N’ayant inscrit le moindre but en Angola, le pensionnaire de Sienne a bien voulu se confier sur nos colonnes pour évoquer la CAN, sa grande forme avec Sienne et son avenir, puisqu’il ne cache pas la possibilité de changer d’air en fin de saison.
Sur le retour de son équipier en attaque, Rafik Djebbour, Abdelkader avoue qu’il est content du come-back du sociétaire de l’AEK Athènes. Pour lui, ce dernier va beaucoup apporter à l’équipe nationale. S’agissant de la venue de Lacen, il affirme que tout le monde doit faire en sorte que ce dernier puisse exprimer son talent dès ses débuts avec les Verts. Entretien.
Comment s’est effectué votre retour à Sienne après la CAN.
Vos équipiers et vos responsables vous ont-ils parlé de l’aventure des Verts en Angola ?
Mon retour à Sienne s’est très bien passé. Ils étaient tous contents, que ce soit les joueurs ou mon coach, tous étaient contents et satisfaits du parcours qu’on a réalisé en Angola. Ils m’ont fait savoir qu’après la lourde défaite concédée face au Malawi lors de la première rencontre de la CAN, ils ne s’attendaient pas à ce qu’on atteigne les ½ finales. Mon entraîneur était content pour moi, d’autant plus que j’ai rejoint mon équipe en super forme.
Que vous a dit votre entraîneur ?
Il était déjà content de mon retour vu que ça commençait à devenir long. Il m’a félicité aussi pour les résultats obtenus par notre équipe nationale en Angola.
Vos équipiers vous ont certainement beaucoup parlé de la rencontre des ¼ de finale face à la Côte d’Ivoire…
Absolument, ils n’ont pas cessé de me parler de la confrontation face à la Côte d’Ivoire. C’était non seulement le match référence de l’Algérie en Angola, mais c’était aussi celui de toute la CAN. On a été très bons face à la Côte d’Ivoire sur tous les plans. Toute l’équipe était meilleure et a sorti le grand jeu devant la sélection ivoirienne.
Y a-t-il plus d’Algériens qui viennent vous voir maintenant à Sienne ?
Oui, par exemple, lors du dernier match face à Chievo Verone, il y avait environ une quinzaine d’Algériens qui sont venus me voir à l’hôtel, ensuite au stade. Cela m’a fait énormément plaisir.
Y a-t-il des Algériens vivant à Sienne qui suivent vos performances de près ?
Bien sûr qu’il y en a. Ils viennent souvent pour nous complimenter (moi et toute l’équipe bien sûr) et ils nous demandent de continuer sur cette voie.
Votre équipe s’est imposée le week-end dernier par un but à zéro devant Chievo Verone et vous jouerez cette semaine face à Naples.
Pensez-vous que le maintien est toujours possible sachant que vous êtes à 7 points du premier relégable ?
La victoire devant Chievo Verone nous a redonné l’envie qu’on avait perdue.
Elle nous a fait du bien sur le plan moral, car j’avoue que sur le plan physique, on était bien, même si les résultats ne suivaient pas. Maintenant, on est très motivés et on croit en nos chances de maintien. Un autre match difficile nous attend devant Naples et on ne doit pas le rater.
Ce ne sera pas facile même à domicile devant Naples, il faut tout faire pour confirmer votre dernier succès…
C’est vrai, ce ne sera pas une sinécure, mais on fera tout pour confirmer notre dernière victoire. Auparavant, on avait souffert que ce soit à domicile ou à l’extérieur, mais je dois dire que souvent, la chance n’a pas été de notre côté. Actuellement, on occupe la lanterne rouge, mais au vu de notre jeu, on mérite un meilleur classement.
Etes-vous frustré de ne pas avoir marqué en coupe d’Afrique, surtout que vous avez fourni beaucoup d’efforts en Angola ? En plus, vous avez déclaré avant chaque match que vous alliez marquer…
Franchement, le fait de ne pas marquer ne m’a pas déstabilisé. Evidemment, j’aurais aimé inscrire des buts, je suis un attaquant avant tout. Le métier d’un attaquant est d’inscrire des buts, et au vu de tous les efforts que j’ai fournis lors de la coupe d’Afrique, je méritais d’inscrire au moins un but. Cependant, je suis content de ce que j’ai fait en Angola et je suis loin d’être frustré que mon compteur n’ait pas démarré.
