Gestion des conflits et lutte antiterroriste : De Villepin encense la méthode algérienne

Gestion des conflits et lutte antiterroriste : De Villepin encense la méthode algérienne

L’ancien Premier ministre Français voit l’Algérie comme «LA» puissance régionale, de par son expérience et la force de sa diplomatie.

«Briser les silences, cela commence par prendre la parole, pour refuser la guerre et ses violences!». C’est avec cette phrase lourde de sens que l’ancien Premier ministre français Dominique de Villepin, a choisi de commencer sa conférence devant les élèves de l’Ecole supérieure algérienne des Affaires (Esaa), dans la soirée de mardi dernier. Cette magistrale conférence qui avait pour thème «Réconcilier les silences: donner sa parole pour la paix» était un véritable plaidoyer pour la paix dans le monde. Cet homme qui s’était opposé à la guerre en Irak n’a pas tari d’éloges sur la méthode algérienne dans la gestion des conflits et la lutte antiterroriste. D’emblée, il rappelle qu’il avait partagé la position algérienne de la non-ingérence de la communauté internationale dans les conflits libyen et syrien.

«Malheureusement, nos voix sont restées inaudibles», a regretté Dominique de Villepin avant d’appeler la communauté internationale à beaucoup plus écouter l’Algérie. «Nous devons pouvoir compter sur l’Algérie dans le refus de l’appel systématique aux armes, ce pays ayant toujours défendu la non-ingérence et rejeté l’interventionnisme», a-t-il soutenu. Pour lui, «la guerre ne fait qu’ajouter à la guerre, et les interventions militaires à outrance ne peuvent être une réponse satisfaisante». Il appelle donc la communauté internationale à mettre fin à son «va-t-on-guérrisme» systématique en privilégiant la solution politique, comme l’a toujours clamé l’Algérie. D’où donc le soutien qu’apporte Dominique de Villepin à la méthode algérienne. Il argumente ses dires par l’exemple le plus concret de cette Algérie «exportatrice de paix et stabilité», à savoir le règlement «politique» et «pacifique» de la crise malienne. «L’Algérie a son rôle à jouer, notamment en tant que puissance stabilisatrice. Elle l’a prouvé en Afrique, en particulier au Mali, via son implication dans la signature des accords d’Alger de 2015, dont le suivi doit néanmoins être renforcé», a rappelé sous un tonnerre d’applaudissements celui qui avait occupé avec brio le Quai d’Orsay. De Villepin voit donc l’Algérie comme «LA» puissance régionale, de par son expérience et la force de sa diplomatie. «L’heure est au retour de la parole algérienne, à la sortie progressive du silence», a-t-il lancé sous l’ovation générale. Il insiste sur le fait que ce rôle de puissance régional ne doit pas se «limiter» au Maghreb, mais à toute l’Afrique et le Monde arabe. «Il faut que la voix de l’Algérie, cette voix singulière du refus de la guerre et du refus de l’ingérence, porte de nouveau dans le Monde arabe. On a besoin d’entendre l’Algérie sur la Libye, sur le Yémen, mais aussi sur la question syrienne. Aujourd’hui et demain, son expérience pourrait être primordiale, elle qui a su surmonter les épreuves d’une nation et d’un tissu social déchirés par la guerre civile», a-t-il mis en avant non sans rappeler l’expérience algérienne dans la lutte contre le terrorisme islamiste. Il faut dire que l’Algérie a été le premier pays à souffrir, affronter et vaincre seul ce terrorisme durant les années 1990, sous l’indifférence des puissances occidentales. Cette terrible expérience lui a permis de devenir une référence mondiale dans le domaine. «L’Algérie est aujourd’hui un partenaire essentiel pour lutter contre ce fléau dont l’ampleur est globale. Rappelons que les cinq membres du Conseil de sécurité ont tous été frappés par un terrorisme qui cible avant tout les musulmans de l’ensemble du monde», a-t-il martelé. Surtout qu’il rappelle le danger de l’islamisme «politique qui est le seul rescapé du grand naufrage des idéologies politiques susceptibles de forger l’unité du Monde arabe que furent le panarabisme, le socialisme, ou le baâsisme, réduites au silence face au raidissement des régimes autoritaires et aux soubresauts des nationalismes». «La région est plongée dans le silence assourdissant de la guerre, et dans une spirale infernale qui voit ses Etats imploser ou se recroqueviller les uns après les autres», a t-il mis en avant pour montrer que la paix ne peut pas passer par la…guerre! Mais elle peut passer par l’Algérie, avec sa méthode pacifique et son expérience antiterroriste. Dès que De Villepin a conclu son «speech» une «standing-ovation» lui a été réservée par une salle qui s’est levée comme un seul homme pour le saluer. Il faut dire que c’est en véritable «guest-star» que l’ancien Premier ministre français Dominique de Villepin, a été accueilli à l’ESA. Cet endroit «mythique» de la relation algéro-française, comme l’a qualifié ce diplomate hors pair, était bondé de monde. La salle de conférences était trop exiguë pour accueillir toute cette foule, certains ont dû s’asseoir dans les escaliers ou carrément rester debout. Des personnalités nationales à l’instar de l’ancien ministre Cherif Rahmani, des diplomates étrangers accrédités en Algérie, des citoyens lambda, mais surtout des étudiants des quatre coins du pays sont venus assister à cette magistrale conférence. Un véritable message de paix conduit admirablement par un homme de paix! Le costume de secrétaire général de l’ONU lui irait tellement bien…

À propos des relations algéro-françaises

«Macron veut aller de l’avant»

De Villepin séduit par Emmanuel Macron? En tout cas, c’est ce qu’il a laissé entendre en ce qui concerne les relations algéro-françaises. L’ancien Premier ministre de Jacques Chirac n’a pas cessé de faire les louanges du nouveau président français lors de sa conférence devant les élèves de l’École supérieure algérienne des affaires (Essa). «Il y a moins de quatre mois, Emmanuel Macron a effectué son premier déplacement présidentiel à Alger pour réaffirmer la vivacité des liens entre nos deux pays et détailler un certain nombre de propositions. Je salue sa démarche, mêlant franchise, ambition et apaisement, au contact des autorités politiques et de la société civile, notamment la jeunesse. Sa volonté s’est affichée clairement: aller de l’avant sans fuir les responsabilités qui incombent à chacun», a-t-il mis en avant dès le début de son discours. «Sur le plan historique et mémoriel, le président s’est montré résolu à de vraies avancées, rejoignant le candidat qui, en février 2017, avait osé des mots très forts pour qualifier l’histoire de la colonisation», a-t-il conclu en insistant sur la réconciliation de l’Algérie avec la France, mais aussi le… Maroc!

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