Gaz Butane ,Naftal impose son monopole aux enfûteurs privés

Gaz Butane ,Naftal impose son monopole aux enfûteurs privés

Le président de la Confédération générale des entreprises algériennes estime que “Naftal a contribué au mécontentement de la population au moment où il fallait soulager les misères”

Routes coupées, camions de butane pris d’assaut… les actions de protestation se sont multipliées durant les intempéries dans quasiment toutes les régions du pays, en réaction à une pénurie de gaz butane pour le moins cruelle.

Pour Naftal, la pénurie résulte de la forte demande, imprévue, sur la bonbonne de gaz engendrée par l’intensité du froid qui a sévi pendant plus de 15 jours. “Les moyens sont disponibles mais la demande est énorme. Nous n’avons jamais connu un tel afflux. Nous vendons des quantités énormes. Chose que nous n’avons jamais connue par le passé. Nous vendons 700 000 bonbonnes par jour”, avait indiqué le P-DG de Naftal. Prise au dépourvu, la direction générale de Naftal n’a pas vu venir le coup. “Nous n’avons jamais connu ces intempéries depuis des dizaines d’années. L’intensité de l’hiver de cette année a tout consommé en l’espace d’un temps réduit. Tout ce que nous avons préparé s’est avéré insuffisant”, a-t-il, argué. Mais pour beaucoup, la vague de froid a montré l’incapacité de Naftal à subvenir aux besoins de la population en matière de gaz butane. “Si nous constatons aujourd’hui qu’il y a pénurie de bonbonnes de gaz, cela signifie que la responsabilité est bien définie. Elle relève de Naftal, incapable d’assurer une distribution au large public”, estime Habib Yousfi, président de la Confédération générale des entreprises algérienne (CGEA). “Elle a contribué au mécontentement de la population, au moment où il fallait soulager les misères”, a-t-il ajouté. Sayeh Hamid, secrétaire général chargé de l’organique à la Confédération générale des entreprises algériennes, à laquelle sont affiliés les enfûteurs privés, rappelle que Naftal a cessé, depuis début janvier, d’approvisionner en gaz les stations privées d’enfûtage. Cette décision a été prise à l’expiration, le 31 décembre 2011, de la convention de location avec Naftal, négociée en juillet 2007.

Pendant 21 jours, les enfûteurs privés n’ont pas été approvisionnés, engendrant une production en moins de 2 500 tonnes de vrac, l’équivalent de 195 000 bouteilles non produites. “Les anciens contrats n’ont pas été renouvelés d’où la crise”, indique le président de la CGEA, relevant que “Naftal veut imposer un type de contrat en sa faveur pour conforter son monopole dans l’enfûtage et la distribution”. C’est la lecture également du président du Forum des chefs d’entreprise qui, sur le journal électronique TSA, a indiqué que “depuis le début de l’année, Naftal veut leur imposer de nouveaux contrats de sous-traitants, de type monopole, d’une façon unilatérale et qui ne prend pas en compte leurs intérêts”. Les réunions avec les dirigeants de Naftal n’ont abouti à aucun résultat concret. Le président de la Confédération générale des entreprises algériennes souligne que Naftal maintient ses positions et refuse de passer à un autre type de relations commerciales. “Elle veut simplement imposer ses points de vue sur le plan commercial et de distribution sous l’angle de monopole”, regrette M. Yousfi. Naftal, selon M. Sayah, a exigé des enfûteurs privés de signer un contrat de processing, devenant ainsi des sous-traitants pour le compte de Naftal. Au départ, les enfûteurs privés n’ont pas accepté de parapher le contrat. “Ensuite, 11 enfûteurs privés sur 14 ont, finalement, accepté de signer la convention. Trois importants centres d’enfûtage, dont les capacités dépassent les 25 000 bouteilles/jour, n’ont pas signé la convention”, a indiqué M. Sayeh. “Naftal pensait qu’avec ses 41 centres d’enfûtage, elle pouvait satisfaire la demande de la population. La vague de froid a révélé que Naftal était incapable de satisfaire la demande”, a-t-il constaté. Il faut dire qu’en janvier déjà, les enfûteurs privés de gaz butane avaient averti “sur la pénurie de bouteilles qui pourrait toucher plusieurs localités, notamment rurales”, dénonçant “l’entêtement” de Naftal, en dégageant leur responsabilité. Le temps, ou plutôt le mauvais temps, leur a donné raison. “Nous avons signé la convention pour éviter l’hiver algérien, en référence au Printemps arabe”, nous a indiqué un enfûteur privé, précisant que la convention ne l’arrange pas. “Nous ne sommes pas libres. Nous sous-traitons pour Naftal et nous enfûtons exclusivement les bouteilles de Naftal. 50% vont vers Naftal”, s’insurge cet opérateur. Pis, Naftal refuse que les privés remplissent leurs propres bouteilles, alors que certains enfûteurs privés possèdent un stock important de bouteilles. Résultat : la bonbonne de gaz a atteint dans certaines régions 1 800 dinars. Le président du FCE réclame l’ouverture du marché de l’enfûtage de gaz au privé et la mise en place d’une autorité de régulation qui veillera aux intérêts de chaque partie. “Les contrats unilatéraux, ça suffit ! Aujourd’hui, les privés veulent dépendre directement de Sonatrach parce que les conditions de Naftal procèdent d’une vision stalinienne du marché”, a ajouté M. Hamiani, cité par TSA. Pour le président du FCE, Naftal n’est pas en mesure de répondre favorablement à la demande nationale en gaz butane et en carburants. “On l’a vu lors de la pénurie d’essence dans la région ouest et on le constate maintenant avec cette vague de froid exceptionnelle”, a-t-il rappelé. Toutes nos tentatives de joindre les responsables de la société Naftal, pour obtenir leur point de vue, ont été vaines. Nous avons contacté à plusieurs reprises la direction de la communication, nous leur avons même envoyé des SMS, mais nous n’avons reçu aucune réponse.

M R