Vous devez certainement regretter cette occasion en or face à la Côte d’Ivoire…
C’est clair que j’ai raté des buts, mais je suis satisfait de ma CAN. J’ai beaucoup cravaché et cela a permis aux autres coéquipiers de marquer. Sur l’action dont vous parlez, j’étais fatigué, car j’ai fourni beaucoup d’efforts durant ce match.
Avec Sienne, vous jouez derrière l’avant-centre ou sur les couloirs, alors qu’en équipe nationale, vous jouez en pointe, cela ne vous perturbe-t-il pas ?
Franchement, non. Je suis capable d’évoluer dans plusieurs postes. Je peux jouer attaquant, seul devant ou à deux attaquants. Je peux aussi évoluer sur le côté droit ou sur le côté gauche. Je pense que c’est un plus, et pour l’équipe nationale et pour Sienne et pour moi, car ça me permet de jouer à tous les postes sans problème et ça prouve aussi que je suis polyvalent.
Lors de la Coupe d’Afrique, vous reveniez à chaque fois au milieu pour prendre des ballons, pourquoi faisiez-vous cela ?
Cela fait partie de mon jeu, je ne suis pas le style d’attaquant qui reste devant pour attendre les ballons. Ce n’est pas parce que je suis attaquant que je dois rester seulement devant. Aussi, je revenais souvent pour défendre, car je sais que c’est important pour notre milieu de terrain de l’aider sur ce plan. Pour avoir de bons résultats, il faut fournir beaucoup d’efforts et je suis très content de l’avoir fait.
Est-ce que ce n’était pas le changement du système de jeu qui a fait que vous ne fussiez pas efficace, puisque vous vous êtes retrouvé seul à la pointe de l’attaque, exception faite pour le match contre la Côte d’Ivoire ?
Peut-être que jouer tout seul devant, c’est plus difficile que de jouer à deux, mais cela ne m’a pas dérangé pour autant. Je pense que Saâdane a fait les bons choix, car cela nous a permis d’atteindre les ½ finales.
La seule fois où Matmour vous a épaulé, l’équipe s’était créé une multitude d’occasions…
C’est clair, mais peut-être que lors des autres matches, il fallait jouer avec un attaquant, c’est-à-dire avec un système beaucoup plus défensif. Je pense que le sélectionneur national, Rabah Saâdane, est très fort sur ce point, car il a su comment adapter le meilleur schéma tactique en fonction des adversaires qu’on avait en face.
L’entraîneur national a déclaré après la CAN que vous avez fourni beaucoup d’efforts, mais il a ajouté que vous devriez travailler votre efficacité devant les buts, qu’en dites-vous ?
Franchement, je trouve que le sélectionneur national a tout à fait raison, car je dois impérativement travailler mon efficacité. Je suis encore jeune et pour que je progresse, je dois atteindre un certain niveau. En fait, je dois me montrer plus efficace. C’est pour cela, d’ailleurs, que je travaille l’efficacité aux entraînements. A la fin des séances d’entraînement, je travaille pendant une demi-heure la précision et je m’exerce à des tirs de loin.
L’équipe nationale jouera le 3 mars face à la Serbie, pensez-vous que c’est une bonne répétition pour la rencontre face à la Slovénie, vu que ces deux équipes pratiquent pratiquement le même football ?
Effectivement, le match face à la Serbie va énormément nous servir pour la prochaine Coupe du monde. Le football serbe ressemble à celui de la Slovénie et une rencontre amicale face à la Serbie va beaucoup nous aider. Elle nous permettra à coup sûr de bien préparer notre premier match du Mondial.
Ce sera aussi une occasion pour retrouver le stade du 5-Juillet et les supporters…
Oui, c’est un plaisir de retrouver les supporters et le stade du 5-Juillet. C’est une bonne chose aussi de retrouver tout le groupe. On a passé près de deux mois ensemble et on a connu des victoires et des défaites.
Il y a le retour de Djebbour qui nous a confié récemment que s’il était à votre place, il n’aurait peut-être pas marqué aussi.
Ziani a, lui, précisé qu’il avait rarement vu des attaquants qui défendent comme vous l’avez fait?
Ça me fait énormément plaisir d’entendre ça. C’est là qu’on voit que les efforts que j’ai fournis, même si je n’ai pas marqué, sont réconfortants. Je pense qu’on a fait une bonne CAN, parce qu’on s’est mis tous dans la tête qu’il fallait qu’on court l’un pour l’autre.
