Les Etats-Unis réaffirment leur appui aux efforts de paix consentis par l’Algérie dans la résolution de la crise malienne. Ayant déjà affiché les convergences de vue entre les deux pays sur ce dossier complexe, le commandant des Forces américaines en Afrique (Africom), le général Carter Ham, met en avant «la compréhension très profonde et exhaustive par l’Algérie des défis» qui se posent dans le Nord-Mali.
De par sa connaissance minutieuse du dossier et du terrain en raison de la proximité géographique, l’Algérie, insiste le général Ham, est le pays qui détient la clé de ce dossier. Il invite les autres pays occidentaux, notamment la France, à l’écouter pour arriver à un «règlement négocié» de la crise malienne.
La France œuvre par tous les moyens à aboutir à une intervention militaire le plus vite possible au Nord-Mali, malgré les nombreuses mises en garde, notamment de l’Algérie qui craint pour le sort des Maliens vivant dans cette partie du pays. Intervenant à Londres devant le think tank britannique des affaires internationales, Chatham House, Carter Ham a insisté sur ce point, adressant un message clair aux autorités françaises afin qu’elles recentrent leur position dans l’intérêt du Mali et pour la sécurité internationale. Il a relevé que les responsables civils et militaires algériens «ont une compréhension très profonde et exhaustive des défis qui se posent dans le nord du Mali et, plus largement, dans la région» du Sahel.
Ayant rencontré plusieurs hauts responsables civils et militaires algériens, le général américain a qualifié sa dernière visite en Algérie de «très bonne». «Les Algériens préfèrent absolument un règlement négocié», indique-t-il avant d’affirmer que «tous les efforts doivent être déployés pour trouver une solution négociée pour le nord du Mali». Au cours de son intervention, le général Ham a particulièrement salué «les efforts accrus de l’Algérie» pour assurer la sécurité de ses frontières, en particulier avec le Mali, pour empêcher la libre circulation des éléments d’Al-Qaïda et d’autres groupes terroristes. Il répond en effet au Quai d’Orsay qui distille des rumeurs sur l’arrivée au Nord-Mali de renforts de «djihadistes algériens». Selon lui, si Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi) est plus fort aujourd’hui qu’il ne l’était il y a un an, c’est en raison de financements qu’elle perçoit grâce aux fonds qu’elle reçoit par le biais des enlèvements contre rançon, ou par son lien avec le trafic des stupéfiants entre autres. Des otages européens, essentiellement français, ont été libérés ces dernières années contre près de 80 millions d’euros de rançons. Un chiffre global qui reste certes difficilement vérifiable.
Consciente des sources de financement du terrorisme, l’Algérie plaide depuis plusieurs années pour la criminalisation du paiement de rançons. Une initiative également bien accueillie par les Etats-Unis et la Grande-Bretagne mais foulée aux pieds par la France qui reste le pays le plus concernés par les rapts dans cette région où elle compte actuellement sept otages au Sahel.
Sonia B.