En matière de gestion efficace des ordures, l’Algérie est à la traîne. Les 11 millions de tonnes de déchets, tous types confondus, se retrouvent souvent dans la nature. Le déversement dans les décharges reste le système le plus répandu alors que l’enfouissement ne représente que 5%. Pour améliorer cette gestion, des experts recommandent une révision de l’arsenal juridique et la mise en place d’une approche économique mais également à travers la réactivation de la taxe d’enlèvement des ordures ménagères.
Nawal Imès- Alger (Le Soir) – Ce que le commun des citoyens savait déjà a été confirmé par une étude : la gestion des ordures est loin de répondre aux normes. Les experts qui l’ont élaborée dressent un tableau qui fait état de l’existence de beaucoup de dysfonctionnements. Chaque année, pas moins de 11 millions de tonnes de déchets de tous types sont produits dont pas moins de 279 000 tonnes de déchets spéciaux. La moitié de cette quantité se retrouve dans des décharges alors que l’enfouissement ne concerne que 5% du volume global des déchets. Comment en est-on arrivé à cette situation ? Les experts ayant travaillé sous la direction de GIZ et de Ernest Young pointent du doigt l’absence de hiérarchie des différents modes de traitement des déchets, l’inexistence de réglementation pour un certain nombre de déchets et la non-valorisation de la filière. Il n’existe aucune approche économique sans compter une organisation institutionnelle pas toujours claire. Si le ministère de l’Environnement a pris en charge la problématique de la gestion des déchets, la responsabilité de l’enlèvement des déchets relève des communes et les prérogatives du département ministériel sont limitées, sans compter le chevauchement des prérogatives entre organismes sous tutelle. Le Dr Cherif Arif, qui a chapeauté l’étude, affirmait hier que le rôle du secteur bancaire et du privé était marginal en dépit de l’enregistrement de pas moins de 2 900 opérateurs spécialisés dans la collecte au niveau du registre du commerce. Sur le terrain, sur les 302 CET, seuls 172 sont opérationnels et les 34 déchetteries sont insuffisantes. Il a fait état de l’existence de gros dysfonctionnements au niveau des centres d’enfouissement techniques. Ces derniers ont en effet été lancés sans connaissances techniques, souvent sur des sites inadéquats. Les experts estiment qu’il y a eu, dès 2001, manque de planification et mauvaise décision politique. De l’argent a été injecté dans des entreprises sans expérience ni business plan et n’ont ni vision claire ni encore moins de rentabilité. Les solutions proposées s’orientent vers un besoin urgent de professionnaliser la gestion des déchets avec une attention particulière pour les déchets dangereux, la valorisation des déchets avec un tri à la source ainsi qu’une refonte des taxes. La ministre de l’Environnement estime, en effet, qu’il est temps de réactiver les mécanismes de recouvrement de la taxe d’enlèvement des ordures ménagères. Cette dernière serait de l’ordre de 1 000 à 1 200 dinars par an. Une manière de sensibiliser les foyers. Une enquête menée auprès de 127 d’entre eux a révélé que 68 % des personnes interrogées ignoraient la destination que prenaient leurs ordures une fois déposées.
N. I.
