» Parce que les responsables d’une garderie sise à Alger-centre, avaient refait la peinture de leur établissement, on doit payer une augmentation de 50 % pour la garde de notre enfant « , a confié Sabrina fonctionnaire de son état.
L es garderies sont sans aucun doute un commerce florissant dans notre pays. Ce nouveau commerce est en augmentation constante d’année en année. Le grand souci des parents, à chaque rentrée scolaire, est de laisser leurs progénitures entre de bonnes mains et à moindre coût. Mais, le rêve semble loin de la réalité.
Les tarifs font fuir les parents, et la qualité d’accueil laisse à désirer. Deux constats qui ne répondent guerre aux attentes de nombreuses familles. Il faut dire que les tarifs des garderies augmentent chaque année. « Les tarifs dans les garderies privées sont exorbitants, ils varient entre 9.000 et 10 000 DA. J’ai trois enfants et je paye 9.000 Da pour chacun.
C’est quand même exagéré « , dira un fonctionnaire. » Il faut que l’un de nous quitte son travail, pour s’occuper des enfants, sinon, notre argent et l’éducation de nos enfants partirons en fumée « , témoigne un père de famille. Les établissements privés les plus chers justifient leurs prix par d’autres charges subies par les propriétaires.
Sachant que les goûters reviennent aux parents, ainsi que les couches pour les bébés en bas âge. Les livres pour ceux ayant plus de trois ans, ne sont pas inclus dans les frais d’inscription. Chaque parent doit acheter des livres pour ses enfants. D’autres pratiquent des prix trop élevés par rapport à la forte demande. C’est le moment ou jamais de s’enrichir, vu que le nombre de garderies ou de crèches publiques restent très en deçà des besoins. « Chaque année, les prix augmentent. Cette année aussi, parce que la patronne a dû repeindre la garderie, elle nous a exigé une augmentation », s’indigne sabrina.
Le parcours du combattant des parents
Trouver une place au niveau d’une crèche ou une garderie publique relève du parcours du combattant, surtout pour les nouveaux parents, car les habitués renouvellent leurs places à chaque fin d’année. La liste donc est presque pleine avant même la rentrée, avec quelques places libres, occupées auparavant par des enfants qui quittent cet espace pour être scolarisés dans une école normale.
En effet, à chaque reprise du travail, trouver un espace adéquat pour leurs enfants, est le souci majeur pour les parents surtout dans les crèches publiques. Un calvaire pour ces derniers qui préfèrent les garderies étatiques au regard des prix qu’elles pratiquent. L’inconvénient est que le nombre de crèches publiques reste très en deçà des besoins. Le déséquilibre entre l’offre et la demande est tel que la multiplication des garderies privées n’a pas réussi à combler les besoins. Même si les parents parviendraient à trouver une place pour leur enfant, ils ne sont pas au bout de leurs peines.
De l’avis de nombreuses familles, en dépit des prix élevés pratiqués dans ces établissements, les conditions d’accueil des bambins, dans nombre de garderies, ne sont soumises à aucune norme. L’incompétence du personnel exerçant dans les garderies, la surcharge, l’absence de règles de sécurité et d’hygiène, la maltraitance, la gestion chaotique et la négligence, sont autant de déficits relevés dans ce domaine. En résumé, l’activité pédagogique n’est pas totalement absente, mais reste relative selon le personnel employé dans chaque établissement.
Nombre de parents ne se rendent pas à leur lieu de travail en ayant l’esprit tranquille. Malgré la prise de conscience de certains parents sur cette amère réalité, quelques-uns se disent contraints de subir cette négligence, car n’ayant aucun autre recours, ils se retrouvent à la merci des propriétaires de ces garderies. « En allant récupérer ma fille de six mois à la garderie où elle est accueillie, sis à Algercentre, j’ai été terrifiée en constatant qu’elle avait une peau irritée et quelle portait une couche de qualité médiocre, alors que moi je n’utilise que des couches qui me coûtent cher rien que pour éviter à ma fille une allergie. J’ai commencé à crier, ce ne sont pas les couches que j’utilise pour ma fille, ou sont les miennes ? s’estelle écrié.
Figurez-vous que la responsable de la garderie m’a signifiée clairement qu’elles ont dû recourir à d’autres couches parce que ma fille a épuisé toute les couches que j’ai mises dans son sac « , raconte Samah, une mère de famille. Ajoutant que » j’ai fermé les yeux la première fois mais le scénario se répétait chaque jour et les choses s’aggravait « , confie-t-elle indignée. Cette mère de famille a retiré son gosse de cette garderie qu’elle a jugée dangereuse.
La femme a alors opté pour une autre alternative, celle d’abandonner son job, le temps que sa fille grandisse. » J’ai arrêté de travailler, du moins, pour une année, le temps que ma fille puisse faire ses besoins toute seule « . La dame se plaint également de la malnutrition de sa fille. » À chaque fois que je récupère ma fille, elle pleurait de faim. Et pourtant je confiais tout à la garderie ; lait, compléments alimentaires,… « , témoigne encore Samah.
Un créneau négligé
L’éloignement des garderies pose également problème aux familles qui trouvent de la peine à arriver à temps à leur lieu de travail. » Je n’arrive plus à temps à mon travail. Je ne sais plus quoi faire, je dois mettre l’aîné à la crèche de Chéraga et le petit chez une nourrice à Ouled Fayet, pour me rendre ensuite à mon lieu de travail à Hydra « , a déclaré une employée, ajoutant : « ce sont deux trajets différents à faire régulièrement ». Assurer aux enfants un bon développement physique, affectif et mental peut se révéler un véritable chemin de croix.
L’incompétence qui régit dans certains centres d’accueil de la petite enfance est une réalité inéluctable. L’absence de contrôle et les garderies publiques qui sont en déça des attentes, ont laissé le terrain libre au privé qui impose sa loi. Son seul souci est le gain facile à n’importe quel prix.
L. A. R.