Eric Gerets voulait accueillir l’Algérie à Casablanca, finalement, il a été contraint de jouer le derby du Maghreb à Marrakech. Le technicien s’est confié au journal marocain Le Matin, il s’est expliqué sur tout.
– Vous avez souhaité disputer Maroc-Algérie à Casablanca, mais la FRMF a opté pour Marrakech…
– Parfois, il faut accepter les choses comme elles sont. C’est une décision qui a été prise par le gouvernement pour donner un signal fort non seulement au peuple marocain, mais aussi pour la communauté internationale. La chose la plus simple pour moi est d’accepter cette décision parce que je comprends parfaitement bien que Marrakech soit le poumon du tourisme marocain et, par conséquent, c’est une ville importante pour le pays. Même si j’avais espéré jouer à Casablanca, j’accepte les choses comme elles sont.
– Est-ce que vous avez arrêté un programme de préparation ?
– On voulait partir nous préparer en Espagne et revenir à Casablanca deux jours avant le match, mais comme on va jouer à Marrakech, il n’y a plus de raison de partir ailleurs. On va donc nous préparer à Marrakech puisque la qualité de la vie et de préparation est exceptionnelle dans la ville Ocre. Nous avons un hôtel à une minute du stade et un terrain annexe fantastique.
– Combien de joueurs seront présélectionnés ?
– On est pour le moment 29 joueurs ou 30 présélectionnés et je garde la liberté d’y ajouter un ou deux autres joueurs. On retiendra 22 joueurs plus les 3 gardiens de but, ça sera 25 joueurs.
– Est-ce que vous allez garder la même ossature de l’équipe ?
– En gros, ça sera le même groupe. Il y aura un ou deux nouveaux joueurs, sans plus.
– Est-ce que vous avez en tête des joueurs qui pourraient renforcer dans le futur l’équipe nationale ?
– J’ai un contact en Allemagne avec un jeune que je suis allé voir et qui a de grandes qualités. Je ne peux pas dire son nom. J’ai fait 150 km en voiture pour le rencontrer et voir s’il a envie de jouer pour le Maroc. Apparemment, il est intéressé. Probablement, je vais le sélectionner le 10 août prochain pour disputer la rencontre amicale face au Sénégal à Dakar pour qu’il se familiarise avec l’ambiance au sein de l’équipe nationale en espérant qu’il optera pour le Maroc.
– Est-ce que vous n’êtes pas déçu de voir Franck De Boer maintenir El-Hamdaoui sur le banc ?
– Il n’y a pas malheureusement que lui qui ne joue pas. Et là, ça commence à poser problème. Notre avant-centre, Marouane Chamakh, qui opère à Arsenal, ne joue pas et même mon capitaine, Houcine Kharja, joue très peu à l’Inter Milan. Et cette situation nous cause un peu de soucis. Nous allons partir à la fin de la semaine, Cuperly et moi, en Angleterre pour voir le dernier match de la saison d’Adel Taarabt avec les Quenn’s Park Ranger et rencontrer aussi Marouane Chamakh pour voir un peu leur état de forme et leur motivation.
– Vous avez déclaré après la rencontre Algérie-Maroc à Annaba que vous ne vous attendiez pas à un climat pareil…
– Je n’ai jamais parlé du climat. Je parlais de ce qui s’est passé sur le terrain que j’ai trouvé anormal. Ce qui s’est passé sur le terrain, tu ne peux pas le deviner ni avoir une influence dessus. Il y a des choses qui se sont passées et qui sont difficiles à digérer. J’ai été préparé au pire, mais le climat n’a pas été si pire que ça. Au contraire, les gens étaient d’une grande gentillesse vis-à-vis de nous. Le climat a été plutôt une surprise agréable.
– Est-ce qu’une défaite face à l’Algérie est envisageable ?
– Le football reste un sport. Et dans une rencontre, tu peux faire match nul, gagner ou perdre. Maintenant, on sait qu’on a toutes nos cartes en main. On sait qu’on doit gagner contre l’Algérie pour rendre heureux le peuple marocain et avoir une grande chance de nous qualifier à la CAN 2012. Une victoire est extrêmement nécessaire. Mais avant que le match ne commence, les deux équipes sont à égalité et celui qui marque le plus de buts remportera la rencontre. On ne peut pas dire d’office qu’on va gagner. Le football n’est pas une science exacte. Tout le monde avait prédit une large victoire du FC Barcelone contre le Real Madrid au match retour de la demi-finale de la Ligue des champions. Au final, les deux équipes ont fait match nul.
