Ghezzal rompt le silence : «Avec l’enchaînement des matchs, bientôt vous verrez le vrai visage de Ghezzal»

Ghezzal rompt le silence :  «Avec l’enchaînement des matchs, bientôt vous verrez le vrai visage de Ghezzal»

Voilà des mois que l’international algérien de Cesena, Abdelkader Ghezzal, n’a plus accordé d’interviews à la presse algérienne (la dernière en date demeure celle qu’il nous a déjà accordée au mois de mars dernier lorsqu’il évoluait à Bari). Préférant être loin de la scène médiatique et se concentrer beaucoup plus sur son travail en club, le joueur refusait constamment de s’exprimer. Néanmoins, cette fois-ci, il a choisi Le Buteur pour parler de son retour en force avec Cesena et évoquer l’actualité de la sélection nationale. Entretien.

Vous avez été l’auteur hier (NDLR : avant-hier) d’une très grande prestation face à Palerme pour le compte de la 15e journée de Serie A. Peut-on parler d’un retour en force de votre part ?

El Hamdoulilah. Comme vous venez de le dire, j’ai fait un bon match où je me suis bien senti aussi bien techniquement que physiquement. Je me suis donné à fond comme toujours et voilà que mon équipe et moi avons été récompensés avec ce succès arraché face à une très coriace formation de Palerme. C’est ça l’essentiel.

Contrairement au dernier match face à la Juventus, où vous aviez trouvé du mal à vous s’illustrer, face à Palerme, on vous a senti libéré et bien en jambes. Est-ce que cela est dû à l’adversaire ?

C’est évident. Quand vous jouez des équipes comme la Juventus, ce n’est pas du tout facile de s’illustrer. On a eu face à nous le leader du championnat et il est normal que je trouve des difficultés, d’autant que je revenais à peine d’une blessure. Dieu merci, en enchaînant les matchs, je sens que je retrouve peu à peu mes sensations. Bientôt, vous verrez le vrai visage de Ghezzal.

Il faut dire que la presse italienne n’a pas du tout été tendre avec vous depuis l’entame de cette saison…

Effectivement. Les médias ne m’ont pas raté, si on peut dire cela comme ça. J’ai essuyé beaucoup de critiques, mais cela ne m’a pas pour autant contrarié. Vous savez, je suis un joueur professionnel et je sais faire mon autocritique. Toutefois, je reconnais que certains articles m’ont fait un peu mal, mais bon, c’est ça le football, je dois l’accepter. En tout cas, ce que je dirai, c’est que je connais mes qualités et je sais de quoi je suis capable sur un terrain.

Comment expliquez-vous vos débuts assez difficiles avec Cesena cette saison ?

Beaucoup de personnes ignorent ou oublient que je n’ai pas eu une préparation d’intersaison convenable. J’ai changé de club vers la fin du marché des transferts et cela a fait que mon intégration dans l’équipe a quelque peu tardé à se faire bien comme il le faut. Par la suite, j’ai contracté une blessure qui est venue stopper ma progression. El Hamdoulilah, maintenant, j’enchaîne les rencontres et je me sens en bonne forme. Espérons que ça continue ainsi.

Avez-vous perdu confiance en vous à un moment ?

Non, pas du tout. J’ai toujours gardé confiance en moi et en mes qualités aussi. Tout footballeur passe par des moments difficiles durant sa carrière. Il faut juste rester optimiste et ne pas lâcher prise et c’est ce que j’ai fait.

Ça fait deux matchs de suite que l’entraîneur vous aligne sur les côtés. Est-ce que cela veut dire que Ghezzal ne se sent plus à l’aise en tant qu’attaquant de pointe ?

Ce n’est pas exactement ça. Avec mon ancien coach, Giampaolo, j’évoluais beaucoup plus en tant qu’attaquant. Avec l’arrivée d’Arrigoni, en revanche, je joue plus sur les côtés. Cela ne me dérange pas du moment que je demeure utile à l’équipe. Maintenant et comme vous le savez, je suis un joueur polyvalent et c’est ce qui a poussé le coach à m’utiliser en fonction de son schéma tactique. N’oubliez pas qu’en sélection, avec Halilhodzic, j’évolue en tant qu’attaquant de pointe et cela me plaît bien aussi.

