GhardaÏa s’embrase au lendemain de la visite du ministre de l’Intérieur, Quatre morts et des dizaines de blessés

GhardaÏa s’embrase au lendemain de la visite du ministre de l’Intérieur, Quatre morts et des dizaines de blessés
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La région de Ghardaïa a vécu 48 heures d’enfer depuis la soirée d’avant-hier lundi, où les affrontements ont redoublé de violence, faisant quatre morts et des dizaines de blessés.

La vallée du M’zab s’embrase au lendemain de la visite du ministre de l’Intérieur, Mohamed Bedoui, à Ghardaïa. Les affrontements, qui ont éclaté samedi, ont pris une escalade dangereuse dans la nuit de lundi à mardi, où deux personnes ont perdu la vie dans la localité de Guerrara, à 120 km au nord-est de Ghardaïa. Il s’agit d’un jeune Chaâmbi, âgé de 22 ans, qui n’a pas survécu à ses blessures ainsi que d’une personne âgée, asphyxiée par le gaz lacrymogène. Selon des sources locales, des altercations ont commencé vers 22h30, après la prière de taraouih, avant que la situation ne dégénère et que les deux communautés mozabite et chaâmbie ne s’engagent dans des affrontements d’une rare violence. “Les éléments de la police antiémeute ont eu du mal à séparer les antagonistes. Beaucoup de policiers ont été blessés. Les violences ont duré jusqu’à une heure tardive de la nuit”, affirment nos sources. Hier mardi, les violences se sont propagées dans la localité de Berriane, à environ 40 km au nord du chef-lieu de wilaya.



Deux personnes, âgées, respectivement, de 30 et 40 ans, ont également succombé à leurs blessures qui seraient causées par des projectiles, selon les mêmes sources. Une autre personne serait dans le coma après avoir été grièvement atteinte au moyen d’un fusil de chasse. Il s’agit, selon nos sources, d’un jeune Chaâmbi.

Une atmosphère de guerre civile régnait sur la ville. Une pluie de projectiles tombait du ciel. Aucun des deux camps, chaâmbi et mozabite, n’a voulu céder. Là encore, la police a eu beaucoup de difficultés à repousser les émeutiers. Plusieurs agents de rétablissement de l’ordre public (ex-CRS), ont été blessés. Deux d’entre eux sont dans un état grave. Des rumeurs les donnent pour mort. “Leurs collègues sont démoralisés”, témoignent les mêmes sources. Devant cette situation, les forces antiémeutes de la police se sont retirées en guise de protestation contre des violences qui reviennent d’une manière cyclique depuis novembre 2013. Pour parer à cette situation, il a été fait appel à des convois supplémentaires de la Gendarmerie nationale, selon nos sources. Pour rappel, le ministre de l’Intérieur, Mohamed Bedoui, s’est rendu jeudi à Ghardaïa à la tête d’une importante délégation composée du DG de la Sûreté nationale, Abdelghani Hamel, un représentant du commandement de la Gendarmerie nationale et des secrétaires généraux de plusieurs départements ministériels.

Mohamed Bedoui, qui a installé une commission interministérielle chargée d’“examiner les voies et moyens à même de maîtriser la situation dans cette wilaya”, s’était montré particulièrement ferme et menaçant s’agissant des personnes qui “s’avisent de porter atteinte à l’ordre public”. Il a souligné, à ce propos, lors de sa rencontre avec des représentants de la société civile que “nous agirons avec rigueur, dans le cadre des lois de la République, avec ceux qui attisent la fitna et la discorde… et qu’aucune complaisance n’est tolérée avec quiconque s’avise d’attenter à la sécurité de nos enfants et nos frères à Ghardaïa ou de compromettre l’avenir de la région”. Au lendemain de ces déclarations, un véritable affront a été fait au ministre, et c’est la République avec toutes ses institutions qui est défiée à Ghardaïa. Les habitants de la région ne cessent de dénoncer une tierce partie qui attise la flamme de la haine, et, en attendant, des citoyens algériens meurent dans la vallée du M’zab, en l’absence d’une solution à un problème qui a trop duré.

M.M