Pour vous, c’est une grande CAN, bien qu’on ait perdu trois matches sur les 6 disputés par l’équipe…
Cela ne fait pas longtemps qu’on travaille ensemble et malgré ça, on est arrivés aux ½ finales. Je pense qu’il n’y a pas beaucoup d’équipes nationales qui peuvent réussir ce résultat en un laps de temps aussi court. Il faut reconnaître, néanmoins, que lorsqu’on se qualifie pour les ½ finales, on commence à voir grand et on vise carrément le titre.
Mansouri a déclaré à la fin de la CAN que face à l’Egypte, l’arbitre était mauvais, mais que l’équipe aussi l’a été…
Il n’a pas tort. Même moi, j’ai dit après la ½ finale perdue face à l’Egypte qu’on avait beaucoup parlé d’arbitrage, et qu’il aurait fallu peut-être gérer le match. On avait fourni beaucoup d’efforts face à la Côte d’Ivoire, en plus du voyage, et tout cela nous a fatigués. En revanche, l’équipe d’Egypte était restée sur place. Ce sont de petits détails, mais qui ont beaucoup pesé dans ce match.
Le fait de retrouver Djebbour à la pointe de l’attaque vous fera certainement du bien…
Franchement, je suis très content de son retour, car c’est quelqu’un qui va rendre beaucoup de services à l’équipe nationale, d’autant plus qu’il affiche une grande forme en ce moment. Il est clair aussi que je m’entends très bien avec lui du moment qu’on a joué plusieurs matches ensemble. Des automatismes se sont donc créés et je suis ravi qu’il soit de retour parmi nous.
En plus de Djebbour, Chadli fera son come-back en équipe nationale, connaissez-vous ce joueur ?
Je connais Chadli. C’est un mec super bien. Si Saâdane l’a convoqué, c’est qu’il peut apporter un plus à l’équipe. C’est un joueur qui venait souvent nous voir lorsque nous étions en stage en Algérie et je l’ai même rencontré une fois à Lyon, à l’occasion d’une de ses visites familiales.
Il y a aussi la venue de Lacen et Saâdane a déclaré que ce dernier réglerait pas mal de problèmes au milieu, car une grande équipe doit avoir 4 bons récupérateurs.
Qu’en pensez-vous ?
Je pense que c’est toujours une bonne chose d’avoir des joueurs de haut niveau. Durant la CAN, on avait eu quelques soucis, étant donné qu’on enchaînait les matches tous les trois jours, en plus des voyages qu’on effectuait pour jouer chaque tour. C’est la raison pour laquelle le sélectionneur national a songé à renforcer l’effectif. Tout joueur qui apportera un plus à l’équipe, c’est toujours un plus pour nous.
Il y a un an et demi, vous avez fait votre apparition chez les Verts, c’est le cas de Lacen aujourd’hui, pensez-vous qu’il y aura un problème d’adaptation le concernant ?
On va tout faire pour le mettre à l’aise. Les joueurs m’ont bien accueilli lorsque j’ai rejoint l’équipe, et c’est exactement ce qu’on a fait avec les autres nouveaux jusque-là. On accueillera bien Lacen et le problème d’adaptation ne se posera pas pour lui. Au contraire, on fera en sorte que Lacen puisse exprimer son talent dès ses débuts avec l’équipe nationale. C’est le rôle de tout le monde.
Le gardien Fawzi Chaouchi a été évincé par Saâdane pour son mauvais comportement face à l’Egypte, un commentaire?
C’est vraiment dommage car Chaouchi a montré qu’il pouvait être un élément important dans cette équipe nationale avec les grands matchs qu’il a livrés en étant même déterminant. Franchement, c’est dommage, il avait même réussi à s’imposer comme le gardien numéro un, mais il faut respecter le choix du sélectionneur national.
En plus des qualités techniques, le sélectionneur national affirme que les joueurs doivent avoir aussi des qualités morales…
C’est la règle numéro un de cette équipe. On a vu qu’en matière de comportement, la fédération, le sélectionneur national et nous-mêmes, on tient à donner la meilleure image possible afin de prouver que l’équipe nationale d’Algérie est sérieuse. C’est important.
Qu’avez-vous dit à Chaouchi lorsqu’il est parti rouspéter auprès de l’arbitre Coffi Codjia ?
