Dans des « confidences » rapportées par l’hebdomadaire français Le Point, le ministre des Affaires étrangères, Laurent Fabius, révèle que son pays va signer, avec le pouvoir algérien, « un accord permettant des recherches françaises sur le territoire algérien dans le domaine de l’exploitation du gaz de schiste ». Il s’agirait « d’expérimenter une alternative à la fracturation hydraulique sur le territoire algérien ».
Cet accord s’il venait à se confirmer ne manquera pas de rappeler au bon souvenir des algériens le volet douloureux des accords d’Evian qui permettait les essais nucléaires sur le territoire algérien. Le comble est que ces « nouveaux essais » pouraient probablement se dérouleront dans la même région du sud Algérien : Reggane.
Une telle perspective est à tous les égards scandaleuse et condamnable. D’abord elle vient d’un Etat qui pour préserver son propre territoire s’est interdit toute activité liée aux gaz de schistes, prospection incluse. En second lieu, s’agissant des techniques d’exploitation de cette ressource, François Hollande l’affirmait, lui-même, lors de la conférence écologique : « Il n’existe pas d’alternative à la fracturation hydraulique« . Quel est donc le nom de cette nouvelle technique ? Et comment règle-t-elle les épineux problèmes liés à l’écoulement vers la surface des gaz censés être libérés par la fracturation, en dehors des cocktails de produits chimiques hautement nocifs ? Ce protocole d’accord ne saurait concerner autre chose que l’exploitation du gaz de schistes.
Finalement, devant une telle révélation, qui fait resurgir à la surface des rapports fort semblables à ceux dénoncés dans la matinée, il y a tout lieu de s’interroger sur la profondeur de la reconnaissance du caractère brutale et injuste des relations de la France avec son voisin du sud. Si l’expérimentation de la « nouvelle » technique est acceptable en Algérie, la toute fraiche vision des relations bilatérales, égalitaire et respectueuse, devrait faire que cette acceptabilité est valide aussi en France. Sinon il faut croire que les paroles de cette matinée du 20 décembre 2012 ne sont que fumées trompeuses.
Mohand Bakir