus optimiste depuis que j’ai lu que le match qui devait se dérouler chez eux se déroulera finalement à Casablanca. Mais bon, je ne tombe pas dans la facilité et l’excès de confiance, en face nous savons qu’il y aura une belle équipe libyenne, qui a disputé, ne l’oublions pas, la dernière CAN, et dont l’objectif sera de nous barrer la route.

– Le fait que le match n’ait pas lieu chez eux vous arrange ?

– C’est clair que oui. Une équipe délocalisée n’est pas aussi fringante que lorsqu’elle joue à domicile et qu’elle est poussée par son public. Nous avons la chance d’évoluer à domicile, nous devrons faire le plein et gérer le match de Casablanca avec professionnalisme. De toute façon, l’avantage du terrain sera pour nous. A Blida, on jouera à domicile et au Maroc on jouera aussi quasiment à domicile, car notre public va se déplacer en masse comme il le fait à chaque fois pour nous soutenir, incha Allah.

– Revenons à votre carrière. Vous avez le niveau Ligue 1, personne ne vous conteste cela. Ce soir, on peut dire que votre traversée du désert a puis fin avec ce retour par la grande porte…

– Je ne vous cache pas que j’ai ressenti énormément de plaisir en retrouvant la Ligue 1 ce soir. Mais ma traversée du désert, c’est en arrivant à Reims qu’elle a pris fin. J’ai pris beaucoup de plaisir aussi la saison dernière en Ligue 2 en inscrivant énormément de buts et en participant à l’accession de ce club historique. Mais il faut avouer que la Ligue 1 a une saveur particulière et on va tout faire pour s’y maintenir.

– Un mot pour ce public rémois dont vous êtes le chouchou puisqu’il n’a pas cessé de scander votre nom depuis votre apparition sur le terrain jusqu’à votre sortie…

– Je suis très heureux que les supporters soient derrière moi. J’ai besoin même. Je pense aussi que je fais le travail qu’il faut pour qu’ils soient fiers de moi et qu’ils m’accordent leur confiance.

– Votre avis sur le jeune Florian Raspentino, bien qu’il n’ait pas joué aujourd’hui ?

– Je le connais bien, il est de Marseille comme moi. C’est un bon jeune, qui a du talent et il a fait le bon choix en signant à l’OM, car il va progresser et franchir un palier supplémentaire. Il est promis à un bel avenir et je pense que même en équipe nationale, il ne faut pas avoir peur d’aller le chercher.

– Un dernier mot pour les Algériens…

– Je profite de l’occasion que vous me donnez pour leur souhaiter une bonne fin de Ramadhan. Pour leur dire aussi Saha Aïdkoum par avance. Et pour leur dire enfin, à bientôt en septembre, incha Allah, car sans eux pour nous soutenir, il n’y a pas d’équipe nationale.

M. B.

Grand seigneur

Décidément, le joueur algérien n’est pas un joueur comme les autres. Kamel Ghilas a fait une entorse au très rigide protocole que la Ligue française de football mis en place au début de chaque match puisqu’il a pris le temps de saluer chacun des petits gamins qui accompagnaient les deux équipes lorsqu’elles sont entrées sur le terrain. Un souvenir sans doute inoubliable pour les enfants.

Superstar

Kamel Ghilas a été le Rémois le plus applaudi de la soirée. Le véritable chouchou des supporters et surtout des supportrices. Il n’a cessé d’être encouragé et appelé dès son apparition sur le terrain, aux alentours de 19h, jusqu’à sa sortie du parking où, dans sa voiture, il a signé une quarantaine d’autographes et a été mitraillé de photos. Il aura fallu que l’agent de sécurité qui se trouvait à la sortie du parking l’aide à s’exfiltrer pour qu’il puisse rentrer chez lui.

Le drapeau national flottait des deux côtés

Ils étaient peu nombreux, mais très bruyants, les supporters marseillais présents à Reims. Il y avait un petit «patchwork» de tous les groupes de supporters de la capitale des Bouches du Rhône : South Winners, Yankees, Dogers, MTP, etc. et au milieu de tous les étendards brandis à la gloire de leur club, flottaient deux grands drapeaux, celui de l’Espagne et celui de l’Algérie. Côté rémois, ce sont les ultras de la tribune Jonquet qui brandissaient le drapeau national en l’honneur de Kamel Ghilas. Il semble que cette tradition, qui fait que notre drapeau national soit présent à chaque évènement sportif, est amenée à perdurer.