Avec les contestations des chômeurs dans le Sud, le gouvernement doit s’attendre à faire face à un feuilleton de contestations à tous les niveaux en ce début 2015.
L’équation du maintien des subventions et des crédits ne garantira pas la paix sociale. Le gouvernement s’est trompé, encore une fois, de stratégie en sacrifiant les recrutements. La décision du gel des recrutements dans la Fonction publique, annoncée mercredi dernier par le Premier ministre, constitue une véritable bombe à retardement. Cette décision risque de faire tache d’huile avec les contestations des chômeurs du Sud. Alors que des milliers de jeunes attendent avec impatience de décrocher un emploi en 2015, la décision tombe comme un couperet mettant fin à leur espoir.
Le pire est le fait que ce ne sont pas les postes qui manquent. Des milliers de postes budgétaires vacants sont recensés chaque année. Devant cet état de fait l’année 2015 promet d’être un casse- tête chinois pour l’équipe de Sellal. En plus de la chute des prix du pétrole, le front social va apporter son lot de désagréments. Des actions de protestations se profilent déjà à l’horizon. Des syndicats, des chômeurs comptent monter au créneau pour interpeller encore une fois le gouvernement sur les promesses d’embauche. Des réunions seront tenues ces jours-ci pour donner suite à leur réaction. Le Comité national du pré- emploi qui qualifie la mesure d’injuste, n’écarte pas un mouvement de protestation dans les prochains jours en coordination avec les étudiants. C’est le cas pour le Snapest.
Le Syndicat national des professeurs et enseignants du secondaire et technique réunira aujourd’hui son conseil national pour examiner la situation et prendre les mesures nécessaires. Meziane Meriane, le porte-parole de ce syndicat, a déploré la décision du gouvernement qui aura des conséquences néfastes sur le secteur de l’éducation. «C’est malheureux! C’est l’éducation qui subira les dommages collatéraux, d’autant qu’un grand besoin a été exprimé au niveau du secondaire en termes d’enseignants», a-t-il regretté. L’ancien coordinateur du Comité national pour la défense des droits des chômeurs (Cnddc), Tahar Belabès, a fait savoir qu’une rencontre nationale sera tenue pour décider ce qu’il y a lieu de faire. Ces éléments donnent un avant-goût de la tension qui marquera le début de la nouvelle année. Avec la contestation dans le Sud, le gouvernement doit s’attendre à faire face à un feuilleton de contestations à tous les niveaux.
Le scénario des émeutes de janvier 2011 risque de se reproduire. Le retour des affrontements à Ghardaïa ces derniers jours n’est qu’un symptôme du malaise social. Après Touggourt, Hassi Messaoud et la vallée du M’zab, l’émeute risque de gagner d’autres régions du pays.
La secrétaire générale du Parti des travailleurs, Louisa Hanoune a mis en garde le gouvernement contre les conséquences de ces décisions aléatoires. S’exprimant vendredi dernier, à l’occasion de la rencontre de l’Organisation des jeunes pour la révolution (OJR) relevant de son parti tenue à Zéralda, Mme Hanoune a qualifié la décision du gel des recrutements dans la Fonction publique de «suicidaire». Selon elle, tout changement de cap en ce qui concerne le domaine de l’emploi, ne peut en aucun cas être accepté, et même en cette période de crise induite par la chute brutale des cours du pétrole.
Les postes d’emploi pour les jeunes relèvent pour elle de «la Sécurité nationale». A défaut des solutions efficientes, le gouvernement continue de recourir à la politique de bricolage. Ce dernier préfère accorder des crédits estimés à des milliards de dinars aux jeunes que de penser à une politique d’emploi durable à travers le renforcement du tissu industriel et le développement de l’agriculture et du tourisme.