La démarche du président d’Adala n’a d’intérêt pour le général à la retraite que si elle profite à son ambition d’accéder à la magistrature suprême.
Le candidat à la candidature à l’élection présidentielle, Ali Ghediri, a rencontré, à la fin de la semaine, le président du parti Adala, Abdallah Djaballah. Ce dernier lui a exposé son projet de présenter, au scrutin du 18 avril prochain, un candidat unique consensuel de l’opposition. “Il (Ali Ghediri, ndlr) s’est montré ouvert à l’idée (…), mais d’autres rencontres sont nécessaires pour débattre du sujet”, a-t-il déclaré à la presse à l’issue du tête-à-tête. Ni le staff de campagne du général à la retraite ni lui-même n’ont tenu à expliquer davantage leur conception de cette option, préférant entretenir plutôt la confusion. Ils ont été pourtant sollicités par des journalistes, dont ceux de Liberté.
L’on pourrait déduire, a priori, que l’ancien DRH du ministère de la Défense nationale est disposé à renoncer à sa prétention à la magistrature suprême pour soutenir celle d’une autre personnalité qui aurait fédéré les voix de l’opposition. La thèse semble pourtant faible eu égard aux moyens logistiques et humains investis par l’homme dans la première étape de sa candidature potentielle à la présidentielle, soit la collecte d’un minimum de 60 000 parrainages d’électeurs dans 20 wilayas au moins, à raison de 1 500 signatures par circonscription électorale. Il convient de comprendre alors que M. Ghediri laisse les portes grandes ouvertes à l’offre d’Abdallah Djaballah, en escomptant y engranger tous les dividendes à son profit. Gagner ce pari est aussi laborieux, considérant que l’opposition ne s’est jamais entendue sur le leadership. L’entreprise du chef du parti islamiste est probablement déjà compromise, même si elle n’est pas d’emblée rejetée par les personnalités consultées, dont Ali Ghediri, sorti, en quelques semaines, de l’ombre à la lumière, à telle enseigne qu’il paraît être un rival solide au cinquième mandat. S’il parvient, évidemment, à composter son ticket au Conseil constitutionnel pour pouvoir s’engager officiellement dans la course électorale. Moins d’une semaine après avoir dénoncé, par voie de presse, les obstacles posés par les agents de l’administration locale pour entraver l’opération de collecte des parrainages au profit de sa candidature à la candidature à l’élection présidentielle, le staff de campagne est revenu à la charge, jeudi, pour communiquer sur des cas de dépassement précis. Le directeur de communication du général à la retraite a indiqué, dans un post sur la page Facebook officiel du candidat, que le premier vice-président de l’APC de Béni Ouartilane, dans la wilaya de Sétif, a déchiré 25 formulaires, remplis et signés par des citoyens. “Devant les protestations de notre délégué, il (l’élu à l’Assemblée communale, ndlr) a appelé la gendarmerie qui a interpellé ce dernier.” Il a cité aussi le maire de l’APC de Guelma, qui “a séquestré 900 formulaires remplis et signés par des citoyens ; il refuse de les légaliser ou de les restituer”. Regrettant des actes, spontanés ou instigués, prenant, néanmoins, “en otage les institutions de l’État au profit d’intérêts claniques clientélistes”, le staff de campagne interpelle le président de la Haute instance indépendante de surveillance des élections (Hiise) “pour rappeler aux agents de l’administration comme aux élus chargés de la législation des signatures leur devoir de neutralité”. La démarche mettra-t-elle fin au parti pris des collectivités locales ? Difficile à dire si l’on se réfère aux déclarations, d’il y a à peine trois jours, d’Abdelwahab Derbal. Après avoir souligné que l’instance qu’il préside n’avait reçu aucune plainte sur des cas de dépassements, il a assuré : “Au contraire, actuellement, tout est fait pour faciliter le travail aux candidats à la candidature. Comme tout le monde a pu le voir, les candidatures sont ouvertes et personne n’a été empêché de retirer les formulaires de candidature.” Il a précisé que “le ministère de l’Intérieur, de l’Aménagement du territoire et des Collectivités locales avait saisi les municipalités, notaires ou tout autre intervenant dans l’opération électorale pour s’acquitter de leur tâche dans le strict respect de la loi”.
Souhila Hammadi
