Gaz de schiste : Anticiper le tournant énergétique

Gaz de schiste : Anticiper le tournant énergétique
gaz-de-schiste-anticiper-le-tournant-energetique.jpg

Le potentiel de l’Algérie en hydrocarbures non conventionnels, notamment en gaz de schiste, est au moins aussi important que celui des Etats-Unis, a déclaré à la presse le ministre de l’Énergie et des Mines, Youcef Yousfi, hier en marge du workshop international sur les gaz de schiste dans la région MENA (Moyen-Orient et Afrique du Nord), dont les travaux se poursuivent aujourd’hui au centre des Conventions d’Oran .

Cette estimation a été faite à l’issue d’une série d’évaluations menées sur le territoire national, une étape nécessaire, selon le ministre, pour constituer des sortes de pilotes qui permettront de déterminer à l’avenir les conditions d’exploitation de ces hydrocarbures non conventionnels. Les premiers forages-test se feront cette année, ont d’ailleurs annoncé hier certains cadres de Sonatrach.

Ce projet-pilote pour le gaz de schiste sera effectué dans la partie sud-ouest du pays où un gisement a été détecté. Organisée par l’Association algérienne de l’industrie du gaz et l’Union internationale de l’industrie gazière, la rencontre d’Oran regroupe des experts du monde entier, ainsi que des entreprises qui ont fait de l’exploration et de l’exploitation du gaz de schiste une de leurs activités. En effet, en marge des travaux en ateliers, plusieurs entreprises exposent leur savoir-faire dans des stands aménagés dans la grande salle du CCO.

Parmi ces entreprises, Halliburton qui a développé et utilisé le procédé pour la première fois à l’échelle commerciale.

LG Algérie

La fracturation hydraulique, à la fin des années 1940, est un procédé resté longtemps secret avant que les avancées technologiques ne le rendent accessibles à d’autres compagnies et surtout économiquement rentable. Pour information, Le gaz de schiste est un gaz naturel, emprisonné dans du schiste, une roche sédimentaire. Les Etats-Unis sont leader dans l’exploitation de ce type de gaz.

Le département américain de l’Énergie estime que le potentiel US pourrait satisfaire leurs besoins pendant plus d’un siècle.

Dans une allocution d’ouverture, le ministre de l’Énergie et des Mines a estimé que l’exploitation des gaz de schiste est une des innovations les plus spectaculaires de ces dernières années.

La preuve de cette mutation de la donne énergétique se trouve aux États-Unis où, désormais, la moitié de la production gazière de ce pays provient des gaz de schiste. Bien évidemment, au stade actuel, les techniques d’exploration et surtout d’exploitation posent un certain nombres de problèmes, surtout à l’environnement.

Il faut rappeler que la technique dite de la fracturation hydraulique, largement utilisée pour l’extraction des gaz non conventionnels, consiste à injecter des quantités énormes d’eau mélangées à des produits chimiques dans le sous-sol pour fracturer le schiste et favoriser l’extraction du gaz ainsi libéré.

Cette eau «impure», voire empoisonnée, pose, on le devine, des problèmes que de nombreuses associations de par le monde pointent du doigt. Il y a quelque temps, le New York Times, qui a publié des documents confidentiels provenant de l’Agence américaine de protection de l’environnement, l’EPA, a jeté un véritable pavé dans la mare.

Ces documents recensent les puits de forage installés dans l’État de Pennsylvanie où de la radioactivité a été décelée. Des puits d’eau potable titrent une norme au-delà du seuil autorisé en radium, en uranium ou en benzène. Certains pays, sous la pression d’une société civile éveillée et des associations écologiques très actives, ont reporté à une date ultérieure l’exploitation du gaz de schiste de leur sous-sol. En France, par exemple, une loi interdit la technique de la fracturation hydraulique pour exploiter les gaz de schiste. Le ministre a d’ailleurs évoqué dans son discours la persistance d’incertitudes sur cette question en espérant que ce workshop international apporte «un éclairage à même de mieux appréhender les conditions d’une transposition de cette révolution des gaz de schiste à d’autres régions du monde». Face à une demande en perpétuelle croissance en gaz, surtout avec l’arrivée sur le marché de la consommation de géants asiatiques, les pays gaziers anticipent l’essoufflement de leur gisement traditionnel. Ce virage vers l’exploitation de gaz emprisonné dans de la roche augmente les capacités disponibles pour maintenir un niveau de l’ offre qui va de pair avec l’évolution de la demande mondiale.

L’Algérie s’inscrit dans cette stratégie. M. Yousfi a d’ailleurs appelé à encourager les partenariats avec tous les acteurs intéressés et qui disposent de la maîtrise technologique nécessaire au développement de ces ressources dans des conditions optimales. «Aujourd’hui, nous travaillons avec des partenaires qui disposent de l’expertise nécessaire, dans la phase d’approfondissement des études d’évaluation du potentiel très prometteur des gaz non conventionnels.

C’est une nouvelle expérience pour nous, que nous sommes prêts à partager avec les entreprises qui ont démontré leur savoir-faire dans ce domaine», a-t-il notamment dit.

M. Koursi