Quand j’ai vu Chaouchi s’emporter, je suis allé directement vers lui pour le calmer, surtout qu’on était menés au score et qu’on avait perdu Halliche. On était tous énervés, mais on devait se retenir. Je lui ai dit de rejoindre sa cage et de rester concentré sur le match et c’est ce qu’il a fait.
On comprend par votre discours que vous espériez voir revenir Chaouchi en sélection d’ici le Mondial ?
Ah, oui bien sûr. C’est un gars avec qui je discutais quotidiennement lorsqu’on était en équipe nationale. C’est un grand gardien et il a prouvé. Il est intelligent et il ne faut pas se faire de soucis de ce côté-là.
Le fait d’avoir la meilleure note sur le site d’Europort.fr face à Chievo Verone, cela vous a sûrement fait plaisir…
Oui, ça prouve que marquer, ce n’est pas tout dans un match. L’important, c’est donc d’être bon et d’apporter un plus à l’équipe. Donc, ça m’a fait énormément plaisir d’être élu meilleur joueur face à Chievo Verone. Cela me donnera encore la force de m’entraîner plus.
L’EN affrontera l’Irlande le 29 mai à Dublin, pensez-vous qu’affronter l’Irlande chez elle est une bonne chose avant le Mondial ?
Le fait de disputer plusieurs matchs amicaux avant la Coupe du monde va beaucoup nous aider. Le match contre la Serbie va nous servir pour la rencontre face à la Slovénie et celui de l’Irlande nous permettra de préparer l’Angleterre. Je crois que c’est bien d’affronter de grosses équipes avant de se rendre en Afrique du Sud.
Il y aura un autre match le 5 juin contre une équipe de la Concacaf qui reste encore à désigner dont le style de jeu est identique à celui des USA…
C’est bien d’entendre tout ça. Jouer le maximum de matches va beaucoup nous servir. La FAF est en train de faire du bon travail en programmant autant de rencontres pour préparer le Mondial.
Avez-vous été touché par les nombreuses critiques dont vous avez fait l’objet à la suite de votre inefficacité durant la CAN ?
Oui, ça m’a un peu touché, mais j’ai fini par prendre les choses du bon côté, je me suis dit que finalement, les gens attendent beaucoup de moi et cela ne peut que m’honorer. Je sais que Saâdane et tout le groupe étaient contents de moi. Moi-même, je l’ai été, donc j’ai fini par bien réagir.
Contrairement à vos équipiers, on a constaté que durant la CAN, vous courriez beaucoup, même quand il faisait très chaud, pourquoi ?
En fait, c’est là où l’entraîneur Saâdane est très fort. Il sait très bien comment gérer le groupe. Lui, il part du principe qu’on est tous des professionnels, adultes et qu’on joue tous dans des championnats de haut niveau. Pour Saâdane, il n’a pas besoin de dire à tel joueur de faire de la musculation et à un autre de courir. Chacun est habitué à un style d’échauffement et il nous laisse tout à fait libres par rapport à cela. Donc, si moi je suis habitué à Sienne de courir beaucoup pour m’échauffer, je continue à le faire même en sélection. Pour le coach, le plus important, c’est qu’on soit dans les meilleures conditions possibles le jour de la rencontre.
Parlons un peu de votre avenir. Le nom de l’AS Rome revient avec insistance ces derniers jours, qu’en est-il au juste ?
Je ne vous cache pas que mon agent a eu une discussion et une offre de la part des dirigeants de l’AS Rome l’été dernier…
Et pourquoi avoir décliné cette offre ?
En fait, j’ai eu une discussion avec mon entraîneur à Sienne qui m’a fait savoir qu’il aimerait bien me garder. En plus et vu que j’avais une année importante avec l’équipe nationale, je me suis dit qu’il serait mieux de rester à Sienne pour me forger encore plus et m’améliorer en ayant du temps de jeu. C’est la raison pour laquelle j’ai décidé de rester…
Du nouveau avec l’AS Rome depuis ?
En fait, c’est mon agent qui s’occupe de tout ça. Tout ce qu’il m’a dit, c’est qu’il n’y a pas que l’AS Rome qui affiche un intérêt me concernant. D’autres clubs aussi se sont manifestés, mais il préfère ne rien me dire, car il ne veut pas que je perde la tête, et que je reste concentré sur mes matchs. Mais bon, je sais que les dirigeants romains me suivent de très près cette saison. Il est clair qu’après la CAN et après le Mondial, les choses risquent de bouger et il est très possible que je quitte Sienne en fin de saison.
Asma H. A.
