Le gaspillage alimentaire a coûté au Trésor public plus de 500 milliards de centimes.
Une moyenne de 5 millions de baguettes sur 50 millions produites quotidiennement sont jetées dans les poubelles, ont annoncé récemment des responsables au ministère du Commerce au Forum d’El Moudjahid. Ce chiffre vertigineux est enregistré durant les jours ordinaires de l’année.
«Le calcul sera bien difficile et compliqué pour ce qui est de la période du mois de Ramadhan, où la frénésie d’achat fait des siennes auprès du consommateur algérien», ont-ils ajouté. Ce phénomène têtu est-il à ce point fatal pour que les Algériens n’arrivent pas à s’en débarrasser et se guérir?
La réponse est non, selon, Abdelaziz Aït Abderrahmane, directeur général de la régulation et de l’organisation des marchés au ministère du Commerce.
Le gaspillage alimentaire, est le résultat de nombreux facteurs, a-t-il précisé.
L’élément de sensibilisation contre ce phénomène devant impliquer et être porté par tous les secteurs, laisse encore à désirer dans notre pays.
Le rôle des associations de protection des consommateurs n’est pas assumé convenablement. Ces dernières, en dépit de leur existence sur le papier, ne font pas grand-chose et ne se manifestent qu’ occasionnellement. «Or le travail de sensibilisation des consommateurs doit être continu et massif. Il doit cibler tous les endroits où le consommateur- petit et grand- peut se trouver», a-souligné M.Aït Abderahmane, expliquant que le gaspillage alimentaire ne se pose pas dans d’autres pays, parce que justement ces associations jouent tel qu’il se doit leur rôle et elles sont constamment présentes sur le terrain». Et de poursuivre: «La tendance dans ces pays est maintenant la protection spécifique des produits.» Afin de remédier à cette défection du mouvement associatif, l’invité du forum d’El Moudjahid a fait savoir que sa tutelle a signé des protocoles d’accord avec le ministère des Affaires religieuses portant sur la programmation des séances de sensibilisation quant à la lutte contre le phénomène du gaspillage alimentaire, en rappelant que notre religion condamne et dénonce le gaspillage sous toutes ses formes et que les gaspilleurs sont maudits et sont les frères du diable.
Par ailleurs, il est à noter que parmi les produits alimentaires qui sont le plus concernés par le gaspillage particulièrement durant le mois du Ramadhan, il y a le pain, le lait et les légumes, et à un degré moindre les viandes.
Selon l’Union nationale des commerçants et des artisans algériens (Ugcaa) qui a mené tout une étude dans ce sens il y a deux ans, sur environ 120 millions de litres de lait achetés par jour, 12 millions de litres partent à la décharge. Quant aux légumes sur les 10 millions de quintaux de légumes consommés pendant le mois sacré, 500.000 quintaux sont jetés à la poubelle.
L’étude de l’Ugcaa, a fait ressortir que toutes les couches de la société algérienne gaspillent pendant le mois de jeûne bien que le plus grand nombre de déchets a été enregistré dans les quartiers dits huppés.
Le gaspillage alimentaire, a conclu par ailleurs l’étude de l’Union générale des commerçants et des artisans algériens, a un coût pour le Trésor public. Celui-ci est estimé rien que durant le mois de Ramadhan à près de 500 milliards de centimes. Citant les raisons du gaspillage alimentaire en Algérie, l’étude de l’Ugcaa a placé en premier lieu les prix raisonnables de beaucoup de produits de base tels que le pain, le lait, le sucre qui sont subventionnés par l’Etat.
La deuxième raison est la coïncidence parfois de l’avènement du mois de Ramadhan avec l’arrivée sur le marché de grandes quantités de légumes produits localement. S’agissant des produits subventionnés par l’Etat, plusieurs solutions ont été proposées par des experts et économistes préconisant la restriction des couches devant bénéficier de ces prix subventionnés, afin que les riches qui sont par définition de grands gaspilleurs ne profitent pas de cette aubaine et gaspillent encore davantage.