Il aurait fallu attendre dix-neuf jours de bombardements génocidaires contre la population civile de Ghaza (plus de 985 morts et 6000 blessés selon le dernier bilan) et d’intenses pressions internationales pour qu’un semblant de cessez-le-feu « humanitaire » de 12 heures ait pu entrer en vigueur, hier, après l’accord du Hamas et du gouvernement israélien.
Loin d’être un signe d’apaisement, cette courte trêve arrachée par le secrétaire d’Etat américain, John Kerry, exclut toutefois l’offensive terrestre de l’armée israélienne, le gouvernement de Benyamin Netanyahu ayant rejeté la trêve de sept jours proposée, jeudi, dans l’espoir d’aboutir à des négociations indirectes entre les belligérants. Une démarche « trop favorable au Hamas » selon de hauts responsables israéliens. Fortement critiqué devant la résistance héroïque des combattants de Hamas et du Jihad Islamique (qui ont tué 80 soldats israéliens selon Hamas et 39 d’après Tel-Aviv) infligeant à son armée une défaite à la fois stratégique et symbolique (et qui ne sera pas sans conséquences dans les années à venir), le gouvernement israélien n’entend pas faire machine arrière.
Son ministre de la Défense, Moshe Yaalon, a appelé, vendredi, ses soldats à se tenir prêts à « un élargissement significatif des opérations terrestres ». Israël a fixé pour mission à son armée de détruire l’arsenal de la résistance palestinienne et les tunnels souterrains construits et utilisés pour mener des attaques en Israël. Du côté palestinien, la prudence est de rigueur. Au terme d’une réunion extraordinaire tenue hier à l’aube, à Ramallah, sous l’égide de Mahmoud Abbas, les autorités ont fait part de leur souhait que cette trêve humanitaire puisse prendre en considération les revendications nationales, la levée du blocus qui étouffe la population ghazaouie depuis 2006, en tête. Autre priorité de l’heure : le maintien du resserrement et de l’unité du rang palestinien pour affronter l’ennemi sioniste. Sur ce point, le gouvernement d’entente nationale multiplie les concertations avec l’ensemble des forces politiques du pays, ainsi qu’avec plusieurs pays de la région, dont l’Egypte.
En parallèle à ces efforts internes, les responsables palestiniens ont promis de mener, durant les prochains jours, de nombreuses démarches « stratégiques » visant à mettre la question de la décolonisation sur le devant de la scène et arabe et internationale, sans donner plus de détails. Sur le plan diplomatique, l’« échec » de la feuille de route égyptienne a poussé les pays impliqués dans ce conflit à se réunir à nouveau, dans la capitale française, Paris, dans l’espoir d’avaliser le plan de paix porté par le secrétaire d’Etat US et « tenter de construire une trêve durable à Ghaza » d’après le communiqué du Quai d’Orsay. Etaient présents à cette rencontre intitulée « réunion internationale en soutien au cessez-le-feu humanitaire à Ghaza », et chapeautée par le ministre français des Affaires étrangères, Laurent Fabius, les chefs des diplomaties turque, qatarie, britannique, allemande, italienne ainsi qu’un haut fonctionnaire de l’Union européenne. Leurs homologues palestinien, israélien et égyptien n’y ont pas participé. « Si Israël avait accepté la proposition de cessez-le-feu que nous avions mise au point au Qatar, nous serions en train de négocier un cessez-le-feu beaucoup plus durable. Mais l’attitude d’Israël démontre qu’il n’est pas sincère dans ses efforts de paix », a regretté a déclaré, sur son compte Twitter, le ministre turc des Affaires étrangères, Ahmet Davutoglu. Sur le terrain, la Cisjordanie s’embrase de nouveau. Au terme d’un « jour de colère », les affrontements se sont poursuivis dans la nuit de vendredi à samedi, avec la mort de deux jeunes Palestiniens tués par l’armée israélienne. En 24 heures, une dizaine de Palestiniens ont péri.
Amine Goutali