Ghezzal brise le silence «Saâdane a laissé une équipe, Benchikha l’a chamboulée»

Ghezzal brise le silence «Saâdane a laissé une équipe, Benchikha l’a chamboulée»

L’attaquant des Verts, Abdelkader Ghezzal, a gardé le silence après sa non-convocation pour le match retour face au Maroc. Il ne voulait pas déstabiliser ses coéquipiers, mais il a tout dit une fois le match terminé. Il s’est confié à notre confrère d’El-Khabar Erriadi.

– Vous ne vous êtes pas exprimé depuis un bon moment…

– Je suis désolé, je ne voulais pas m’exprimer à la presse pour des raisons que vous connaissez bien…

– Est-ce qu’il y a du nouveau par rapport à votre avenir avec Bari ?

– Il n’y a rien jusqu’à présent, je suis à Lyon, en vacances, auprès de ma famille. J’attends ce que dévoilera la réunion que tiendront les responsables de Bari et Sienne avec mon agent pour être fixé sur ma destination, car comme vous le savez bien, j’appartiens actuellement à deux équipes à la fois.

Vous allez rester à Bari ou vous revenez à Sienne ?

– Sincèrement, je ne sais pas encore où je vais jouer la saison prochaine. Après la réunion du 15 juin entre les dirigeants, on commencera à parler de mon avenir.

– Certains sites Internet évoquent votre retour en France ?

– En toute sincérité, je n’ai reçu aucune offre de France. Si je reçois quoi que ce soit, je suis prêt à négocier, mais jusqu’à présent, ça reste des rumeurs de sites sans plus.

– On sent que vous souhaiteriez rester en Italie ?

– Pourquoi pas, la priorité serait pour un club de première division, car je souhaite jouer dans le haut niveau en Italie. Mais je préfère parler de mon avenir après la mi-juin.

– Vous avez sans doute suivi le match de l’EN face au Maroc…

– Oh que oui ! J’étais sur les nerfs tout au long de la partie, vous ne pouvez pas imaginer ma tristesse. J’étais en compagnie de ma famille en France et j’ai passé une nuit cauchemardesque.

– Même si vous n’étiez pas convoqué pour cette rencontre ?

– Je ne suis pas déçu par rapport à ma non-convocation, mais plus pour notre élimination de la CAN, et ce qu’on a vu contre le Maroc reflète parfaitement la destruction de toute une sélection et tout ce qui a été construit avec Saâdane pendant 2 ans et demi.

– Votre non-convocation pour ce match a laissé croire qu’il y a un problème entre vous et Benchikha, est-ce vrai ?

– Non, ce n’est pas vrai, il n’y a rien de cela, je n’ai aucun problème avec Benchikha. J’ai joué tout le match à Annaba, on a gagné, j’ai appliqué à la lettre ses consignes. Je ne sais pas alors si c’est lui qui avait un problème avec moi, car en toute sincérité, je n’ai perçu en aucun moment un problème entre nous. Je respecte vraiment ses choix.

– Respecter les choix du sélectionneur reste obligatoire, mais vous n’étiez ni blessé ni vous souffriez de manque de compétition pour être écarté de la sélection…

– C’est ce que je n’ai pas compris moi aussi. Je suis avec la sélection depuis 2009 et je n’ai jamais manqué une seule convocation. C’était toujours une fierté pour moi et une obligation. Mais depuis l’arrivée de Benchikha, les choses ont changé. On est devenus, nous les joueurs titulaires, des remplaçants et des fois non concernés par les stages de préparation sans raison aucune. Les résultats ont régressé d’une manière inquiétante.

– Benchikha voulait imposer sa manière de travail au sein de la sélection…

– Mais la victime, c’est bien l’équipe nationale et non pas Benchikha. Nous les joueurs, on a toujours respecté ses choix, mais la situation est devenue inquiétante aujourd’hui. L’équipe, qui s’est qualifiée au Mondial, est incapable de passer pour la coupe d’Afrique.

– Mais sous l’ère de Saâdane aussi, il y avait des lacunes et la sélection souffrait de plusieurs manques ?

– C’est vrai, mais Saâdane savait comment gérer l’équipe. Lorsqu’il a mis en place le schéma 3-5-2, il savait très bien les points forts et les points faibles de tout un chacun de nous. On a tout de même réalisé de bons résultats avec Saâdane. Et même si on ne marquait pas trop de buts, on n’encaissait pas autant.

– Cela veut dire que vous critiquez la méthode Benchikha ?

