Sabres, couteaux, objets contondants, cocktails Molotov, fusils harpons, fusils de signalement de bateaux, bombes lacrymogènes, chiens d’attaque, comme les pitbulls et les rottweilers, sont les «équipements» de plusieurs bandes organisées qui sèment la terreur au niveau de la capitale et de beaucoup d’autres villes du pays. L’insécurité a atteint des degrés inadmissibles et les services de sécurité décident d’y mettre un terme.
Le phénomène des gangs en Algérie, nouvelle forme de délinquance, fait l’objet, pour la première fois, d’une étude analytique réalisée par le bureau d’analyse stratégique et opérationnelle de la direction générale de la sûreté nationale (DGSN). Le constat est horrible. Ces derniers temps des quartiers se sont transformés, en théâtre de batailles rangées entre des gangs instaurant leur loi, au point de créer un climat de terreur et d’insécurité. La singularité de ces nouvelles «organisations» criminelles est qu’elles sont toutes équipées d’un armement d’une extrême dangerosité. Conséquence : les affrontements entre bandes rivales sont caractérisés par une violence inouïe. «Chaque gang cherche à sceller pour toujours sa domination et son contrôle des terrains du trafic de stupéfiants», souligne un commissaire de police, chargé du bureau d’analyse stratégique et opérationnelle au niveau de la Direction de la police judiciaire (DPJ). A cet effet, l’analyse des services de la DGSN est effarante. Les services de police ont enregistré durant l’année 2010, six cas d’affrontements. Les wilayas les plus touchées par ce phénomène en cette période, sont la capitale, Tipasa, Jijel et Tizi Ouzou. Le phénomène s’est même étendu à la wilaya de Béchar au sud-ouest du pays, connue, pourtant, pour être une région calme.
Selon l’étude de la police, les affrontements entre gangs ont augmenté de 100 % durant l’année 2011. Ainsi, un total de 15 cas d’affrontements entre gangs ont été enregistrés dans les wilayas d’Alger, de Tipaza, d’Oran, de Constantine, de M’sila et de Béchar. L’étude analytique de la DPJ a fait également ressortir que les membres de ces bandes criminelles, sont pour la plupart des repris de justice qui veulent occuper le terrain, surtout au niveau des nouveaux quartiers, afin d’imposer leur loi. «Le refus de cohabitation entre les habitants, est aussi à l’origine de ces affrontements armés», note l’étude. Afin de lutter contre ce phénomène, le haut commandement de la DGSN a procédé à la mise en place «d’un plan d’action spécial» pour faire face à la violence urbaine et aux guerres des gangs dans plusieurs quartiers populaires, précise un autre officier de police, qui ajoute que «des mesures ont été prises pour que ce nouveau phénomène ne s’étende pas à d’autres quartiers, à l’instar des incidents enregistrés à Belouizdad, dans la capitale ainsi qu’à Annaba».
Mise à jour de la carte criminelle
Concernant l’action de la police pour contrecarrer ce phénomène, le commissaire de police explique que les services de police ont procédé à la mise à jour de la carte criminelle dans les régions touchées afin de prendre des mesures urgentes selon la spécificité de chaque zone. «Il s’agit d’un dispositif qui tend à préserver l’ordre public par l’occupation du terrain, un travail de proximité auprès des jeunes et leur environnement, dans une perspective de prévention au sens large du phénomène des gangs. Ainsi, la DGSN a dégagé deux axes de travail. En premier lieu, l’organisation de campagnes de sensibilisation en direction des jeunes. «Cette mesure a été efficace», affirme l’officier supérieur. Résultat, «aucun incident n’a été enregistré depuis une année à Birtouta et Diar El-Kef, qui ont été, à plusieurs reprises, le théâtre d’affrontements entre gangs», note le commissaire. En second lieu, les services de police ont renforcé leur présence de façon permanente par le redéploiement des policiers dans ces quartiers et la multiplication des patrouilles au niveau des quartiers les plus touchés par cette délinquance. «Des descentes sont régulièrement effectuées par les éléments de la police judiciaire ciblant des foyers de la délinquance. Il y a aussi le travail de renseignement pour identifier les meneurs appartenant à un gang», conclut l’officier de police.
R. K.