– Le match d’Annaba s’est joué sur l’engagement physique, sur quoi devra se jouer celui de Marrakech ?
– Je ne suis pas d’accord avec votre analyse parce que mes joueurs se sont battus, mais ils n’ont pas eu la possibilité de pouvoir se battre à armes égales, chaque fois qu’ils sont allés dans des duels, on sifflait contre eux. J’espère que le match du 4 juin sera un match correct et honnête où les deux équipes auront les mêmes moyens de se battre, comme ça mes joueurs pourront montrer qu’ils ont les moyens de se battre et qu’ils savent se battre. Depuis mon arrivée à la tête de l’équipe, il y a une chose que je ne peux pas remettre en question chez mes joueurs, c’est leur engagement. Mais on ne va pas chercher d’excuses. Avec un arbitrage correct, on va voir un bon match de football avec beaucoup de lutte un contre un, mais surtout un football de qualité.
– Est-ce que la rencontre face à l’Algérie est décisive pour la qualification à la CAN-2012 ?
– Non cette rencontre n’est pas décisive. Même si on gagne contre l’Algérie, on ne sera pas encore qualifiés. Mais c’est vrai qu’en cas de victoire, on prendra une belle option pour la qualification, mais ça ne veut pas dire qu’on a toutes les garanties de nous qualifier. Décisif, certainement pas. Il faut prendre 7 points sur les trois matchs pour être sûr de se qualifier.
– Est-ce qu’Abdelhamid El-Kawtari pourrait remplacer Rachid Slimani sur le côté gauche ou allez-vous renouveler votre confiance au joueur du Raja Casablanca ?
– Aujourd’hui, le joueur ne peut pas encore jouer pour le Maroc. J’ai encore demandé mardi s’il y avait du nouveau dans la situation du joueur, on m’a répondu que la FIFA n’a pas encore statué sur son cas. Pour le reste, on a parfaitement analysé notre rencontre face à l’Algérie. On a retenu ce qui était bon et moins bon. Et on va prendre toutes les mesures pour avoir une bonne équipe face à l’Algérie.
– Est-ce que vous allez renouveler votre confiance à Chamakh ?
– Malheureusement, il n’y a pas d’autres joueurs pour le remplacer à part Youssef El-Arabi qui est en forme et marque des buts. El-Arabi a de fortes chances de débuter le match seul devant ou avec Chamakh ou El-Hamdaoui. Je vais suivre attentivement les championnats où évoluent mes attaquants en espérant qu’ils vont jouer. Pour le moment, c’est El-Arabi qui a de bonnes cartes, mais je n’ai pas encore fait ma sélection.
– Est-ce que vous allez renouveler votre confiance aux deux latéraux ?
– On n’a pas de problème sur l’axe central. Mais sur les côtés, on va voir parce qu’on n’a pas huit joueurs qui sortent du lot et qui peuvent jouer à gauche ou à droite. On va voir si Bader El-Kadouri de Dynamo Kiev qui revient de blessure sera prêt pour cette rencontre. Le joueur a repris la compétition, mais il est sur le banc de touche. On va voir comment tout ça va évoluer dans les semaines qui vont suivre.
– N’est-il pas temps de donner plus de liberté à Adel Taarabt ?
– S’il joue comme numéro 10, on peut lui donner beaucoup de liberté. Mais on ne peut pas donner de liberté à trois ou quatre joueurs, sinon il n’y aura plus d’ordre tactique. En possession du ballon, tout le secteur offensif a la liberté, cela ne veut pas dire courir n’importe comment et n’importe où.
– Sur quoi va se jouer cette rencontre face aux Fennecs ?
– Je crois que c’est sur l’intelligence tactique. L’équipe qui est capable de mettre en place un jeu rapide causera des problèmes à l’adversaire et aura une belle carte à jouer.
– Un dernier mot ?
– J’espère qu’après le match contre l’Algérie, le public pourra rentrer chez lui avec un grand sourire parce que je sais bien que si on parvient à faire un bon résultat, ça sera quelque chose de fantastique, notre public mérite cette victoire parce qu’il est d’une gentillesse extrême vis-à-vis de la sélection nationale et vis-à-vis de moi-même. J’espère que je vais les rendre heureux en leur offrant une victoire face à l’Algérie.