Gaz de schiste : une confidence de Fabius sur un accord avec l’Algérie fait des vagues

Gaz de schiste : une confidence de Fabius sur un accord avec l’Algérie fait des vagues

L’Algérie et la France vont signer prochainement un accord permettant des recherches françaises dans le domaine de l’exploitation du gaz de schiste indique l’hebdomadaire Le Point faisant état d’une « confidence » faite jeudi par Laurent Fabius, ministre français des affaires étrangères. La « confidence » a suscité déjà une réaction hostile du « collectif euromaghrébin anti-gaz de schiste ». Un collectif français anti-gaz de schiste fait la comparaison avec les essais nucléaires de Reggane.

Un petit groupe de journalistes français a reçu des confidences de Laurent Fabius et une « information » sur la signature prochaine d’un accord « permettant des recherches françaises sur le territoire algérien dans le domaine de l’exploitation des gaz de schiste ».

Après avoir rappelé que les verts français sont hostiles à l’exploitation du gaz de schiste mais que le gouvernement ne renonce pas « à l’idée d’un mode d’exploitation moins dangereux pour l’environnement que la fracturation hydraulique, le seul disponible actuellement », le Point indique que l’Algérie va être le lieu où s’effectueront ces recherches. Le tout assorti d’une pic, plutôt désobligeante, « les Algériens, eux, ne risquent pas de râler ». En réalité, ceux qui sont engagés en Algérie contre le gaz de schiste et s’inquiètent des risques environnementaux  « râlent » déjà.

Le Dr Moussa Kacem, Maître de Conférences à l’université d’Oran (Algérie) a publié, hier, au nom du«Collectif euromaghrébin anti-gaz de schiste » a dénoncé un éventuel accord et a renouvelé l’opposition à cette « activité de quelque type que ce soit, exploration ou exploitation » qui est désastreuse « pour la nature, pour les écosystèmes et pour la santé des populations sahariennes ou non sahariennes, car les effets de contamination touchent tout le monde ».

Les opposants réunis demain à Oran à la Ligue

Cette « confidence » de Fabius va être au cœur de la rencontre, déjà prévue, pour demain, samedi 22 novembre, au siège de la Ligue des droits de l’homme à Oran (48, rue des Aurès, ex Bastille). La rencontre devait être centrées sur les énergies alternatives au gaz de schiste et défendre l’idée d’une loi sur l’interdiction de la  fracturation hydraulique en Algérie. Le Collectif Euromaghrébin Anti-gaz de Schiste œuvre à fédérer l’action anti-gaz de  schiste au Maghreb. Selon le collectif, le gaz de schiste est « en exploitation » en Tunisie, des permis ont été octroyés au Maroc, des explorations sont en cours en Algérie alors qu’en Europe, c’est le moratoire.

L’Algérie, rappelle-t-on, est en passe d’amender la loi sur les hydrocarbures afin d’encourager l’investissement dans l’exploration de l’amont pétro-gazier ainsi que dans le gaz de schiste. Pour les défenseurs de cette option, dont le ministre de l’énergie et d’anciens cadres de Sonatrach, l’exploitation du gaz de schiste est « nécessaire » pour renouveler les réserves et assurer aussi bien la consommation interne que des exportations. Face aux critiques et appréhensions exprimées par les anti-gaz de schiste, le Premier Ministre, Abdelmalek Sellal a affirmé que l’exploitation n’aura pas lieu avant 2040. Une projection qui laisse sceptique les experts.

Un article de B.Mahdi publié sur notre site et qui a eu un très fort écho explique pourquoi ce délai parait intenable. Par ailleurs, un expert s’étonne qu’il puisse y avoir un « accord » entre Etats (Algérien et français) sur cette question alors qu’elle concerne au premier chef les entreprises. Y compris dans les aspects liés à la recherche de mode d’exploitation moins dangereux que la fracturation hydraulique.

« En droite ligne de l’héritage colonial »

En France, le réseau RHONALPIN des collectifs opposés à l’exploitation des gaz et huiles de schiste a estimé que les recherches que le gouvernement français compte mener en Algérie sont un signe que qu’il compte exploiter « les gaz de schiste ailleurs, puis en France ».

Le réseau met en doute la « valeur de ces expérimentations au regard des milieux géologiques, naturels et socio-économiques profondément différent de la réalité française » et estime que leur objectif est de « présenter une évolution de la fracturation hydraulique comme propre afin d’obtenir l’agrément des citoyens français ».  Le réseau fait référence à l’histoire en estimant que ces recherches sont dans la « droite ligne de l’héritage colonial ».

« 55 ans après avoir effectué les premiers essais nucléaires dans le Sahara algérien, la France s’apprête à nouveau à tester ses technologies controversées en territoire nord africain » estime le réseau RHONALPIN. Cet accord avec l’Etat Algérien « est en totale contradiction avec le discours de François Hollande pour un « partenariat d’égal à égal », jeudi 20 décembre 2012 indique le réseau en renouvelant son « opposition ferme à l’exploration et à exploitation des gaz et huiles de schiste. Ni ici, ni ailleurs ».