La création d’une banque de données sur les drogues en Algérie par la Gendarmerie nationale permet de remonter les réseaux et d’identifier la qualité des drogues saisies.
Cette mesure permet aussi d’interpeller le pays producteur sur le plan international, une fois la preuve scientifique établie sur la base de la reconnaissance des champs de culture de cannabis et de la provenance de la marchandise. En effet, la Gendarmerie nationale détient aujourd’hui toutes les technologies pour développer l’empreinte chimique des drogues.
Elle vient de créer une nouvelle banque de données comportant toutes les informations sur les drogues saisies ces dernières années au niveau des frontières et dans les différentes opérations. C’est ce qu’a révélé un officier du Centre de recherche développement (CRD) de la GN à Bouchaoui. L’officier s’exprimait en marge des portes ouvertes organisées par le 3e commandement régional de la GN à Béchar en fin semaine dernière. Il s’agit d’un système expert d’aide et d’assistance. Cette banque de données, une première en Algérie, servira d’outil d’orientation dans les enquêtes de la GN sur le trafic de drogue. « Cette base de données se compose des différents types de drogues, de leur composante, leur provenance, leur destination et même la période de leur récolte », explique le responsable de ce projet.
L’opération passe par plusieurs étapes. Les gendarmes recourent à chaque saisie à l’enregistrement et l’identification des échantillons de drogue. Cette banque comporte essentiellement des empreintes relevées sur les lieux ou sur les sacs et les moyens de transports, plus précisément sur le volant dans des cas où le conducteur prend la fuite. « C’est sur la base de ces informations qu’on peut remonter la filière et son champ d’activité », note l’officier. Des experts de la GN, formés dans ce cadre à l’étranger, ont établi aussi un fichier sur les différentes écritures retrouvées sur les emballages. « Il s’agit d’un code entre les réseaux des narcotrafiquants, qui détermine la provenance et la qualité de la drogue », précise l’officier.
Exemple : les drogues estampillées « Mercedes » ou « Ben Laden » indiquent la meilleure qualité de kif traité destiné à l’Europe. Rien n’est négligé dans les saisies. L’emballage des drogues, carton, plastique et même les rubans adhésifs sont exploités. « Cela permet aussi de déterminer le lieu du laboratoire où a eu lieu l’opération et le pays d’origine », explique encore l’officier. Toutes ces données sont stockées dans une salle de plusieurs serveurs qui peuvent contenir des milliers d’empreintes chimiques avec toutes les données qui seront exploitées pour faire une approche.
La GN a créé, il y a cinq ans, un nouveau système biométrique appelé AFIS (Automated Fingerprint Identification System). Plus de 500 000 personnes impliquées dans divers délits sont aujourd’hui fichées dans une banque de données après un prélèvement de leurs empreintes digitales avec photos et données. Grâce à ce système, des résultats probants ont été obtenus par la GN dans ses enquêtes. Par rapport à l’Afrique et l’Europe, l’Algérie est le seul pays qui dispose de ce type de système et figure parmi les premiers au monde à en avoir fait l’acquisition.
Neila B.