Lors de l’atelier sur les carburants propres clôturé jeudi passé à Alger, des intervenants ont relevé une contradiction dans la stratégie adoptée par l’Algérie pour la réduction de la pollution de l’air qui, d’un côté, encourage l’utilisation de l’essence sans plomb et de l’autre, permet aux concessionnaires d’importer des véhicules dont les moteurs ne fonctionnent qu’avec de l’essence contenant du plomb.
Une contradiction pour laquelle le ministère de l’Aménagement du territoire et de l’Environnement prend acte puisqu’il compte adresser une recommandation au ministère du Commerce pour obliger les concessionnaires à importer des véhicules adaptés, équipés de catalyseurs. «Nous saisirons le ministère du Commerce pour établir, avec les concessionnaires, des cahiers de charges plus pointus», annonce Farid Nezzar, représentant du ministère de l’Aménagement du territoire et de l’Environnement.
Quant aux véhicules inadaptés à l’essence sans plomb, les pouvoirs publics ont mis en place un plan d’action, en 2009, pour les soumettre à des opérations de conversion. «Il a été prévu de convertir 4000 véhicules dans le cadre de ce plan en dotant les particuliers de crédits bancaires au taux zéro. Hélas, ce procédé n’a pas fonctionné.
Les pouvoirs publics ont dû adopter une autre démarche qui sera effective à partir de 2012», indique Kamel Dali, représentant de l’Aprue (Agence nationale pour la promotion et la rationalisation de l’utilisation de l’énergie). Celle-ci consiste à convertir 10 000 véhicules en 2012 et 20 000 autres en 2013 et 2014, ainsi que 200 véhicules de la flotte captive (des entreprises, entre autres) via des subventions directes.
«50% du prix de l’installation du système GPL/C est subventionné pour les particuliers, dont les taxis, et 25% pour la flotte captive. 38 centres de conversion, privés et publics, ont signé une charte de qualité. Les concessionnaires ont, également, signé des conventions avec nous pour encourager les particuliers à opter pour le GPL/C», explique-t-il.
Ajouter à cela les contrôles techniques pour mettre hors d’état de nuire les véhicules qui constituent des générateurs de pollution. D’après Abdellah Leghrib, directeur général de l’Etablissement national de contrôle technique automobile (Enacta), 15 millions de véhicules ont été contrôlés depuis 2003 à ce jour, à travers le territoire national, aboutissant à l’immobilisation de 200 000.
LES 5 BUS ETUSA AU GNC A L’ARRET
Les pouvoirs publics, assure le représentant de l’Aprue, comptent aussi renforcer l’utilisation du GNC (Gaz naturel comprimé). «C’est un carburant qui réduit considérablement la pollution de l’air, car il ne contient ni plomb ni soufre. Un carburant silencieux qui ménage le moteur et préserve le véhicule d’éventuelles explosions. Il coûte en plus moins cher que les autres carburants pour le collectif ainsi que pour l’Etat», explique Kamel Dali.
En première phase, 70 véhicules de Sonelgaz et 10 bus dont 5 de l’Etusa fonctionnent avec du GNC. En deuxième phase, 100 bus au GNC seront mis en circulation avant que ce carburant ne soit généralisé sur l’ensemble des centres urbains. «Mais cela nécessitera une étude de faisabilité et une enveloppe financière conséquente. Il faut prendre en compte les stations de distribution du GNC qui doivent être implantées un peu partout. Sans cela, les bus ne pourront pas fonctionner.
D’ailleurs, les 5 bus au GNC de l’Etusa sont à l’arrêt parce que la station (GNC) de l’Etusa est à l’arrêt pour des raisons techniques», signale-t-il. Sur le plan africain, Abdelhamid Bouchikhi, représentant du ministère de l’Energie du Maroc, s’interroge sur le rôle des ONG dans la lutte contre la pollution atmosphérique. «Il faut dire que si les choses bougent en Afrique c’est parce que nous subissons des pressions de la part de l’Union européenne. Il est temps que les ONG africaines tentent d’infléchir les Etats africains sur la question », souligne-t-il.
Farida Belkhiri