Gendarmes et policiers comme surveillants des épreuves du baccalauréat

Gendarmes et policiers comme surveillants des épreuves du baccalauréat

Le ministère de l’Education nationale fait appel à la gendarmerie et à la police pour surveiller les épreuves du baccalauréat qui commenceront après-demain. Cette curieuse mesure destinée à prévenir les fuites dont on parle avec insistance, plutôt que de rassurer, non seulement jette le discrédit sur l’organisation de cet examen mais pointe du doigt les élèves et les enseignants suspectés d’éventuelles tricheries.

Premier grade universitaire, le baccalauréat sanctionne la fin des études secondaires et ouvre la voie aux études supérieures par un examen reconnaissant le niveau de qualification des lycéens pour les entreprendre. Ce diplôme, très important, n’est pas une simple formalité qui permet de s’ouvrir les portes de l’université ou des grandes écoles, mais le couronnement d’une douzaine d’années de travail scolaire, d’apprentissage et de savoir.

Le taux de réussite ou d’échec à cet examen, généralement difficile, révèle la bonne ou la mauvaise qualité d’un système éducatif. Et celui de notre pays figure souvent en queue de peloton, dans les classements internationaux.

Le niveau scolaire des élèves algériens est jugé très bas par les instances éducatives internationales, et l’école algérienne, à la dérive, n’arrive pas à se réformer pour former des têtes bien faites et bien pleines.

LG Algérie

De nouveau, cette année, l’examen du baccalauréat se déroulera, demain, dans des conditions dommageables pour les élèves, qui n’auront étudié que 50% du programme obligatoire en classe de terminale, en raison de l’intransigeance des pouvoirs publics quant à accéder aux revendications des enseignants en grève récurrente.

Si ces derniers et leur ministère de tutelle, qui a connu un véritable travail de sape, notamment sous la responsabilité d’Aboubakr Benbouzid, inamovible à ce poste durant presque 20 ans, ne trouvaient pas un accord en vue de la prochaine rentrée scolaire, une autre génération de jeunes algériens pourrait être ainsi sacrifiée.

En effet, 250 000 à 300 000 de nos jeunes quittent le système scolaire, non seulement sans aucun diplôme, mais sans savoir lire ni écrire pour la plupart. Et ce, ni en langue arabe ni en langue française.

La seule planche de salut pour le système éducatif algérien est que la méthode d’enseignement change pour améliorer les connaissances des élèves et les conduire vers l’excellence.

La mise sous haute surveillance policière de la session de juin du baccalauréat n’est pas un gage de crédibilisation de ce diplôme essentiel, déjà dévalué. Parce qu’en effet, le ministère de l’Education craignant des fuites, la gendarmerie et la police nationales sont mobilisées pour jouer aux scrutateurs. Par ailleurs, des rumeurs persistantes circulent à propos de sujets du baccalauréat qui seraient en possession de candidats, jetant ainsi le trouble dans les esprits.

Le démenti du ministère concerné n’ayant pas convaincu, la décision a été prise au plus haut niveau de l’Etat de faire surveiller les salles d’examen par des policiers afin de prévenir et dissuader toute tentative de tricherie.

A notre connaissance, c’est la première fois au monde que la surveillance d’un examen n’est pas assurée par des personnels du secteur de l’éducation mais par les forces de l’ordre, instaurant, du coup, un climat de suspicion à l’encontre des élèves pénalisés et des enseignants dont la probité est mise en doute.

Après tout, l’ancien ministre en charge du secteur, Aboubakr Benbouzid, tout en niant ses responsabilités manifestes dans la dégradation du système scolaire, les faisait porter sur les enseignants, les élèves et les parents de ces derniers.

Par Brahim Younessi