Géorgie : Tbilissi inquiétée par les manoeuvres russes

Géorgie : Tbilissi inquiétée par les manoeuvres russes

A quelques jours du sommet Etats-Unis-Russie, à Moscou, la Russie déploie troupes et chars à la frontière géorgienne pour une série d’exercices militaires.

Opérations qu’apprécie peu Tbilissi alors que les négociations reprennent timidement entre les deux pays, à Genève.

Le sixième round de « discussions » entre Russes et Géorgiens depuis le conflit sanglant d’août 2008 a démarré ce mercredi à Genève pour une journée dans un contexte difficile.

Russes, Géorgiens ainsi que les représentants des deux républiques sécessionnistes géorgiennes d’Ossétie du Sud et d’Abkhazie sont arrivés pour la réunion destinée à établir des mécanimes de sécurité dans le Caucase et qui se déroule sous l’égide de l’Union européenne (UE), de l’ONU et de l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE).

Le processus est chaotique depuis son commencement en raison des relations toujours très tendues entre Moscou et Tbilissi.

La Géorgie se refuse catégoriquement à avaliser l’indépendance auto-proclamée de l’Ossétie du Sud et de l’Abkhazie, que pratiquement seule Moscou a reconnue.

Par ailleurs, elle apprécie peu les grandes manoeuvres que mène Moscou à la frontière commune aux deux pays depuis lundi…

Environ 8500 hommes, 200 chars, 450 blindés et 250 pièces d’artillerie doivent participer à ces opérations comparables à celles organisées « du temps de l’Union soviétique », selon le premier vice-ministre de la Défense, le général Alexandre Kolmakov.

L’objectif des manoeuvres Kavkaz-2009 est « d’établir l’état des capacités de combat et la mobilisation des troupes déployées dans le sud-ouest de la Russie », a déclaré un porte-parole de l’armée, le lieutenant-colonel Andreï Bobroune, cité par les agences russes.

« Refroidir les fantaisies de certains belligérants »

« Les militaires vont perfectionner un large éventail d’opérations destinées à assurer la sécurité des citoyens russes, des principaux itinéraires de transport et d’acheminement d’énergie ainsi que des infrastructures stratégiques », a ajouté un responsable du district militaire du Caucase du Nord, cité par RIA-Novosti.

Selon une source militaire russe haut placée citée par l’agence Interfax, la Géorgie serait toujours à la recherche d’ »aventures militaires » et ses capacités militaires ne sont pas inférieures à celles du mois d’août 2008.

« Ces exercices vont certainement contribuer à la stabilité dans le sud de la Russie et dans l’ensemble du Caucase et refroidir les fantaisies de certains belligérants », a estimé cette source.

Aux yeux de l’ambassadeur de Russie auprès de l’Otan, Dmitri Rogozine, les opérations de Kavkaz-2009 visent à « renforcer les capacités des forces armées russes dans les directions que nous considérons comme une menace ».

En mai, la Russie avait dénoncé la tenue d’exercices militaires de l’Otan et de ses alliés en Géorgie, avertissant qu’elle y répondrait avec son programme Kavkaz-2009.

Quelque 1100 soldats de dix pays de l’Alliance atlantique et de six Etats partenaires tels la Géorgie, avaient participé aux exercices dans cette ancienne république soviétique.

« Moscou joue avec le feu »

La Géorgie a condamné la tenue de ces nouveaux exercices qui auront lieu jusqu’au 6 juillet, jour où le président américain Barack Obama est attendu à Moscou, accusant la Russie de « jouer avec le feu ».

« Il est dangereux d’organiser des exercices d’une telle ampleur dans la région », a déclaré à l’AFP le vice-ministre géorgien des Affaires étrangères, Alexander Nalbandov.

Tbilissi affirme que des manoeuvres ont également lieu dans ses deux régions séparatistes pro-russes, l’Ossétie du Sud et l’Abkhazie.

Ces deux territoires ne figurent pas dans la liste des régions concernées par les manoeuvres, a assuré pour sa part le ministère russe de la Défense, observant toutefois que des troupes russes basées en Ossétie du Sud et en Abkhazie se déplaceraient à la frontière pour participer aux exercices.

Kavkaz-2009 rappelle enfin de mauvais souvenirs à Tbilissi: pendant l’été 2008, environ 8000 militaires avaient été mobilisés pour ces exercices annuels, peu avant la guerre qui l’opposa à la Russie début août.