Gérante d’un relais au milieu du désert : Malika, la reine des sables

Gérante d’un relais au milieu du désert : Malika, la reine des sables

« Cette rencontre a bouleversé m’a vie », a confié Hassan Ferhani, réalisateur du film « 143, rue du désert », un portrait poignant qui raconte Malika, une femme courageuse qui gère seule un relais routier qui se trouve entre Ghardaia et Tamenrasset, au milieu du Sahara Algérien.

Malika, une septuagénaire qui a quitté, pendant les années 1990, le nord du pays pour venir s’installer dans le sud, est le centre du deuxième court-métrage de Hassan Ferhani. Le réalisateur raconte qu’il était à la recherche d’une idée pour un Road-movie qui se déroulerait sur la route nationale N°1, une quête qui va le mener à faire la rencontre de Malika.

Grace au journaliste Chawki Amari, le réalisateur a eu vent de l’existence d’une femme tenancière d’une buvette au milieu de cette route, au milieu du Sahara. « Ça m’a donné envie de la rencontrer », souligne le réalisateur, qui ajoute que, suite à sa rencontre avec Malika, « Ayant passé sa porte et échangé quelques mots avec elle, j’ai su que mon film à venir était là. Qu’elle serait la protagoniste principale d’une sorte de road-movie inversé ».

Un film, une femme et le désert

En effet, le film de Hassan Ferhani n’est pas un Road-movie comme les autres. Il s’agit là d’un Road-movie immobile, comme le temps qui se fige dans le sud Algérien. Ce film, dont le Sahara est un personnage principal, au cotés de Malika, raconte, en plus de la vie de cette femme, l’Algérie, dans toute sa profondeur.

« On ne vient pas chez Malika pour ce qu’on y mange, (...) de nombreux clients n’hésitent pas à lui confier des pans de leur histoire, avant de reprendre la route », confie le réalisateur. Ce dernier déclare également que Malika, qui dépasse maintenant les 70 ans, a beaucoup souffert dans sa vie, mais qu’elle ne voulait pas trop s’étendre sur le sujet. Le film, ne vise donc pas à raconter le malheur Malika, mais son courage.

Malika, est un vrai oasis au milieu de nulle part. Son petit bistro a donné l’occasion au réalisateur de faire la connaissance des routiers, qui sont d’ailleurs les principaux clients de la vielle femme. « Ils sont des putains de philosophes, explique Hassan Ferhani. L’un d’eux m’a dit de son métier qu’il était le seul où l’on reste assis et où l’on voit en même temps devant et derrière soi ». L’un d’entre eux a également lâcher à l’équipe de tournage que « “Vous avez mis du temps à venir la filmer”.

C’est à travers la profondeur du désert, et grâce aux portraits des routiers qui défilent, que le film réussit à percer l’âme de cette femme exceptionnelle. “Comment voudriez-vous que je ne l’aime pas ? C’est mon film !”, a-telle lancé. Malika est venue a Alger pour le voir, mais deux jours après elle est repartie vers son royaume, le désert.