«Je suis pour un bon renfort» > «L’objectif est de remporter le championnat»
L’entraîneur des Canaris revient, dans cet entretien, sur le parcours de son équipe en Champions League, notamment sur le match face au TP Mazembe. Ecoutons ses explications.
– Avec du recul, comment expliquez-vous votre élimination en Champions League africaine ?
– Je crois qu’il y a deux raisons à notre élimination en Champions League africaine. D’abord, j’avoue qu’on a eu affaire à un très bon gardien, il a fait des arrêts décisifs et à chaque fois, il a eu le bon réflexe. Si on avait marqué en première mi-temps, cela nous aurait libérés, mais c’était difficile de le faire face à un gardien comme Kidiaba. La deuxième raison de notre sortie de cette compétition est le fait qu’on avait deux buts d’écart à remonter. Ce n’était pas facile dans un match, de surcroît un match de demi-finale. En somme, on a fait ce qu’on a pu, malheureusement, notre aventure s’est arrêtée aux demi-finales.
– Ne croyez-vous pas que vous avez raté la qualification à Lubumbashi, en s’inclinant par trois buts à un ?
– Effectivement, on a raté la qualification au match aller. Si on était revenus de Lubumbashi avec un score d’un but partout, on serait qualifiés à la finale, malheureusement, notre relâchement lors de la première manche de cette demi-finale nous a coûté cher. Les deux buts encaissés lors des cinq dernières minutes nous ont été fatals.
– D’aucuns disent que la JSK a bien joué, malgré cette élimination…
– Bien sûr, on a extrêmement bien joué, mais l’efficacité nous a fait défaut. On a tout donné, mais il faut reconnaître que le gardien du TP Mazembe a réussi un grand match.
– La titularisation d’Asuka a surpris plus d’un, pouvez-vous nous donner les raisons de ce choix ?
– Je voulais un attaquant puissant pour peser sur la défense des Congolais. Asuka était frais et c’est pour cela que je l’ai aligné d’entrée afin qu’il donne du tonus à la ligne offensive. Il n’y a pas qu’Asuka qui n’a pas marqué, puisque les autres ne l’ont pas fait. Il y avait une pression sur l’équipe, car on avait deux buts à remonter et ce n’était pas évident. Raison pour laquelle ni Asuka, ni Aoudia, ni Yahia Chérif et encore moins Yaâlaoui n’ont trouvé le chemin des filets.
– Certains pensent, à l’image de l’ancien coach de la JSK et de l’équipe nationale, Mahieddine Khalef, que le poste qui convient à Tedjar est de jouer derrière les attaquants ?
– Comme vous le savez, Tedjar est un joueur important sur l’échiquier des Canaris. Face au Ahly, il a joué dans le même poste que face au TP Mazembe et il avait fourni une belle prestation avec à la clé un but. Maintenant, chaque entraîneur voit les choses différemment, mais je tiens à vous dire que ce n’est pas à cause de l’emplacement de Tedjar qu’on ne s’est pas qualifiés. On s’est créé une multitude d’occasions, malheureusement, le gardien congolais était imbattable ce jour-là.
– Pourquoi vous avez fait sortir Nessakh en deuxième mi-temps au lieu de Tedjar qui était pourtant essoufflé?
– Comme je vous l’ai déjà dit, Tedjar est un joueur important. Il a la force de pénétration et c’est quelqu’un qui peut faire la différence à n’importe quel moment. Raison pour laquelle je ne l’ai pas fait sortir. En plus, j’estime que Tedjar a fait un bon match.
– L’expulsion de Naïli, un quart d’heure seulement après le début de la deuxième mi-temps, a compliqué la tâche pour remonter les deux buts afin de décrocher le billet qualificatif pour la finale…
– J’avoue que je m’apprêtais à faire sortir Naïli, malheureusement, il a écopé d’un carton rouge avant même que je fasse le changement. S’il a vraiment craché… son geste serait impardonnable. Se faire expulser dans un match pareil, c’est une grosse bêtise comme ce fut le cas pour Yahia Chérif au Caire. Pourtant, après l’expulsion de ce dernier face au Ahly, j’ai moi-même parlé avec les joueurs ainsi que le président Moh-Chérif Hannachi pour les mettre en garde contre ce genre de bêtise. C’était dû au manque de concentration de la part de Naïli, alors qu’on a demandé aux joueurs de garder leur concentration jusqu’à l’ultime minute du match. Je dirais que le geste de Billel est condamnable.
– Allez-vous faire des reproches à Naïli pour avoir pris un carton rouge dans un match aussi capital que celui de la demi-finale de la Champions League africaine ?
– Pour faire des reproches, il faut remonter jusqu’à la source de son geste. Naïli affirme qu’il n’a rien fait et que son expulsion est injustifiée, c’est pour cela que je devrai l’écouter pour voir ce qui s’est passé au juste.
– L’attaquant Amine Aoudia a eu plusieurs occasions face au TP Mazembe, mais il a fait preuve de manque de réalisme. Il aurait donné une autre tournure à la rencontre s’il avait concrétisé l’occasion qui s’était présentée à lui au début de la partie…
– Il y avait une grande pression sur Aoudia. L’équipe s’est créé une nette occasion de scorer au début de la partie, malheureusement on l’a ratée. Il ne faut pas lui en vouloir.
– Certains s’attendaient à ce que Yaâlaoui joue titulaire, d’autant qu’il est le meilleur buteur de l’équipe avec deux buts, ce joueur n’était-il pas prêt à jouer d’entrée ?
