Les inquiétudes à propos de la menace que représentent les gaz non conventionnels ne cessent de grandir. Ainsi après l’Algérie, c’est la Russie qui affiche certaines appréhensions.
C’est dans ce contexte justement que le géant russe Gazprom s’est dit inquiet de perdre des marchés à cause de la hausse inattendue de la production gazière aux Etats-Unis, favorisée par de nouvelles techniques d’extraction.
Dans un document qui a été présenté au conseil d’administration hier, le groupe souligne la chute des ventes de gaz, notamment en Europe.
« La situation est aggravée par ce qu’on appelle la révolution dans l’extraction de gaz à partir de sources non-traditionnelles aux Etats-Unis », est-il écrit. « Si’il y a quelques années, aucune organisation (…) ne tablait sur une hausse rapide de la production de gaz aux Etats-Unis, aujourd’hui, toutes les entreprises parlent des perspectives de la production de gaz de schiste qui peut modifier fondamentalement le marché mondial du gaz », explique le document. Le gaz de schiste, contenu dans certaines roches, est réputé difficile à extraire mais son potentiel est gigantesque.
Les progrès des techniques d’extraction ont conduit les compagnies énergétiques à demander des droits d’extraction dans des endroits inhabituels, tels que l’Etat de New York. « Les surplus de gaz aux Etats-Unis ont déjà mené à une réorientation du gaz naturel liquéfié vers les marchés des pays de l’Union européenne », constate encore Gazprom.
Il est utile de rappeler dans ce contexte que le ministre de l’Energie et des Mines, M. Chakib Khelil, a affirmé, récemment, dans un entretien accordé au journal jordanien « El Sabil », que les contrats d’exportation de gaz naturel à long terme des pays producteurs « sont confrontés à une réelle menace » et que le Forum des pays exportateurs de gaz (Fpeg) devrait réagir aux mutations du marché gazier mondial.
M. Khelil a expliqué que le marché mondial du gaz a connu de grands changements en une courte période, ajoutant qu’actuellement, »l’offre dépasse la demande et les prix du gaz dans les marchés des contrats spot et à terme ont reculé à de faibles niveaux, et une menace réelle existe pour les contrats d’exportation de gaz à long terme ».
Il faut dire que le développement du gaz non conventionnel par les Etats-Unis est en train de bouleverser le marché mondial du gaz. Cette évolution, qui est due à des technologies innovantes dans le domaine, commence d’ores et déjà à se faire sentir sur le marché classique du gaz. Il convient de signaler que le gaz non conventionnel représente à peine 4 % des réserves mondiales de gaz, selon les estimations de l’Agence internationale de l’énergie (AIE).
Mais il a assuré 12 % des volumes produits dans le monde l’an dernier.
En 2030, le gaz non conventionnel devrait représenter près de 60 % de la production américaine de gaz, contre à peine 30% en 2000, selon l’AIE. Depuis 1990, la production de ce type de gaz a quasiment été multipliée par 4 aux Etats-Unis, pour atteindre 300 milliards de mètres cubes l’an dernier.
Soit plus de la moitié des volumes extraits du sous-sol américain. Cela a d’ailleurs attisé l’appétit de nombreuses majors énergétiques. Le groupe français total vient de passer la deuxième transaction en moins d’un mois dans le secteur du gaz non conventionnel. Ainsi, après l’achat de XTO par Exxon Mobil, le 14 décembre, le géant pétrolier français Total annonce l’achat d’une participation dans l’américaine Chesapeake Energy (CHK).
Samira G.