Le tri sélectif des déchets ménagers devrait être généralisé afin de réduire la charge sur les centres d’enfouissement techniques (CET), améliorer leur gestion, et créer des activités de recyclage, a estimé lundi Fouad Belkhoudja, directeur de la politique environnementale au ministère des Ressources en eau et de l’Environnement.
M. Belkhoudja, qui s’exprimait lors d’une rencontre à Alger sur les déchets ménagers, a indiqué que l’Algérie a fait des efforts importants en matière de gestion des déchets depuis l’entrée en vigueur en 2002 de la loi 19-01 relative à la gestion, au contrôle et à l’élimination des déchets.
Ces efforts, qui visaient principalement l’élimination des décharges sauvages, se sont concentrés sur la création des CET dont le nombre a atteint 86 CET ce qui a permis d’enfouir environ 70% du volume global des déchets, ajoute ce responsable.
Mais, les quantités énormes de déchets qui avoisinent les 13 millions de tonnes annuellement a causé une saturation quasi totale de ces centres, selon ce responsable qui cite l’exemple des CET d’Oran, de Constantine et d’Annaba saturés à 100% ou encore celui de Hamici (Alger) dont le taux de remplissage est à 70%.
Cette situation rend, a poursuivi M. Belkhoudja, nécessaire l’amélioration de la gestion de ces centres ainsi que la généralisation du tri sélectif des déchets.
« Le tri permettra d’éliminer une partie des déchets qui sera réorientée vers le recyclage, au lieu de l’enfouissement, et donc donnera une vie plus longue à nos CET », a-t-il expliqué.
Le tri sélectif et la revalorisation des déchets présentent des potentialités importantes mais elles sont sous exploitées, selon ce responsable qui affirme que les actions du ministère chargé de l’environnement vont s’orienter vers ses axes à court et moyen termes.
« L’Algérie est actuellement engagée en matière de limitation des effets du réchauffement climatique. Nous sommes interpellés à mettre en place des projets innovants pour revaloriser les déchets qui génèrent beaucoup de gaz à effet de serre », a dit M. Belkhoudja.
Il a cité, à titre d’exemple, la valorisation du biogaz pour la production de l’électricité et le compostage pour les besoins de l’agriculture.
« Si on arrive à trier et valoriser 30% des déchets, c’est déjà important », a-t-il estimé.
De son côté, le directeur général de l’Agence nationale des déchets (AND), Karim Ouamane, estime que le tri et la valorisation des déchets pourraient générer des gains économiques dépassant les 56 milliards de DA et des milliers de postes d’emplois directs.
Cette démarche permettra, également, de rationaliser l’exploitation du foncier nécessaire pour l’enfouissement, qui demande des espaces importants, selon M. Ouamane qui s’est basée sur une étude réalisée récemment par son agence.
Selon les résultats de cette étude, menée sur trois CET dans trois zones différentes du pays (nord, semi aride et aride), les déchets ménagers des Algériens se composent de 54% de déchets organiques, 10% de papiers, 13% de textiles et 17% de plastique avec quelques différences entre les zones.