Le gel de produits à l’importation prendra 2 à 3 ans : Le substitut local fera-t-il sa percée ?

Le gel de produits à l’importation prendra 2 à 3 ans : Le substitut local fera-t-il sa percée ?

C’est tout simple : surseoir à l’importation de certains produits à la consommation et promouvoir leurs équivalents sur le marché local. Des restrictions décidées par le gouvernement à l’effet d’inverser la donne en faveur de l’économie nationale, en proie à la hantise de l’import/import aggravée par le recul de la rente pétrolière.

Néanmoins, la question semble départager la classe politique et les intervenants de la sphère économico-financière. La différence des points de vues réside entre ceux qui en entrevoient une solution à l’économie de bazar et ceux qui craignent en revanche une pénurie sur le marché des besoins nationaux. Une mesure dite «temporaire» qui incite tout aussi l’opinion publique à s’interroger sur les délais qui lui sont arrêtés.

En tout cas, le ministre du Commerce relance à nouveau le débat et apporte de nouveaux éléments à une décision entrée en vigueur, début janvier en cours. En effet, s’exprimant, hier, sur les ondes de la Radio nationale, Mohamed Benmeradi, qui rappelle le gel de 851 produits à l’importation, précise que cette suspension prendra deux à trois années.

«Le dispositif de suspension de 851 produits à l’importation a un caractère temporaire (…), probablement pour deux ans, trois ans peut-être, mais nous reviendrons à la levée de ces mesures», a annoncé le ministre du gouvernement Ouyahia. En d’autres termes, le but recherché à travers cette période de grâce et pendant ce temps, le produit local devra connaître sa percée sur le marché local à l’effet de pallier la carence du produit extérieur.

Toute la transition économique dont on ne cesse de parler justement, avec tout ce qu’elle charrie comme la diversification de la production, se trouve dans cette équation produit local-produit importé. Autrement, et dans le fond de la question, il s’agira de s’intéresser progressivement au produit fabriqué localement pour alléger le poids de la facture à l’importation.

Ceci concerne aussi bien le produit fini que les intrants à l’industrie nationale. Benmeradi en veut pour preuve au bien-fondé du choix du gouvernement l’exemple de la filière boissons. Laquelle, à elle seule, a importé entre 400 et 450 millions de dollars en 2017 contre 12 millions seulement d’exportations. Le but recherché étant de donner la chance aux entreprises locales pour émerger sur le marché national.

D’ailleurs, les producteurs industriels sont invités à recourir aux matières premières locales à l’effet d’encourager les PME/PMI nationales. Car, jusque là, leurs productions tournent au ralenti et sont à seulement «entre 20% et 25% de leurs capacités», a précisé le ministre.

Dans la forme, l’Algérie, qui est liée à l’Europe par un Accord d’association de libre échange depuis 2005, ne peut manquer à son engagement, du moins à long terme. D’où justement le caractère «temporaire» de cette suspension d’un lot important de produit à l’importation.

Farid Guellil