La responsabilité du gaspillage de pain n’incombe pas au seul consommateur. L’Office algérien interprofessionnel des céréales (Oaic), accuse les boulangers qui ne fournissent aucun effort pour produire un pain de qualité, qui se conserve et non celui qui est immangeable le jour d’après.
Connus pour leur consommation excessive de pain, les Algériens ont pris cette habitude de gaspiller à outrance cet aliment de base durant toute l’année. Le pain fait partie des produits alimentaires les plus demandés. Ainsi, de grandes quantités de pain sont achetées quotidiennement qui, malheureusement, ne seront pas toutes consommées. Et comme le pain de la veille est rarement consommé le lendemain à cause de sa qualité médiocre, d’énormes quantités sont jetées.
Néanmoins, cela demeure toujours du gaspillage. Les poubelles des quartiers des grandes villes où ce phénomène est plus répandu, débordent de sacs pleins de pain rassis ou même frais, car ne datant que de la veille. Pour le directeur général de l’Office algérien interprofessionnel des céréales (Oaic), Mohamed Belabdi, le gaspillage de pain par les ménages (quelque 7 millions de baguettes par jour sont jetées quotidiennement dans les poubelles), cette situation n’incombe pas au seul consommateur. D’après lui, il est primordial d’appliquer et de faire respecter un cahier des charges permettant aux boulangers de produire un pain de qualité, qui se conserve et non celui qui est immangeable le jour d’après.
La Fédération nationale des consommateurs avait d’ailleurs fait état, à ce propos, qu’au moins 20 millions de baguettes de pain achetées sont ramassées par les services d’assainissement quotidiennement. Ce que viendra confirmer récemment une étude économique en révélant que l’Algérien consomme entre 500 et 900 g de pain par jour et qu’entre 150 et 200 g se retrouve dans les poubelles.
Mais si les Algériens accompagnent la majorité de leurs repas avec du pain, accordentils de l’intérêt à sa qualité ou à sa valeur nutritive ? De toute façon, les boulangeries que comptent actuellement l’Algérie n’offrent pas beaucoup de choix. La plupart misent sur la quantité et produisent seulement du pain normal ou dit «blanc». La qualité reste à désirer et ceux qui offrent du pain d’orge, pain noir ou complet, pain à base de semoule… sont généralement des boutiques spécialisées en la matière et le propose à des prix forts.
Encore, ces dernières se comptent sur le bout des doigts et ne répondent pas à la demande des consommateurs. Ainsi, s’il existe des dizaines de variétés de pain, l’Algérien n’en consomme généralement qu’une seule, à savoir le pain normal. Même les ménages algériens semblent avoir perdu la tradition de préparer leur propre pain de maison dit matlouh ou kasra. Les boulangers expliquent cette situation par la qualité du pain qui reste médiocre à cause de la farine utilisée. Ainsi, le boulanger est obligé d’apporter les correctifs nécessaires à même d’obtenir un pain «mangeable».
Il s’attarde de ce fait sur la fermentation et les levures. Mais il paraît également que l’absence d’une formation de qualité des boulangers est aussi derrière cette négligence dans la production de pain. Pour un pays qui consomme autant de pain, ne pas former des boulangers est difficile à admettre. Déjà que le régime alimentaire des Algériens n’est souvent pas très équilibré et sain, les repas pas très riches en calories, le consommateur aura un grand manque en matière d’énergie si le pain qu’il consomme est également non nutritif.
L. A. R.