Dans cette phase de poursuite du programme d’investissements publics, nécessaire pour asseoir les bases du développement économique et social de long terme au profit des générations futures, la préservation des réserves de change de l’Algérie -doit prendre une place particulière-, en terme de priorité, dans la gestion macro-économique», souligne la note de conjoncture sur les tendances monétaires et financières au second semestre de 2009, de la Banque d’Algérie.
L’institution chargée de la gestion des réserves de change- met ainsi fin à la polémique- suscitée par les propos du ministre de l’Industrie et de la Promotion des investissements, qui a évoqué l’éventualité de rapatrier les placements de l’Algérie à l’étranger afin de pouvoir financer les projets industriels en Algérie.
M. Temmar a précisé que cela pourrait être une option pour consolider l’assise financière du Fonds national d’investissement, chargé de financer les gros projets d’investissements en Algérie. Ces rapatriements possibles ne concerneraient dans tous les cas que les dépôts dont les engagements contractuels avec les banques concernées sont arrivés à terme.
La Banque d’Algérie rappelle que si les banques centrales, de par le monde, détiennent les avoirs extérieurs et accumulent donc des réserves de change principalement pour des raisons de politique de change et de prévention des crises, l’accumulation des réserves officielles de change par la Banque d’Algérie (entre 2004 et 2008) a constitué un important élément de sauvegarde («buffer») contre les chocs externes (baisses des recettes d’exportation et/ou sorties soudaines de capitaux) résultant de la grave crise financière internationale en cours.
La contrepartie de ces réserves de change se retrouve dans l’économie nationale
Les réserves officielles de change détenues par la Banque d’Algérie, qui sont les créances sur les pays émetteurs des devises, constituent la garantie de toute la masse monétaire (en dinars) dans l’économie nationale, c’est-à-dire en possession des agents économiques (Etat, entreprises et ménages).
Si la loi définit clairement les devises étrangères comme élément de couverture de la monnaie nationale (le dinar), la contrepartie de ces réserves de change se retrouve dans l’économie nationale au niveau : des dépôts de Sonatrach auprès de la BEA (contrepartie de cessions des recettes d’exportation d’hydrocarbures non-utilisées) ; des dépôts de l’Etat dans ses comptes tenus sur les livres de la Banque d’Algérie (part de la fiscalité pétrolière non-dépensée); des dépôts des autres agents économiques non-financiers auprès des banques.
Compte-tenu de la réglementation des changes en vigueur en Algérie, les devises rapatriées par les agents économiques au titre des exportations de biens et services sont cédées à la Banque d’Algérie (100% pour les exportations d’hydrocarbures, 50% pour les exportations hors-hydrocarbures, 50% pour les exportations de services) contre la monnaie banque centrale.
L’utilisation des réserves de change détenues par la Banque d’Algérie par les agents économiques résidents passe par l’achat de ces réserves sur le marché interbancaire des changes contre monnaie nationale -pour répondre à leurs obligations de transfert vers l’étranger-, soit au titre de leurs paiements courants (importation de biens et services,…) ou de remboursements d’emprunts et investissements à l’étranger, ce qui entraîne de facto une destruction de monnaie au sens de M2.
Pour mémoire, la monétisation des réserves officielles de change se retrouve, selon les données de fin décembre 2009, en ressources accumulées par l’Etat dans le Fonds de régulation des recettes pour l’équivalent de 59 milliards de dollars- en dépôts de Sonatrach auprès de la BEA- pour l’équivalent de 10,6 milliards de dollars, en dépôts des agents économiques non-financiers auprès des banques pour l’équivalent de 73,6 milliards de dollars et 4 milliards de dollars en dépôts en devises.
«En particulier, il importe de rappeler que l’Algérie a fait bon usage de ses réserves de change en consacrant une partie au remboursement par anticipation de la dette extérieure entre 2004 et 2006, c’est-à-dire à la veille de la crise financière internationale», souligne la Banque d’Algérie, ajoutant qu’une position financière extérieure confortable demeure requise pour s’assurer de la bonne réalisation du programme d’investissements publics, tout en préservant la stabilité financière externe.
Si l’économie nationale a été résiliente face à la crise économique mondiale en 2008 et 2009, notamment grâce à la conduite de politique financière prudente tant au plan de la balance des paiements et de la dette extérieure qu’au plan des finances internes, et a pu atteindre une croissance hors- hydrocarbures proche de deux chiffres en 2009, aujourd’hui, il est économiquement intelligible -et même impératif- d’éviter toute démarche conduisant à une mauvaise allocation des ressources (en dinars et en devises).
La disponibilité des ressources en devises (réserves de change) et en dinars (fonds de régulation et liquidité bancaire) a permis à l’économie nationale de faire face à la crise économique mondiale en réalisant une performance économique robuste, tout en poursuivant le programme d’investissements publics en 2008-2009.
De tels acquis, en période de grave crise économique mondiale, doivent être consolidés au profit d’une croissance économique endogène et proche de son potentiel, en préservant davantage la stabilité macro-économique.
Dans le cadre d’une allocation efficiente des ressources, portée par une intermédiation bancaire solide, l’adéquation (avoirs extérieurs-crédits intérieurs) est conduite par la Banque d’Algérie d’une manière prudente dans l’objectif de stabilité monétaire et financière. La banque d’Algérie précise que l’excédent global de la balance des paiements alimente les réserves officielles de change dont l’encours (y compris les avoirs en DTS) a atteint, ainsi, 148,95 milliards de dollars à fin décembre 2009.
Par contre, le niveau des réserves officielles de change, non-compris les avoirs en DTS, est évalué à 147,221 milliards de dollars à fin décembre 2009 contre 143,102 milliards de dollars à fin décembre 2008.
Il était passé de 77,781 milliards de dollars à fin 2006 à 110,180 milliards de dollars à fin 2007. En outre, le taux de couverture des importations de biens et services par les réserves officielles de change (non-compris les avoirs en DTS) s’est amélioré en 2009, atteignant près de 36 mois contre près de 35 mois en 2008. Pour mémoire, l’année 2007 a enregistré un «pic» (près de 40 mois) en la matière.
Etant donnée la structure par devise des rapatriements et des paiements extérieurs de l’Algérie, la composition des réserves par devise fait l’objet d’un suivi particulier et d’un ajustement prudent, à mesure que la volatilité des taux de change des principales devises a été prononcée en 2009.
A la fin de cette même année, la composition des réserves de change par devise d’origine, exprimée en équivalent dollars, est constituée principalement en dollars (46 %) et en euros (42 %).
Kezoul L.