Gazoduc transsaharien : Alger fait appel aux Indiens

Gazoduc transsaharien : Alger fait appel aux Indiens

L’Algérie souhaite une implication des entreprises indiennes dans le grand projet de gazoduc transsaharien (TSGP) entre le Nigeria et l’Algérie via le Niger.

« Nous avons besoin de plus de partenaires étrangers hors d’Europe pour ce projet de plus de 4.000 km de long », a indiqué l’ambassadeur d’Algérie en Inde, M. Mohammed Hacene Echarif. L’ambassadeur algérien, qui s’exprimait dans un entretien accordé à l’agence Indo-Asian News Service (IANS), a souhaité que les entreprises indiennes ne se contentent pas de s’intéresser à la seule constitution du capital mais qu’elles participent à la réalisation du projet. Sonatrach est déjà liée par des contrats avec la compagnie publique « Indian Oil Corp ».

Sonatrach est engagée en Libye avec Oil India LTD (OIL) et Indian Oil Corp (IOC) dans l’exploration de deux blocs dans le bassin de Ghadamès en Libye où une découverte de pétrole avait été enregistrée en 2009.

D’où l’appel de l’ambassadeur algérien à un engagement des entreprises indiennes dans le mégaprojet de gazoduc transsaharien pour lequel des entreprises européennes (Gazprom, ENI, Shell, Total) ont manifesté leur intérêt.

L’ambassadeur algérien a souhaité au passage que les échanges commerciaux entre l’Algérie et l’Inde passent de deux à 5 milliards de dollars au cours des trois prochaines années et qu’il est crucial d’explorer d’autres domaines que l’énergie.

« L’Inde est un très bon partenaire car le niveau de confiance politique entre nous est très élevé. Nous l’avons vu en de nombreuses occasions dans le passé lorsque nous avons eu besoin de l’aide étrangère, l’Europe nous l’a refusée, l’Inde a accepté. C’est une question de confiance ».

RELANCER LE PROJET

La sollicitation d’une participation indienne, voire chinoise, est sans doute un moyen d’essayer de redonner vie à un projet qui suscite beaucoup d’intérêt mais dont la mise en oeuvre tarde.

En juillet 2009, un accord intergouvernemental entre l’Algérie, le Nigeria et le Niger, signé à Abuja, a constitué une sorte de « rafraichissement » à un projet qui doit mobiliser la coquette somme de 12 milliards de dollars.

D’une longueur de 4.128 kilomètres – 1037 au Nigeria, 841 Niger et 2.250 en Algérie –, le TSGP doit relier, à travers le Niger, les champs gaziers du Nigeria au terminal de Béni Saf en passant par Hassi R’mel. Le Nigeria est classé au 7ème rang en termes de réserves de gaz dans le monde avec 5.200 milliards de m3.

Le projet, né en 2002, a été bien accueilli par l’Europe, sur le plan du discours au moins, qui y voit un moyen de réduire sa dépendance à l’égard de la Russie. Il est, en raison de ses retombées économiques et sociales, inscrit parmi les projets prioritaires dans le cadre du Nepad (le nouveau partenariat pour le développement de l’Afrique).

Le projet profitera non seulement au Nigeria mais également au Niger et serait accompagné d’une connexion en fibre optique transafricaine. Pour la question du financement qui pose le plus de problème, on tablait sur l’idée d’adosser l’investissement à des contrats de livraison de 15 ans.

Le problème est que dans l’état actuel du marché gazier, les contrats de livraison à long terme n’ont plus la cote. L’engagement de nouveaux investisseurs, indiens ou chinois, dans ce grand projet pourrait être une solution.