Pourquoi n’avons-nous pas des cadres aptes à gérer des hôpitaux?
Même si ces hôpitaux seront confiés pour leur gestion à des parties privées, il n’empêche que leur activité se doit de se dérouler dans le cadre de la stratégie de santé du ministère de la Santé.
Il est un peu étonnant de voir qu’aucun des nouveaux hôpitaux que l’on veut construire ne soit prévu à Oran malgré l’importance de la ville et que, à la place d’El Bahya, c’est Tlemcen qui fut choisie pour bénéficier de la nouvelle structure, mais, comme dirait l’autre, les concepteurs de la chose ont certainement des raisons qui devraient nous échapper.
Là n’est pas le problème de toute façon. L’information est officielle comme quoi le ministre de l’Habitat, de l’Urbanisme et de la Ville a entrepris la première étape qui consiste à présélectionner des entreprises (nationales et internationales)aptes à prendre en charge «les études, la réalisation, les équipements et le management pendant cinq ans, des centres hospitalo-universitaires (CHU) de 500 lits et plus» et là, il y a un premier problème.
En effet, pourquoi est-ce ce ministère (de l’Habitat, de l’Urbanisme et de la Ville) qui procède à cette sélection? Ne s’agit-il pas d’hôpitaux avant tout? Et dans ce cas, le ministère de la Santé n’est-il pas le mieux indiqué pour ce faire? D’où est-ce que le ministère de l’Habitat, de l’Urbanisme et de la Ville tient-il ses aptitudes à faire une telle liste et, avant cela, à évaluer la capacité de ces entreprises à réellement réaliser des hôpitaux selon les normes en vigueur dans le monde? Selon quels critères le ministère de l’Habitat jugerait-il cette capacité des entreprises dans le domaine? Ira-t-il demander des experts au ministère de la Santé? Pourquoi, dans ce cas, ne pas faire le raccourci qu’il convient de faire et laisser le ministère de la Santé établir cette sélection d’entreprises. On prend le soin de nous informer que ces hôpitaux ne seront pas «confiés directement» au ministère de la Santé, mais qu’ils seront gérés par des entreprises spécialisées. En réalité, il n’y a rien de nouveau dans cette procédure qui a été essayée dans plusieurs pays depuis 1978. Il s’agit du PPP (Partenariat public privé), un système de contrats par lequel l’Etat incite le secteur privé à intervenir dans des secteurs lourds en les chargeant de toutes ou certaines étapes depuis l’élaboration des études, à la construction, à la mise en marche et à l’exploitation et au management du projet pour une période autour de laquelle les deux parties s’entendent. Nous ne sommes donc pas les premiers à faire cela et nous ne serons certainement pas les derniers, sur ce côté-là, il n’y a rien à craindre….. mais là où il risque d’y avoir problème c’est lorsque ces partenaires privés (nationaux ou étrangers) spécialisés dans la gestion des hôpitaux ont pour interlocuteur un ministère de… l’Habitat qui ne connaît ni les normes dans le domaine ni les attentes des clients de ces hôpitaux. De toutes façons, même si ces hôpitaux seront confiés pour leur gestion à des parties privées, il n’empêche que leur activité se doit de se dérouler dans le cadre de la stratégie de santé du ministère de la Santé. Ils devront donc coordonner leurs activités avec ce ministère, le seul, précisons-le, apte à fixer des objectifs et à valider des normes de travail de ces hôpitaux. Recourir au PPP est une solution comme une autre et elle est bien connue, mais même cette solution a ses sous-entendus. Comme par exemple cette question que poserait un enfant de collège: pourquoi n’avons-nous pas des cadres aptes à gérer des hôpitaux? Et cette autre question que poserait un élève de l’école primaire: pourquoi notre université forme-t-elle des diplômés qui n’ont pas les compétences suffisantes? Allez donc le demander à ces recteurs qui ont passé dix ans et plus à la tête des universités. Ils doivent certainement y être pour quelque chose!