Gestion des œuvres sociales de l’Education, L’argent divise les syndicats autonomes

Gestion des œuvres sociales de l’Education, L’argent divise les syndicats autonomes

Maintenant que la gestion des œuvres sociales n’est plus du ressort de la Centrale syndicale, dessaisie de ce dossier, les syndicats autonomes à jamais divisés sur cette question réussiront-ils à instaurer une gestion transparente et meilleure des milliards de dinars bloqués depuis 2008 et objet de toutes les convoitises ?

Voilà la question que se pose plus d’un au sujet de la décentralisation des œuvres sociales qui, désormais, seront confiées aux syndicats autonomes qui ne sont pas parvenus à dégager une vision commune.

Le ministère de l’Education a enfin cédé sur la gestion des œuvres sociales du secteur au profit des syndicats autonomes, en dessaisissant ainsi la Centrale syndicale de ce «brûlant» dossier dont la gestion était souvent décriée par les syndicats autonomes.

La signature, avant-hier, de la mouture finale de la circulaire relative aux élections des commissions locales et nationale chargées de la gestion des œuvres marque ainsi la fin du monopole de l’UGTA qui, durant des années, s’était vue confier leur gestion.

Cette organisation syndicale qui avait la main sur ce dossier très juteux et convoité, s’est vue dessaisie depuis 2008 des œuvres sociales de l’Education dont la gestion a été longtemps contesté par les syndicats autonomes qui accusent la centrale syndicale d’avoir «détourné» l’argent des travailleurs de l’Education, objet de divergence entre les syndicats et le ministère de l’Education.

La mésentente et les divergences nées autour de ce dossier, objet de toutes les convoitises, ont également semé le désaccord dans les rangs des syndicats autonomes eux-mêmes.

Chacun y va de sa logique et de sa manière de voir la façon de gérer ces œuvres. Au terme de plusieurs discussions et rounds de négociations, les deux parties ont pu aboutir à un consensus en se mettant d’accord sur le mode de gestion de l’argent des œuvres sociales qui jusque-là ne fait pas encore l’unanimité parmi les syndicats autonomes. Le dossier des œuvres sociales était, il y 20 jours, à l’ordre du jour d’une rencontre qui a réuni le ministre de l’Education, Benbouzid, et les représentants de sept syndicats.

La rencontre été marquée par des remous qui ont conduit des représentants du Syndicat national des travailleurs de l’éducation (SNTE) à se retirer de la salle de réunion, en signe de contestation contre la formule proposée par le ministère de tutelle. D’ailleurs, le secrétaire général du SNTE, Abdelkrim Boudjnah, a dénoncé l’attitude du ministère qui a exclu certaines organisations syndicales de ce dossier.

«Nous demandons à ce que l’argent revienne aux travailleurs et non pas à deux syndicats, comme le veut l’UNPEF et le CNAPEST qui, n’ayant même l’accord de leurs bases, veulent gérer l’argent des autres comme c’était le cas avec la Centrale syndicale», avait contesté M. Boudjnah pour qui la seule et unique manière de gérer équitablement les œuvres sociales est de créer une Caisse nationale et la confier à l’administration.

Cela dit, le SNTE n’approuve pas la proposition selon laquelle la gestion de ces œuvres doit être confiée à des commissions de wilaya qui seront chapeautées par une commission nationale. «Confier la gestion de cet argent aux syndicats ne sera pas exempt d’anomalies et d’irrégularités comme ce fut le cas avec l’UGTA qui a puisé et dilapidé les caisses des œuvres sociales», a-t-il averti.

Le Conseil des lycées d’Algérie (CLA) qui a approuvé récemment la proposition du ministère de l’Education portant dissolution de la commission nationale et des commissions de wilaya de gestion des œuvres sociales, a changé carrément de cap et conteste cette fois-ci cette manière de gérer.

Achour Idir, porte-parole du CLA a estimé que rien ne va changer dans la gestion des œuvres sociales et que le même système de gestion sera maintenu. «En optant pour ce système, ils ont choisi une gestion corruptible et non transparente qui ne permet pas d’avoir le droit de regard sur ce dossier», a-t-il regretté.

De son côté, le secrétaire général du SATEF, Boualem Amoura a soutenu que son syndicat ne demande pas à gérer le dossier des œuvres sociales, mais à avoir un droit de regard de l’ensemble des syndicats autonomes. «C’est une manière de satisfaire toutes les parties et faire ainsi l’impasse sur la gestion antérieure malgré certains anomalies et malentendus», a-t-il indiqué. A noter que d’autres élections seront organisées le 20 décembre prochain pour élire les délégués au sein des établissements.

Yazid Madi