Khalida Toumi, ministre de la Culture, accuse des lobbies mafieux de vouloir bloquer son projet qui consiste en la récupération de toutes les salles de cinéma, à travers le territoire national, et les mettre à la disposition des jeunes diplômés dans le domaine.
S’exprimant en marge d’une séance consacrée aux questions orales à l’Assemblée populaire nationale (APN), Khalida Toumi a estimé qu’elle fera tout pour dévoiler les desseins de ces lobbies mafieux qu’elle compte combattre avec les lois de la République.
La ministre de la Culture est allée jusqu’à assimiler tout silence face à ces lobbies comme étant une sorte de complicité. Pour appuyer ses dires, Toumi a cité l’exemple de deux salles de cinéma mythiques dans les daïras de Bab el-Oued et de Mohamed-Belouizdad (ex Belcourt) transformées respectivement par leurs propriétaires en une superette et une salle des fêtes.
Pour en savoir plus, elle a invité les journalistes à mener un travail d’investigation pour déterminer la qualité des personnes qui ont accaparé ces lieux. Pour Khalida Toumi, les cas des salles de cinéma de Mohamed- Belouizdad et de Bab el-Oued suffisent pour comprendre les intentions de ceux qui critiquent la démarche qui consiste à récupérer toutes les salles de cinéma, à travers le territoire national. Face à ce genre de cas, elle s’est dit avoir pris les mesures qui s’imposent.
Par ailleurs, Khalida Toumi a expliqué, qu’en vertu de ce nouveau texte, les salles de cinéma seront soumises à un cahier des charges instituant, notamment, des fonctions d’inspection et de contrôle. Ce décret est le premier des neuf décrets exécutifs en cours de préparation, depuis l’adoption par les deux Chambres du Parlement de la loi sur le cinéma, laquelle loi doit, selon la ministre, «mettre fin aux lobbies du cinéma qui détournent la vocation des salles de projection et tentent d’accaparer des biens de l’État».
Pour démontrer que les salles de cinéma sont des biens publics, Khalida Toumi a tenu à rappeler que le réseau national des salles obscures comportait 318 unités, entre salles exploitées et autres fermées, dont 232 salles (73%) relevant des collectivités locales et des communes, 40 salles du secteur de la culture (16%) et seulement 26 appartenant à des particuliers.
Jugeant «anormal» que des salles de cinéma soient exploitées, gérées et financées sans restriction, Khalida Toumi a affirmé que son département ne cherchait pas, à travers le nouveau dispositif législatif, à gérer directement ce patrimoine culturel public.
Le ministère de la Culture «ne veut pas gérer les salles de cinéma, mais plutôt mettre en place des mécanismes d’encadrement et de contrôle adéquats pour faire face à l’actuelle anarchie et aux lobbies», a-telle déclaré.
À propos des autres décrets exécutifs d’application de la loi sur le cinéma, la ministre a indiqué qu’ils seraient promulgués durant le premier trimestre de l’année 2012. S’inscrivant dans le cadre de la réhabilitation de l’activité cinématographique et le développement des capacités nationales dans ce domaine, la loi sur le cinéma consacre les droits et définit les obligations des professionnels, et propose un cadre juridique et réglementaire pour la gestion des salles de cinéma.
Hacène Nait Amara