Après un début de saison complètement raté, votre équipe de Cesena semble remonter peu à peu la pente. Le maintien demeure désormais dans vos cordes, c’est bien ça ?

Malgré notre mauvais début de saison, je peux vous dire qu’on dispose d’une très grosse équipe. C’est notre mauvais départ qui nous a un petit peu cassés par la suite. On n’arrivait pas vraiment à se libérer et l’enchaînement des défaites a fait que le groupe avait perdu cette confiance. Désormais, la tendance s’est inversée et je pense qu’on est sur la bonne voie. D’ici quelques journées, on parviendra à quitter cette zone rouge.

Parlons un peu de la sélection. Malgré un début de saison compliqué avec votre club, les supporters algériens vous ont témoigné un soutien sans faille lors du match face à la République centrafricaine. Cela vous a sans doute fait plaisir…

Plus que plaisir même ! Sincèrement, je ne m’attendais pas du tout à cet accueil de leur part. C’est motivant de savoir que vos compatriotes vous soutiennent, même lorsque les choses ne vont pas bien. Croyez-moi, cela me pousse à me donner à fond et à me surpasser pour servir mon pays et être à la hauteur des attentes des fans. El Hamdoulilah, on dispose d’une bonne équipe. Il faut juste qu’on nous laisse du temps et qu’on nous fasse confiance. Ajoutez à cela l’apport d’Halilhodzic qui a été indéniable dans le renouveau qu’a connu l’équipe. C’est vraiment l’un des meilleurs entraîneurs au monde et je suis content de travailler sous ses ordres.

Justement, en parlant d’Halilhodzic, comment pouvez-vous définir votre relation avec lui ?

Sincèrement, j’apprécie beaucoup son discours et sa façon de travailler. C’est un entraîneur professionnel qui connaît bien son boulot. Ce que j’ai le plus apprécié en lui, c’est que c’est qu’il sait reconnaître le travail que je fais sur le terrain, même si je ne marque pas beaucoup. Il me donne de la force et la motivation pour toujours bien faire. Je m’entends parfaitement avec lui.

A ce propos, après le match face à la RCA, il n’a pas tari d’éloges sur vous…

Oui, j’ai lu ça le lendemain du match dans la presse. Cela m’a beaucoup fait plaisir et m’a davantage remonté le moral. Au moins, maintenant, je sais que mes sacrifices sur le terrain ne passent pas inaperçus.

Vahid a tendance à vous appeler au téléphone ou pas vraiment ?

Non, pas vraiment. Il nous laisse nous concentrer sur nos clubs. Cependant, lors du dernier stage, il nous a clairement dit : «Sachez que je vous suis quotidiennement, et ce, même si je ne vous appelle pas tous les jours. Vos performances ne passeront pas inaperçues.» Tout ça pour dire qu’on a affaire à un très grand entraîneur.

Voilà maintenant un long moment que vous n’avez plus marqué de but avec la sélection. Cela vous affecte-t-il ?

Il est clair que j’aimerais marquer le plus de buts possible. Cela dit, ce n’est aussi simple que cela. Je reste tout de même satisfait de moi et de mes performances, même si je ne marque pas. Vous savez, moi, je préfère me mettre au service du collectif et ne pas me focaliser uniquement sur ma personne. Si vous avez remarqué hier face à Palerme, j’aurais pu marquer un but, mais non, j’ai préféré servir mon partenaire qui était mieux placé que moi. Tout ça pour vous dire que le fait que l’équipe gagne, c’est le plus important à mes yeux.

Le match qualificatif pour la CAN 2013 face à la Gambie approche. Le groupe pense déjà à ce match ou pas encore ?

J’étais blessé lors du précédent stage. Sans doute, le groupe en a parlé. Maintenant, je pense qu’il est encore prématuré de penser à ce match. Le plus important pour nous en ce moment est de se focaliser sur nos clubs et être le plus compétitif possible pour arriver en sélection en excellente forme.

Lors du précédent stage et malgré que vous souffriez d’une blessure, vous avez tenu à faire le déplacement à Alger et à montrer votre blessure aux staffs technique et médical…

Oui, en effet. Comme vous le savez, Vahid tient à ce qu’on fasse le déplacement lors des stages, même si on est blessés. Je trouve ça tout à fait normal et surtout professionnel. Aussi, cela m’a permis de revoir les potes et retrouver cette ambiance de la sélection qui m’avait manqué.