– Ce n’est pas à moi de critiquer ou de soutenir. Benchikha est responsable, et nous, on n’est que des joueurs, on respecte ses choix. Mais la vérité est là, l’entraîneur qui a succédé à Saâdane n’a pas su gérer l’équipe sur plusieurs plans.

– Vous voulez dire gérer le groupe ou les stages de préparation ?

– Le tout. A chaque stage, on enregistre un changement de plusieurs joueurs. A chaque match aussi, il y a 3 à 4 nouveaux joueurs, ce n’est pas logique. A Annaba, une équipe a joué et a gagné, mais on a changé presque la moitié de l’équipe à Marrakech et on a perdu. Cela ne peut être expliqué que par les mauvais choix.

– La sélection nationale est devenue une équipe sans âme…

– Ceci est le résultat de la mauvaise gestion des stages. Du temps de Saâdane, l’ambiance était excellente et fraternelle. Interrogez Zaoui et Raho s’il y avait des problèmes à l’intérieur du groupe. Maintenant, voyez comment un joueur comme Belhadj se trouve marginalisé. La réponse est claire.

– Belhadj ne veut pas rester en EN…

– Je comprends parfaitement sa réaction. Un joueur qui est présent en EN depuis 7 ans et qui a beaucoup donné à la sélection nationale. Ce n’est pas normal qu’on le marginalise de la sorte. Ce genre de comportement influe directement sur le groupe.

– Mais Benchikha préféré changer de dispositif tactique en passant du 3-5-2 au 4-4-2…

– Le problème n’est pas dans la tactique mais dans l’aptitude des joueurs à s’adapter à cette tactique. Benchikha a préféré changer de dispositif sans pour autant arriver à apporter un plus à l’attaque. Pis encore, notre défense est devenue perméable.

– Benchikha a opté également pour un seul attaquant…

– Au temps de Saâdane, on évoluait avec deux attaquants sans pour autant qu’on arrive à résoudre le problème de l’inefficacité et maintenant avec Benchikha rien ne marche ni en défense ni en attaque. Ce que vous devez comprendre c’est que le problème de l’attaque n’incombe pas aux attaquants car pour marquer il faut créer des occasions et c’est le rôle des joueurs du milieu de terrain.

– Benchikha est parti et encore une fois, les Verts se retrouvent sans entraîneur, est-ce qu’il faut déjà regretter Saâdane ?

– Franchement personne ne peut nier le grand travail accompli par Saâdane durant les deux années 2009 et 2010. Ce qu’on a vécu durant la CAN en Angola et la CM en Afrique du Sud était absolument fabuleux et restera gravé dans nos mémoires. Je pense que le choix du successeur de Saâdane n’était pas judicieux.

– Vous voulez dire que Benchikha était incapable de diriger les Verts ?

– Les résultats sont là pour évaluer le parcours de Benchikha. Saâdane lui a laissé une équipe très performante.

– Vous voulez dire une équipe riche ?

– Effectivement, quand Saâdane est parti, il a laissé une équipe mondialiste renforcée par des éléments de valeur comme Guedioura, Boudebouz, Kadir, Mbolhi et Medjani ce qui veut dire que le Cheikh a laissé une équipe solide pour rester encore compétitive pour les années à venir. Malheureusement, l’équipe est cassée et il faudrait recommencer à zéro pour rebâtir une nouvelle équipe.

– Avez-vous pris des nouvelles de vos coéquipiers lors du stage effectué en Espagne ?

– Franchement, je n’ai pas voulu les perturber car ils étaient en plein stage. A cette occasion je les remercie beaucoup pour avoir été solidaires avec moi lorsqu’ils ont appris que je n’ai pas été retenu pour le match retour face au Maroc.

– Le président de la FAF pourrait avoir recours à un entraîneur étranger. Soutenez-vous cette démarche ?

– Je voudrais préciser que Raouraoua a mis de gros moyens au service de l’EN. Il nous a mis dans d’excellentes conditions .tout le monde reconnaît cette vérité. Le prochain sélectionneur doit redonner confiance à l’équipe car les échéances de 2013 et 2014 ne sont pas très loin et par conséquent il faut se remettre au travail pour rebondir de nouveau. Nous avons de bons joueurs qui peuvent relever le défi.

– Mais la polémique est toujours présente entre le sélectionneur local et le sélectionneur étranger comme ce fut le cas entre le joueur local et le joueur étranger ?

– Nous sommes tous des Algériens, il n’y a pas l’ombre d’un doute.

– Qui voyez-vous succéder Benchikha ?

– Ceci n’est pas de notre ressort en tant que joueurs mais j’espère qu’il y ait un entraîneur qui sera à la hauteur de la sélection nationale. A. H.