Comme à l’accoutumée, Abdelkader Ghezzal s’est confié au Buteur pour s’adresser aux supporters algériens, lesquels l’aiment tant. Actuellement en pleine rééducation, après sa méchante blessure au genou, le joueur assure que les choses se déroulent bien pour lui, en attendant de reprendre l’entraînement collectif. Il a fait le point de l’actualité en tenant aussi à éclaircir certaines zones d’ombre. Entretien…
Tout d’abord, comment se passe votre rééducation ?
Ben, écoutez, tout se passe bien pour le moment. Je récupère assez vite et je peux dire que je suis dans la bonne voie. Je travaille d’arrache-pied pour retrouver au plus vite les terrains.
Après votre opération, on avait parlé d’une indisponibilité minimale de quatre mois, mais on constate que vous vous remettez plus vite que prévu…

Oui, généralement les blessures au ligament du genou nécessitent 4 à 6 mois d’indisponibilité, mais tout dépend du joueur. Pour ma part, je dirais que mes efforts sont récompensés et que j’ai pris un peu d’avance. Je ne vous cache pas que je travaille tous les jours pour ne pas perdre de temps et revenir rapidement.
Et quand devriez-vous reprendre l’entraînement collectif ?
Je ne sais pas encore. C’est un peu tôt pour en parler. N’oubliez pas que ça fait un mois et une semaine seulement que j’ai subi l’opération. J’ai commencé, il y a quelques jours, à retaper le ballon et à augmenter mes courses. J’espère reprendre l’entraînement collectif le plus vite possible, mais pour le moment, rien n’est encore fixé. Il me reste encore beaucoup de boulot.
Vous effectuez votre rééducation en France ou en Italie ?
En Italie. Au pied d’une montagne qui se situe entre Sienne et Florence. J’ai préféré m’isoler pour bien me concentrer sur ma rééducation. Je suis aidé par un excellent préparateur physique, qui me fait vraiment suer.
Gardez-vous l’espoir de revenir avant la CAN et, pourquoi pas, la disputer ?
Mon ambition première, c’est surtout de reprendre la compétition officielle avec mon club. Après, c’est clair que je souhaiterais revenir en sélection et jouer cette CAN. J’ai déjà participé à cette compétition par le passé, et j’ai vraiment hâte de revivre cette aventure. Cela dit, tout dépendra de mon physique, serais-je au point d’ici-là ? Il y aura aussi le choix du sélectionneur national, car le dernier mot lui revient. En tout cas, moi, je ferai tout pour être prêt à cette compétition et honorer le maillot national, comme je l’ai toujours fait.
En parlant de Vahid, justement, certaines informations affirment que vous figurez sur la liste noire du sélectionneur en raison d’une altercation que vous auriez eue avec lui à l’issue de la rencontre disputée en Gambie, en février dernier. Qu’en est-il au juste ?
Vous m’aviez déjà posé la question la dernière fois et je vous ai répondu qu’il ne s’était rien passé. Je ne suis pas du tout fâché avec le sélectionneur, à qui je voue un immense respect.
Ce qui s’est passé, c’est que j’étais déçu de moi-même, je dis bien de moi-même, de n’avoir joué que 5 minutes lors de ce match. Je n’ai rien reproché au coach, pour preuve, on s’est salués en fin de match sans aucun souci. Après, j’étais content de la victoire. Alors, il ne faut pas que les gens aillent chercher des problèmes là où il n’y en a pas.
Quel commentaire faites-vous sur le groupe dont a hérité l’EN à la prochaine CAN ?
On a hérité d’un groupe très difficile, un vrai groupe de la mort, comme on dit. En Afrique, rien n’est facile et, par conséquent, il faut s’attendre à tout. On aura en face de nous trois gros adversaires certes, mais cela ne diminuera en rien du mérite de l’Algérie aussi. Nous aussi, on est une grande sélection d’Afrique, et je pense qu’avec un sélectionneur de la trempe de Vahid, on pourra prétendre aller loin.
