Composé de deux parties et conçu pour dix danseurs, ce spectacle sobre, sans fioritures et porteur d’un joli message, est une édifiante démonstration du savoir-faire de la jeunesse.
Dix danseurs ont montré, avant-hier soir, au Théâtre national algérien Mahieddine-Bachtarzi, tout ce qu’ils avaient appris de Sofiane Abou Lagraâ et de son assistante et non moins danseuse de talent, Nawal Abou Lagraâ.
Ces dix danseurs, sélectionnés il y a quelques mois parmi 400 candidats, ont été largement convaincants. L’application et l’implication n’ont pas manqué à ces talents qui ont bénéficié d’une formation dispensée par le danseur et créateur de la compagnie Baraka basée à Lyon, à la faveur de l’ouverture au Ballet national algérien d’une cellule de danse contemporaine.
Le spectacle Nya a vu le jour grâce à la rencontre de la ministre de la Culture, Khalida Toumi, avec Sofiane Abou Lagraâ qui a conçu, en 2009, le spectacle de clôture du deuxième Festival culturel panafricain.
Voulant prolonger cette collaboration, Mme Toumi et le danseur originaire d’Oran ont décidé de créer un programme d’échange et de coopération qui aurait pour nom Pôle culturel méditerranéen.
Et c’est avec l’ouverture d’une cellule de danse contemporaine au sein du Ballet que le projet s’est concrétisé. Après des mois de travail rigoureux, de formation continue et de soutien de la part du ministère de la Culture, du Ballet national algérien, de l’Agence algérienne pour le rayonnement culturel (AARC) et d’autres partenaires français, Nya a enfin vu le jour.
En fait, Nya est un spectacle conçu pour dix danseurs (Abderraouf Bouab, Mokhtar Boussouf, Ali Braïnis, Nassim Feddal, Mohamed Walid Ghazli, Oussama Kouadria, Bilel Madaci, Abdelghani Meslem, Salah Eddine Mechegueg, Zoubir Yahiaoui), qui se compose de deux pièces : la première (23 minutes) est interprétée sur le Boléro de Maurice Ravel, et c’est la sublime voix de Houria Aïchi qui accompagne les mouvements des danseurs lors de la deuxième partie (41 minutes). Nya a été entamé par un court métrage de huit minutes intitulé Sur le Pont, qui retrace le parcours des danseurs et les différentes étapes de leur formation.
Place ensuite au show ! Un duo de danseurs en scène commence à exécuter des chorégraphies sur un fond sonore de brouhaha de la ville (klaxons, supporters, voitures, jeu d’enfants…). Parfois, la musique de Ravel intervient puis s’interrompt brusquement pour céder une place qu’elle n’arrive pas à trouver dans la rumeur de la cité. Mais le Boléro trouve sa place, et les danseurs vêtus dans des pantalons de danse et teeshirts nous introduisent dans leur univers.
On est avec les jeunes dans leur élément : ils espèrent mais baissent très facilement les bras, ils cherchent une vie meilleure peut-être même de l’autre côté de la Méditerranée, ils désespèrent et, parfois, ce désespoir est rassembleur, ils ignorent tout de ce qu’ils sont et ne cherchent qu’à être ce qu’ils ne seront jamais.
Dans cette première, il est question d’une jeunesse qui connaît mal son histoire et qui ignore tout des sacrifices de ses ancêtres. Dans la deuxième partie, changement de décor (avec des tapis) et de tenues.
Il y a comme une uniformisation qui contraste totalement avec les mouvements libres du corps des danseurs. Sur des mouals de Houria Aïchi et certaines musiques qui font référence à l’héritage arabo-andalou de l’Algérie, on constate, à travers les mouvements, un certain retour aux sources et même une certaine sérénité. Comme si les jeunes comprenaient les accomplissements et les sacrifices de leurs aïeuls. De l’eau… beaucoup d’eau pour clôturer le spectacle.
Cette représentation peut être interprétée de deux manières : l’eau purifie, enlève la saleté, débarrasse de ces marques…, preuves de notre saleté, de ce qui nous fait honte. On peut également percevoir en la représentation de l’eau une manière de [re]découvrir la vie, donc l’espoir, ce qui nous amène automatiquement à la paix. À une paix retrouvée… après bien des mésaventures