George W.Bush dans son livre «Moubarak m’a vendu Saddam»

George W.Bush dans son livre «Moubarak m’a vendu Saddam»

L’ouvrage de M.Bush, que la presse américaine a accueilli avec de sévères critiques, a au moins le mérite de mettre à nu la trahison du raïs.

Il n’y a pas de doute: l’ex-président irakien, Saddam Hussein, est un dictateur doublé d’un tyran. Mais, par la grâce d’une témérité fatale, le bourreau s’est transformé en victime dont le nom fait vibrer une bonne partie de la rue arabe. Ce statut lui a toujours valu l’animosité des autres dirigeants arabes, plus particulièrement le raïs égyptien, Hosni Moubarak aveuglé par le désir de leadership.

La preuve de cette haine envers Saddam nous vient de la plume de l’ancien président américain George W.Bush qui vient de révéler que Moubarak a vendu Saddam aux Américains. M.Bush a affirmé que Hosni Moubarak a contribué à le convaincre que l’Irak de Saddam Hussein possédait des armes bactériologiques.

Dans ses mémoires, Decision Points («Instants décisifs» pour l’édition française), l’ancien président américain écrit que M.Moubarak a dit au commandant des forces américaines, le général Tommy Franks, que «l’Irak possédait des armes bactériologiques et était décidé à les utiliser contre nos troupes». M.Bush ajoute que M.Moubarak refusait de prononcer ces accusations en public «de peur de provoquer la rue arabe». «Le renseignement venant d’un dirigeant du Moyen-Orient qui connaissait bien Saddam a influé sur ma réflexion», a encore justifié le président le plus impopulaire de l’histoire des Etats-Unis.

La présence supposée d’armes de destruction massive (ADM) bactériologiques, chimiques ou nucléaires en Irak, a servi à justifier l’intervention militaire américaine de mars 2003, mais aucun arsenal de ce type n’a été trouvé par les soldats de la coalition internationale qui ont envahi l’Irak.

Le livre de M.Bush, que la presse américaine a accueilli avec de sévères critiques, a au moins le mérite de mettre à nu la trahison du raïs égyptien. Embarrassée, gênée et déstabilisée à quelques mois de la présidentielle, l’Egypte dément et crie à la manipulation. Le porte-parole de la présidence, Soleiman Awad, a «catégoriquement démenti» que le président égyptien ait tenu des propos accréditant la détention de telles armes par Baghdad.

«Au contraire, M.Moubarak a mis en garde le président américain et de nombreux responsables américains qu’il a rencontrés contre une invasion de l’Irak, qui constituait une violation flagrante du droit international», a soutenu M.Awad ajoutant qu’«il a prévenu qu’une invasion ne serait pas une mission facile parce qu’elle provoquerait une résistance farouche au cours de laquelle l’Irak utiliserait toutes les armes à sa disposition», a poursuivi le porte-parole égyptien. Il faut rappeler que quelques jours avant l’exécution de Saddam Hussein, le président égyptien redoutait déjà le statut de martyr qu’allait avoir le dictateur irakien. Surtout que son exécution était programmée le jour de l’Aïd.

Hosni Moubarak a indiqué s’être opposé à cette exécution pendant l’Aïd El Adha. «Personne n’oubliera les circonstances dans lesquelles Saddam a été exécuté. Ils en ont fait un martyr», a-t-il déclaré. «J’ai adressé un message au président (américain) George W.Bush pour lui dire qu’il ne fallait pas faire cela justement au premier jour de l’Aïd, car cela le transformerait en martyr», a ajouté M.Moubarak.

Le Caire botte en touche pour étouffer le tollé qui risque d’être soulevé par les révélations du président américain. L’alibi est vite trouvé: «Bush est entré en guerre contre l’Irak de Saddam Hussein à la demande d’Ariel Sharon et de ses affidés au Pentagone tels Paul Wolfowitz», laisse-t-on entendre du côté égyptien. Soit, mais quand les Tomahawks américains pleuvaient sur Baghdad, le raïs Moubarak offrait ses services au maître du moment.

Lié à Washington par près de 3 milliards de dollars d’aide annuelle, Moubarak ne peut se permettre de désapprouver l’action américaine. Plus encore, il honorait l’Oncle Sam par un bateau contenant quelque 5000 Egyptiennes à même de distraire les soldats américains fatigués par les combats au front.

Brahim TAKHEROUBT