Pensez-vous, vraiment, que l’Algérie peut aller loin dans cette compétition ?
Oui, pourquoi pas ? Cette sélection a toutes ses chances d’aller loin et faire un grand tournoi. On reste sur une excellente série de victoires et tous les voyants sont au vert. Il faut juste croire en nos qualités et n’avoir peur de personne.
Que pensez-vous de l’émergence du duo Slimani-Soudani en sélection ?
Je suis vraiment content pour eux. Ce sont de bons joueurs et sur le terrain ils se donnent toujours à fond. Ils ont su profiter du dispositif tactique mis en place par le coach. D’ailleurs, le résultat se voit sur le terrain. J’espère vraiment qu’ils continueront à marquer autant de buts.
Le système qu’adopte Halilhodzic vous aurez permis de marquer vous aussi plus de buts, non ?
C’est sûr. Avec Vahid, j’aurai eu plus de réussite et j’aurai marqué plus de buts. Le dispositif ultra-offensif qu’il met en place permet à l’attaquant de s’illustrer et d’être performant. Par le passé, on jouait trop la défensive. Ainsi, que ce soit moi, Djebbour ou Matmour, on trouvait beaucoup de difficultés devant. On jouait surtout les contres, et cela n’est pas évident pour nous. On voit que Vahid joue avec trois attaquants et là où il est fort, c’est qu’il a su tirer le meilleur de chaque attaquant. D’ailleurs, les résultats sont là, et ils lui donnent raison.
Il y a un joueur qui évolue en Serie A et que vous connaissez bien, en l’occurrence Ishak Belfodil. Qu’en pensez-vous ?
Je connais Ishak depuis qu’il était petit, lorsque je venais de temps en temps suivre les matches de mon frère Rachid à Lyon. C’est quelqu’un de stable et de très sérieux. A présent, il évolue en Serie A, et cela veut tout dire. Il a beaucoup de talent, et le fait de jouer aux côtés d’un grand attaquant comme Amauri ne pourra que lui permettre de progresser davantage. Mentalement, il est fort aussi et je lui prédis un avenir radieux.
Comprenez-vous sa réticence pour cette CAN, lui qui dit vouloir se concentrer pour le moment sur son club ?
Oui, je la comprends. Vous savez, il est encore très jeune, et sa carrière dans le haut niveau vient à peine de commencer. Ce n’est pas facile pour lui de gérer tout ça, car, tout lui vient d’un coup. Personnellement, je pense qu’il ne faudrait pas lui mettre de pression pour le forcer à venir. Le mieux serait de lui accorder du temps et de le laisser s’imposer à Parme. Il aura tout le temps devant lui pour disputer d’autres compétitions.
Vous, pourtant, vous n’avez jamais hésité à rejoindre l’EN…
Ce n’est pas pareil. Moi, quand je suis venu en sélection, j’étais titulaire à Sienne. Belfodil a encore tout à prouver. Il y a aussi la pression des clubs, qui n’est pas facile à gérer. Ça ne sert à rien s’il participe à la CAN pour ensuite se retrouver constamment sur le banc à son retour.
En plus, je pense qu’il vaut mieux sélectionner un joueur déterminé à jouer avec cœur qu’un joueur indécis.
Votre petit frère Rachid est en train de prendre tout doucement des galons à Lyon…
Oui, et on est vraiment contents pour lui. Tout doucement, il est en train d’accumuler du temps de jeu à l’OL et c’est déjà pas mal. Néanmoins, et comme je lui dis toujours, le plus dur est à venir. C’est bien d’avoir signé pro avec Lyon, mais le plus important est de s’imposer et faire ses preuves. Il doit encore travailler davantage et se concentrer sur ses matches pour progresser encore.
On ne tardera pas alors à voir un autre Ghezzal en sélection…
Ha ha…Vous savez, mon rêve, c’est de voir les deux frères Ghezzal ensemble en sélection. Ça serait un truc immense et une fierté de plus pour notre famille. Après, il faut qu’ils sachent que la sélection ça se mérite, et que ce n’est pas facile d’y être.