La ville de Ghardaïa a accueilli, hier, une rencontre de concertation sur le développement de la région du sudest. Les ministres de l’Agriculture et des Ressources en eau ainsi que le secrétaire général du ministère de l’Intérieur ont été confrontés aux doléances des représentants des wilayas de Ghardaïa, Ouargla, Biskra, Laghouat et Oued-Souf.
Scène surprenante, hier, à Ghardaïa. Deux ministres et un secrétaire général de ministère ont passé l’essentiel de leur journée à écouter attentivement les représentants des wilayas du Sud-est algérien.
Rachid Benaïssa, Hocine Necib et Abdelkader Ouali ont noté scrupuleusement les doléances des intervenants : agriculteurs, éleveurs, professeurs à la retraite, membres de confréries religieuses et d’associations locales… Le «petit peuple» de Ouargla, Biskra, Oued-Souf, Laghouat et Ghardaïa a profité de la présence des représentants du gouvernement pour afficher ses revendications. «Sayed el wazir el filaha, s’écrie un vieil exploitant agricole de la plaine du Mzab, tu avais dit que tu nous accompagnerais dans nos projets dès que je commencerais à cultiver la terre. Alors sache que j’ai travaillé dur pour produire des légumes, des fruits, des céréales et du lait. Ma terre donne aujourd’hui un raisin d’une grande qualité. Alors maintenant j’attends ton aide.» La remarque provoque rires et applaudissements dans la salle de conférences du siège de la Wilaya de Ghardaïa. Crédit, semences, engrais, silos de stockage… les exigences du fellah ont pour seul objectif le développement de sa ferme. La rencontre d’hier ayant été initiée par le département de Rachid Benaïssa, le fil conducteur était donc le développement de l’agriculture. Chaque intervenant apportera son lot de plaintes, de doléances et de propositions. Un notable de la wilaya de Ouargla lira durant près de 45 minutes ce qui peut s’apparenter à un véritable programme de gouvernement.
Il abordera, pêle-mêle, les questions liées au développement du stockage dans les chambres froides, du foncier agricole, de l’ouverture des pistes de l’électrification, du soutien aux zaouïas, à la protection des camélidés et même à la nécessité d’obliger les compagnies pétrolières à participer au développement local. Au terme de la première séance plénière, les représentants de l’Exécutif et de l’administration ont apporté quelques réponses à l’assistance.

Une première mesure sera prise dans l’immédiat et consistera à convier les mêmes participants à réitérer leurs doléances lors de rencontres qui se tiendront prochainement dans leurs wilayas d’origine. «L’objectif étant d’enregistrer avec précision l’ensemble des besoins afin d’y apporter des mesures concrètes.» Dans le registre du foncier agricole, le secrétaire général du ministère de l’Intérieur et des Collectivités locales a annoncé l’entrée en application d’une quinzaine de textes réglementaires visant à «régler définitivement» cette problématique. «Ces textes ont été élaborés en collaboration avec les services du ministère de l’Agriculture. Ils visent à répondre à toutes les situations. Nous espérons que 2013 sera l’année du règlement définitif des dossiers en instance.»
Pour sa part, le ministre de l’Agriculture a mis en avant le fort potentiel agricole de la région. «Avec un total de 138 milliards de dinars, Oued-Souf a été classée première wilaya en terme de production agricole. La wilaya de Biskra arrive en seconde position avec 124 milliards de dinars. Mais nous pouvons faire mieux encore car les potentialités des wilayas de la région sont réelles. La population activant dans le secteur de l’agriculture est estimée à 350 000 personnes pour une surface agricole de 400 000.
Il est possible d’étendre cette superficie à 1 million d’hectares et de doubler la production agricole », a insisté Rachid Benaïssa. Pour atteindre ce but, le ministre a annoncé la mise à disposition d’une enveloppe de 50 milliards de dinars au profit des investisseurs de la région. Audelà des aspects purement financiers, cette initiative revêt un caractère stratégique qui, même si elle n’a pas été abordée de front par les initiateurs de cette rencontre, est liée nécessairement à la situation politique et sécuritaire qui prévaut aux frontières sud de l’Algérie. Prochainement, les trois représentants du gouvernement se rendront à Adrar et Illizi pour rencontrer les opérateurs et les membres de la société civile des autres régions du Sud algérien.
T. H.
De notre envoyé spécial à Ghardaïa, Tarek Hafid