– Non, Yaâlaoui était prêt, mais comme j’ai joué avec le 4-4-2, j’ai opté pour deux attaquants puissants, à savoir Aoudia et Asuka. Je l’ai aligné au début de la deuxième mi-temps pour pousser davantage le jeu.
– Dites-nous en toute sincérité, si c’était à refaire, auriez-vous apporté des changements dans le onze titulaire ?
– Je ne changerai rien. J’ai aligné les joueurs les plus frais et j’ai demandé aux joueurs de garder leur concentration jusqu’à l’ultime minute de la partie. On pensait que la défense du TP Mazembe était fébrile, mais elle a fait preuve d’une grande solidité à Tizi Ouzou. Marquer deux buts, ce n’était pas une sinécure, surtout que notre adversaire a joué derrière.
– Coulibaly a quitté le terrain en pleurs lors de son remplacement par Rial, vous étiez sûrement ému à ce moment-là ?
– Coulibaly a fait d’énormes sacrifices pour que la JSK se qualifie pour la finale. Il a toujours été un combattant sur le terrain, malheureusement face au TP Mazembe, il ne pouvait pas terminer la rencontre pour le motif que vous connaissez déjà.
– L’absence de Belkalem pour cause de blessure n’a-t-elle pas faussé vos calculs ?
– C’est toujours gênant de ne pas avoir un joueur comme Belkalem dans son équipe, je tiens néanmoins à vous dire que le problème face au TP Mazembe n’était pas sur le plan défensif. J’ai aligné Coulibaly aux côtés de Rial, mais après la blessure du premier, j’ai incorporé Berchiche à sa place. On devait marquer deux buts pour se qualifier et on ne l’a pas fait. C’était notre destin.
– Ne croyez-vous pas que Remache était le meilleur joueur de la JSK sur le terrain ?
– Remache a fait une belle première mi-temps, mais en deuxième mi-temps, il s’était éteint un peu. Il a raté ses centres, mais je dirais que dans l’ensemble, il a fait un bon match.
– Quels sont les joueurs qui vous ont donné satisfaction et ceux qui vous ont déçu durant ce match ?
– La force de la JSK réside dans l’esprit du groupe et le collectif. C’est ce qui nous a permis de réaliser un parcours sans faute durant la phase des poules.
– Malgré l’élimination, les supporters ont longuement applaudi l’équipe à la fin de la rencontre…
– C’est vrai que les gens étaient positifs après la rencontre. On a disputé 14 rencontres en cette Ligue des Champions d’Afrique et on n’a perdu que deux matches durant toute notre aventure africaine. Je pense que celle de Lumumbashi était celle de trop. On aurait pu revenir avec un meilleur résultat qu’une défaite de trois buts à un de notre déplacement au Congo. J’estime que ce n’est pas aisé de remonter deux buts d’écart. Je vous cite l’exemple du FC Barcelone qui s’est incliné par trois buts à un à Milan face à l’Inter lors de la demi-finale de la Ligue des champions et qui n’a pu remonter le score à Barcelone. Bien que l’élimination soit amère, il faut reconnaître qu’on a atteint le carré d’as et notre parcours dans cette Champions League est respectable.
– Ne pensez-vous pas qu’il vous sera difficile de remotiver les joueurs pour le championnat, après cette élimination ?
– C’est mon travail, et je discuterai avec les joueurs à partir d’aujourd’hui. Cela dit, je remobiliserai le groupe dès le premier jour de la reprise des entraînements.
– Est-il vrai que vous avez déclaré à la fin de la rencontre que désormais l’objectif est de gagner le championnat ?
– La JSK a toujours joué les premiers rôles et le titre sera un bon challenge pour nous. Autrement dit, l’objectif est le championnat et on fera tout pour le remporter.
– La JSK participera à la Coupe de la CAF, est-ce que vous songez déjà à ce challenge ?
– Je dirais que la priorité maintenant est le championnat et on aura tout le temps pour la Coupe de la CAF. On a vécu une merveilleuse aventure en Champions League et on essayera de faire de même en Coupe de la CAF.
– Avez-vous suivi la rencontre de l’autre demi-finale qui a opposé l’Espérance de Tunis au Ahly du Caire ?
– Oui, il y a eu beaucoup d’engagement dans ce match. Le but a été inscrit de la main par le joueur de l’Espérance et je pense qu’il faut recourir à la vidéo pour que les arbitres ne commettent pas ce genre d’erreur.
– Ne croyez-vous pas que si la JSK s’était qualifiée à la finale, elle aurait aspiré à remporter cette Champions League ?
– Bien sûr, si on s’était qualifiés à la finale, nos chances de remporter cette coupe auraient été de 50%. Malheureusement, on s’est fait éliminer en demi-finales. Je dirais qu’on était mieux dans les poules qu’en demi-finales.
– Est-ce vrai que vous songez à utiliser Younès comme meneur de jeu ?
– C’est une éventualité à ne pas écarter. Younès n’était pas qualifié pour la Ligue des cdampions d’Afrique, maintenant on verra s’il pourra jouer comme meneur de jeu en championnat.
– Khalef a déclaré dans les colonnes de Liberté que la JSK a besoin d’être renforcée par un arrière gauche, un milieu défensif et un attaquant…
– Khalef a raison de parler des renforts. Si on trouve des joueurs mieux que les nôtres, ça serait bien de faire appel à eux.