Ghardaïa renoue avec le calme précaire, après les affrontements enregistrés samedi dernier entre les habitants des quartiers de Melika et de Theiniet.
Les versions sur les facteurs à l’origine de ces incidents ayant fait plusieurs blessés sont multiples. Les plus plausibles parlent de « provocations » destinées à attiser le feu entre deux quartiers où l’animosité est monnaie courante, depuis de longues années. Les habitants de la vallée du M’zab sont épuisés de leur quotidien devenu « infernal ». Le sentiment de « laisser-aller » et de « marginalisation » est généralisé.
« Nous n’avons pas avancé dans le règlement de la crise de Ghardaïa. Rien n’est pris en charge sérieusement. Il y a des solutions superficielles aux problèmes posés et beaucoup de manipulation pour maintenir la tension dans la région », a affirmé M. Doudou, notable de la communauté mozabite. Il a indiqué que les affrontements de samedi dernier ont eu des répercussions négatives sur les habitants des quartiers concernés. L’interdiction d’accès aux maisons, aux fermes, aux hôpitaux et autres structures de service public aggrave encore plus la situation. L’absence de visibilité pour l’avenir des habitants et de la région n’est pas fait pour tranquilliser.
« Les autorités doivent intervenir pour mettre fin à cette situation », tranche Omar Bakir Kara, président du Conseil des notables. « La justice doit être saisie. Elle doit réagir. Tout individu qui a commis un acte de saccage de biens, de crime ou autre doit répondre de ses actes devant la justice », ajoute-t-il. Selon lui, l’autorité militaire, qui veille à assurer la sécurité dans la région, « a fait une bonne appréciation de la situation » dans la région. Il est confiant quant à la prise de « mesures nécessaires » et « au moment opportun » pour rétablir la paix dans la région.

Examens de fin d’année : un souci supplémentaire
Le problème des examens de fin d’année (baccalauréat et BEM) est, en outre, plus que jamais d’actualité dans cette ville. La décision de fixer le seuil des cours à réviser pour les candidats n’a pas pris en compte la situation des élèves de Ghardaïa qui ont subi un grand retard en raison des affrontements dans la région pendant plus de six mois. Les élèves ont contesté cette décision et exigent une solution.
« Les responsables locaux ont promis de rattraper les cours perdus », a expliqué le député de la région, Ahmed Boukhari. Les candidats au bac estiment que « même si des cours de rattrapage sont organisés quotidiennement, en plus des jeudis et vendredis, ils ne pourront jamais rattraper les cours perdus », d’où leur colère et leur manifestation dans la rue. Par ailleurs, des parlementaires élaborent actuellement une plateforme de propositions qu’ils comptent soumettre au gouvernement en vue de trouver des solutions radicales à cette crise qui a ravagé la région.
« Nous sommes en train de travailler sur des propositions. Pour donner plus de consistance et assurer leur réussite, nous allons associer les parlementaires mozabites à cette initiative », a-t-il précisé.
Nouria Bourihane