L’industrie du gaz de schiste nécessite une réelle maîtrise de la chaîne logistique pour les aspects liés notamment à la gestion de l’eau utilisée dans la fracturation hydraulique et à la cimentation des puits, ont affirmé, mercredi à Alger, des experts du bureau canadien spécialisé en environnement et en énergie Golder Associés.
Dans leurs exposés présentés à la journée d’étude sur la protection de l’environnement dans le développement du gaz de schiste, organisée par l’Association algérienne de l’industrie du gaz (AIG), ces experts ont soutenu que la clé de réussite de tout projet de gaz de schiste est conditionnée par une rigoureuse planification de la chaîne logistique, qui ne doit négliger aucun aspect environnemental du projet.
Pour Gabriel Canahai, un des conseillers auprès de Golder Associés, le stockage et la réutilisation des rejets d’eau des puits de schiste doivent figurer comme une « priorité » dans la phase de planification du projet.
Cette planification suppose des choix que doit prendre la compagnie gazière qui doit définir, au préalable, l’usage de ces rejets d’eau, a-t-il ajouté. En effet, le choix d’utilisation, après recyclage, de cette eau va définir son type de traitement puisqu’il en existe plusieurs, a expliqué Mme Melinda Truskowsky, également experte auprès de ce bureau d’études, qui a affirmé que la qualité de l’eau ne change pas après son traitement.
L’eau utilisée dans la fracturation hydraulique peut aussi être récupérée et réutilisée pour la fracturation d’autres puits, a-t-elle souligné, en observant que des compagnies américaines recourent déjà à ce procédé aux Etats-Unis, leur permettant d’économiser la ressource hydrique.
Mme Truskowsky a considéré que la production du schiste n’est pas l’industrie la plus consommatrice d’eau comme le relèvent souvent certains opposants à l’exploitation de ce gaz non conventionnel puisque l’eau est utilisée une seule fois rien que pour la phase de la fracturation hydraulique et qu’entre 50 et 60% des volumes d’eau injectés sont récupérés par la suite sous forme de rejets du puits et peuvent servir à d’autres usages.
L’eau constitue près de 99,5% du fluide utilisé dans la fracturation hydraulique, les 0,5% restants représentent des additifs chimiques non nocifs pour la santé, affirme de son côté Mme Anna Kaniewska.
« Les propriétés de ces additifs sont connues et la plupart ne sont pas différents de ceux qu’on utilise dans la vie quotidienne », a-t-elle noté. En fait, la gestion et la planification de la fracturation pour protéger l’environnement ont aussi capté l’essentiel du débat de cette journée d’étude.
Selon les experts de Golder Associés, une étanchéité adéquate des puits de gaz éliminera tout risque des fuites gazières qui pourraient contaminer les nappes d’eau.
A souligner que l’Association algérienne de l’industrie du gaz (AIG) a organisé cette journée d’étude au profit de la communauté universitaire, des experts du secteur de l’énergie et des différentes parties prenantes dans le domaine de cette source d’énergie.
L’AIG a inscrit cette action dans le cadre de sa contribution pour asseoir un débat scientifique concernant les aspects environnementaux du gaz de schiste. Intervenant à l’ouverture de cette journée d’étude, M. Rachid Bessaoud, membre du conseil de l’AIG et chercheur et expert en environnement, a souligné que l’AIG « ne peut ignorer le débat actuel sur le gaz de schiste qui suscite un engouement grandissant dans le pays, tout comme elle ne saurait éluder les controverses relatives aux impacts liés aux questions environnementales ».
A cet effet, l’association a convié des spécialistes canadiens du bureau d’études international Golder Associés, spécialisé dans les sciences de la Terre, de l’environnement et de l’énergie.
Les conférences présentées lors de cette journée ont pour but de permettre aux participants d’avoir une vue d’ensemble sur les enjeux opérationnels et techniques entourant la préservation de l’environnement dans le cadre du développement des gaz de schiste.
Les experts de Golder Associés, relevant de ses bureaux du Canada, de l’Afrique du Sud, des Etats-Unis et de la Pologne, ont présenté les meilleures pratiques dans le domaine de l’exploitation du gaz de schiste à travers le monde.
Il s’agit des cas réels de leçons apprises et de solutions concrètes mises en £uvre pour réduire les impacts environnementaux des différentes opérations liées au développement des gaz de schiste, et à leur exploitation.
Le programme de cette rencontre s’articule autour des questions liées, entre autres, aux opportunités de développement du gaz de schiste, aux impacts environnementaux, à la protection des ressources en eau, au contrôle de la fracturation, aux techniques alternatives à la fracturation hydraulique (fracturation sèche) et aux expériences analogues au contexte algérie (zones arides).