Après la panique qui s’était emparée en novembre de l’année passée de la population de Ghardaïa en général et celle d’El Atteuf en particulier, pour avoir été le réservoir viral ayant même causé la mort d’un citoyen de 60 ans, c’est au tour de la daïra d’El Ménéa, à 270 km au sud-ouest du chef-lieu de wilaya, de se retrouver face à trois cas de paludisme importé par des Subsahariens.
Toutefois, il y a lieu de relativiser cette découverte, tant la maladie est bénigne, selon les médecins, qui affirment que les trois patients restent sous surveillance médicale et sont sous traitement.
« Leur cas ne suscite aucune inquiétude et ne comporte aucun danger pour la population », selon un médecin de l’hôpital Colonel-Chaâbani joint par téléphone. Joint aussi hier par téléphone alors qu’il était en visite de travail et d’inspection dans la commune de Zelfana en compagnie d’Abdelhakim Chater, wali de Ghardaïa, le directeur de la santé et de la population de la wilaya de Ghardaïa, le docteur Djamel Beladjine, a confirmé ces trois cas, tout en affirmant que « d’abord, ce ne sont pas des cas de paludisme autochtone, mais importé, et qu’ils sont sous contrôle et traités médicalement. Ils sont en phase de guérison, après traitement approprié à la quinine ». Il y a lieu de rappeler que le paludisme, également appelé malaria, est l’une des plus fréquentes et dangereuses maladies parasitaires tropicales.
A titre de rappel, l’année passée, dans les quartiers Zerzatou et Chahid Rezzag, dans la commune d’El Atteuf, distante de 10 km du chef-lieu de wilaya, Ghardaïa, les premiers cas ont été décelés, après le décès mystérieux d’une personne de 60 ans et de l’hospitalisation en cascade d’une vingtaine d’autres, toutes habitant El Atteuf. Ces hospitalisations en cascade, dont huit prises en charge médicalement au niveau de l’hôpital de Sidi Abbaz et dont les premières analyses effectuées localement ont confirmé que les patients développaient tous les symptômes du paludisme à plasmodium falciporum, sont en fait beaucoup plus dues à une panique qu’à un réel contact avec le vecteur de la maladie du paludisme ou de toute infection pathologique.
Ce qui a laissé libre cours à toutes sortes de rumeurs, toutes aussi farfelues les unes que les autres. Cette situation anormale qui s’est déclarée dans une seule partie de cette commune excentrée de la vallée du Mzab a bien sûr fait réagir les autorités médicales nationales, qui ont vite fait d’envoyer une équipe conjointe composée de spécialistes en maladies parasitaires et en médecine tropicale de l’Institut Pasteur d’Algérie (IPA) et de spécialistes en entomologie de l’Institut national de santé publique, qui se sont mis tout de suite au travail pour une prospection entomologique consistant en une recherche de larves de l’anophèle femelle, moustique vecteur de la maladie. Des opérations de prélèvement sur plus de 1 600 autochtones et 350 Subsahariens résidant à proximité n’ont rien révélé de suspect. Le travail effectué sur le terrain consistait en la constitution d’une base de données, après la constatation de l’apparition de ces cas.
« Ces cas ne sont que des résidus de cette maladie (le paludisme), qui ne subsiste que dans quelques poches au Sahara, révélant que celle-ci est en phase de pré-élimination de notre pays », nous avait alors déclaré l’un de ces spécialistes. « On attendait Ebola, nous voilà avec la malaria sur les bras. Même si, pour l’instant, il n’y a rien de grave à signaler et que tout est sous contrôle, on se doit d’être prêt à faire face à toutes les épidémies, et notamment celles dites tropicales, comme le paludisme », affirme un médecin bien connu à l’hôpital Docteur-Brahim-Tirichine, à Sidi Abbaz (Bounoura), l’une des communes de la vallée du Mzab.