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la capitale du rwanda qui était, il n’y a pas si longtemps, l’une des pires capitales au monde, est un modèle de développement et de propreté. Pour arriver à ce résultat, il a fallu «discipliner» la population en usant de grosses sanctions…
Quand on parle de problèmes de sous-développement, on a l’habitude de se comparer aux pays occidentaux. On donne en exemple leurs expériences, et on appelle à s’inspirer de leurs modèles. Le sujet aujourd’hui est l’insalubrité de nos villes, nous n’allons pas faire la comparaison avec Paris, Madrid, Berlin, Tokyo, New York…mais avec Kigali. C’est la capitale d’un petit pays de l’Afrique de l’Est, ravagé dans les années 1990 par la guerre civile, considéré il n’y a pas si longtemps comme l’un des pays les plus pauvres et sales du monde, mais qui est devenu aujourd’hui, la vitrine de l’Afrique notamment en matière de propreté. Kigali, qui a été classée comme la ville la plus propre d’Afrique durant les quatre dernières années, a été déclarée par l’ONU
«meilleure capitale africaine». C’est un modèle de développement, avec ses routes bitumées et ses quartiers salubres. «En arpentant les avenues de la ville, il est en effet difficile de croire que l’on se trouve sur le continent le plus pauvre de la planète: des parcs parfaitement entretenus, des maisons soignées et des immeubles de bureaux flambant neufs font rêver d’une ´´autre Afrique´´», raconte en octobre dernier un reporter du Figaro dans un reportage consacré à cette ville intitulée: «Kigali, la capitale du Rwanda, où l’on vit aussi bien qu’à New York». «La ville est ainsi devenue une des plus propres et sûres du continent. Il est en effet difficile de trouver l’ombre d’un déchet par terre, et les habitants s’y promènent sans problème de jour comme de nuit. À peine croyable quand on sait qu’il y a un peu plus de vingt ans, le pays était en proie à la pire guerre ethnique et civile de son histoire», ajoute le journaliste. Le miracle rwandais n’est en fait pas un. Il découle seulement d’une véritable volonté politique de mettre fin au «chaos» qui faisait de Kigali une ville où il ne fait pas bon vivre, comme c’est le cas actuellement chez nous. Ainsi, la capitale du Rwanda est devenue un modèle de propreté et de protection de l’environnement grâce à des initiatives salutaires.
Des mesures disciplinaires parfois coercitives
À l’exemple de la journée sans voiture, qu’organise la ville chaque mois depuis 2016. «Il s’agit surtout de mobiliser les gens autour du sport, mais les gens en profitent aussi pour faire un bilan de santé», explique Pascal Nyamulinda, maire de Kigali dans un reportage de France-info. Dans le centre-ville, une zone où aucun véhicule n’a le droit de circuler a aussi été instaurée de façon permanente. À la place, la ville tente de mobiliser la population autour de l’activité physique. Ce n’est pas la seule initiative pour garder la ville propre: comme dans le reste du pays, les sacs et les emballages qui ne sont pas biodégradables sont interdits depuis 2008 et une journée de nettoyage, appelé «Umunganda», à laquelle toute la population prend part se tient tous les mois. C’est cette fameuse journée de nettoyage qui, selon les Rwandais eux-mêmes, les a «disciplinés» en leur instaurant une vraie culture urbaine et de respect de l’environnement. La stratégie rwandaise a donc fonctionné grâce à des mesures disciplinaires parfois coercitives vis-à-vis des populations dont la participation aux actions de développement de la ville est obligatoire à défaut de sanctions financières. C’est d’ailleurs pour cette raison que Kigali est nommée la «Suisse de l’Afrique». Une militante environnementale rwandaise explique dans une contribution au site africain wanacorp les grandes lignes de cette stratégie. «La ville est intraitable concernant la gestion des déchets. Elle a mis en place un système de nettoyage mensuel auquel les habitants de plus de 16 ans prennent obligatoirement part», assure cette Rwandaise. «Sous le signe d’activités écocitoyennes, la ville invite les personnes résidant dans un périmètre géographique donné à se réunir tous les derniers samedis du mois de 8h à 12h pour participer aux travaux communautaires: débroussaillement, nettoyage des rues et des canalisations, et creusée pour la récupération d’eau de pluie», explique-t-elle.
Mekla menace de poursuites les pollueurs
C’est cette fameuse journée de nettoyage qui est appelée «Umuganda». «L’absence non justifiée à ces travaux communautaires est soumise à une peine d’amende de 5000 francs rwandais soient 8 dollars. La supervision et le suivi de ces travaux communautaires sont assurés par «le plus petit degré de l’administration», c’est-à-dire le village qui représente un ensemble de 10 maisons aussi bien en ville qu’à la campagne», atteste la même jeune femme. En fait, à voir le modèle rwandais il se base tout simplement sur un contrôle strict et une citoyenneté afin d’y ancrer la culture de la propreté. Une ville propre, c’est l’affaire de tous! Les autorités ont pour mission d’offrir un cadre de vie exceptionnel à leurs citoyens, mais chacun doit bien prendre conscience qu’il est nécessaire de le préserver et l’embellir. Il faut que chacun respecte les règles de vie communes en évitant des incivilités qui pourrissent la vie de tous. Les campagnes de sensibilisations engagées ont montré leurs limites. Il y a des modèles «made in bladi» qui peuvent nous inspirer comme le concours du village le plus propre de Kabylie. Cette compétition incite chaque année, les habitants de tous les villages de cette région du pays, à se surpasser pour décrocher ce titre tant convoité, ce qui permet d’instaurer un certain civisme chez les habitants. Mais est-ce suffisant? Quand on voit les routes qui mènent vers ces villages «noyées» par les ordures on comprend vite que le mal est des plus profonds. Il est temps d’imposer, avec la loi, ce savoir-vivre. C’est un premier pas que vient de faire la ville de Mekla dans la wilaya de Tizi Ouzou. Elle a installé des caméras de surveillance pour combattre la pollution et sanctionner les pollueurs. Des affiches menaçant les pollueurs, captés par les caméras, de poursuites judiciaires jonchent la ville. C’est le moment d’employer les gros moyens, il y va de la santé publique…