Boudebouz a été le lauréat du dernier Ballon d’Or du Buteur-El Heddaf. Pensez-vous que c’est une distinction méritée ?

Oui, je pense que c’est mérité. Ryad a réalisé une grosse saison l’année dernière et il est en train de confirmer cette saison encore, notamment avec son club. Il est encore très jeune et dispose encore d’une grosse marge de progression. Je le félicite en tout cas.

Vous qui connaissez parfaitement le championnat italien, des clubs tels l’AS Rome ou bien la Fiorentina s’intéressent beaucoup à Boudebouz. Est-ce que vous lui conseillez d’opter pour la Serie A ?

Vous savez, quand des clubs comme l’AS Rome ou même la Fiorentina supervisent un joueur et s’intéressent à lui, c’est déjà flatteur. Ce sont de grands clubs et il est évident que si Ryad opte pour l’un d’eux, il progressera davantage. Je lui conseillerai bien évidemment de venir jouer en Italie. Ce n’est pas pour rien que les plus grands attaquants du monde évoluent en Serie A. En tout cas, s’il m’appelle, je lui filerai des tuyaux.

Pour conclure, on voudrait connaître les raisons qui font que vous ne vous exprimez plus dans les médias algériens depuis plusieurs mois maintenant…

Il n’y a pas une raison particulière. Je préfère me concentrer sur mon travail et ne pas trop me mettre sur le devant de la scène médiatique. Cela dit, je reconnais aussi que certains articles dans la presse algérienne m’ont fait mal et m’ont énervé. Certains journaux manquent de professionnalisme et c’est pour ça que dès fois, je préfère rester dans mon coin, si on peut dire cela comme ça.

On vous remercie en tout cas d’avoir répondu à nos questions…

Merci à vous et permettez-moi de passer un bonjour à tous les Algériens. A bientôt.

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Il surprend et s’illustre face à Palerme

Pour le compte de la 15e journée de Serie A, la formation de Cesena, où évolue l’international algérien Abdelkader Ghezzal, se déplaçait sur la pelouse de la coriace équipe de Palerme, avant-hier soir. Un match qui s’annonçait très compliqué pour Cesena, au vu de la grande force du club local. Toutefois, les coéquipiers d’Adrian Mutu ont su comment jouer les trouble-fêtes et revenir à la maison avec un succès très important 0-1. Une victoire qui permet au club de respirer un tant soit peu et de continuer sa remontée au classement. Contrairement à ce qu’ont annoncé la majorité des médias italiens avant le match, l’entraîneur de Cesena a bien titularisé Abdelkader Ghezzal lors de ce match, l’alignant sur le couloir gauche, comme ce fut le cas lors de la précédente journée face à la Juventus. Cette fois-ci, le moins que l’on puisse dire, c’est que l’ancien pensionnaire de Sienne a charmé tout le monde par son excellente prestation et sa générosité dans l’effort. Très entreprenant et surtout bien adroit dans sa manière d’évoluer, Ghezzal a surpris plus d’un et a contribué grandement à cette victoire arrachée en Sicile. Il est évident que l’arrivée du nouveau coach a complètement libéré le joueur algérien. A noter que c’est la première fois cette saison que Cesena remporte un match avec la présence de Ghezzal. Ce dernier a d’ailleurs joué l’intégralité du match et a écopé d’un carton jaune à la 45’.  Cette fois-ci, la presse italienne a fait profil bas et a donné à l’Algérien en compagnie du buteur du soir, Adrian Mutu, la meilleure note du match.

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Campedelli : «Ghezzal a fait un match énorme»

La belle prestation de l’international algérien, avant-hier face à Palerme, n’est pas passée inaperçue, puisque même le président du club, Igor Campedelli, a tenu à saluer son mérite dans cette victoire et à le remercier de ses efforts fournis tout au long des 90’. «Effectivement, le rendement de Ghezzal au cours de ce match fut exceptionnel. Il a fait un énorme match et a été constant durant l’ensemble des 90’» a-t-il déclaré. Voilà qui va faire davantage plaisir à notre compatriote.