Gaïd Salah: «Le complot a commencé en 2015»

Gaïd Salah: «Le complot a commencé en 2015»

Moncef Wafi

Tout en tenant à rassurer de nouveau les Algériens sur le soutien de l’Armée nationale populaire (ANP) qui «continuera à les accompagner avec la même détermination et résolution», le général de corps d’armée, Ahmed Gaïd Salah, en visite de travail et d’inspection à la 1ère Région militaire (RM), a développé hier un discours musclé en direction de l’opposition. Le chef d’état-major de l’ANP, dont l’intervention était attendue depuis son discours de Ouargla, a évoqué «l’apparition de certaines voix qui ne veulent aucun bien à l’Algérie», accusées de jusqu’au-boutisme en «appelant à l’entêtement et l’acharnement à maintenir les mêmes positions préétablies».

Le vice-ministre faisant certainement référence aux revendications de la rue de voir tomber les 3 B et le départ de toutes les figures ayant incarné le système politique des Bouteflika. Il leur reproche de rejeter toutes les initiatives et de boycotter les démarches «y compris l’initiative de dialogue» matérialisée par la Conférence nationale de dialogue et concertation organisée par le chef de l’Etat par intérim. La position de Gaïd Salah semble tranchée quant à l’avenir proche puisqu’il considère que l’armée refuse catégoriquement un «vide constitutionnel» qui peut faire entrer le pays «dans la spirale de la violence et de l’anarchie». La feuille de route de l’état-major est ainsi inscrite dans la perspective du 4 juillet, date annoncée de la prochaine présidentielle, et met en garde contre «l’incitation à entraver l’action des institutions de l’Etat et d’empêcher les responsables d’accomplir leurs missions».

En effet, depuis leur prise de fonctions, les ministres du gouvernement Bedoui sont systématiquement chahutés lors de leurs sorties sur terrain. Pris à partie, ils ne doivent leur salut qu’à l’intervention des services de sécurité. La situation étant devenue telle qu’ils ont tout simplement décidé de suspendre leurs activités en dehors de leurs bureaux. Cet avertissement vaut engagement de l’armée aux côtés de Bedoui qui devra rester en poste pour préparer le scrutin présidentiel. Une étape inscrite sur l’agenda de Gaïd Salah qui estime que le temps joue contre le pays «car si la situation perdure davantage, elle aura des conséquences néfastes sur l’économie nationale et sur le pouvoir d’achat des citoyens, surtout que nous sommes à la veille du mois sacré de Ramadhan».

Abordant le contexte sécuritaire, Gaïd Salah a parlé d’un «plan malveillant» pour déstabiliser l’Algérie. Selon le vice-ministre de la Défense nationale, les services de sécurité algériens ont recueilli des «informations avérées faisant état d’un plan malveillant pour mener le pays à l’impasse», dont «les prémices remontent à 2015, lorsque les trames et les visées du complot ont été révélées». «Nous œuvrons sereinement et avec patience à démanteler les bombes à retardement qu’ont implantées ces corrompus et corrupteurs dans les différents secteurs et structures vitales de l’Etat», a-t-il assuré, soulignant que «ces secteurs seront assainis grâce à la conjugaison des efforts de toutes les personnes de bonne foie, ainsi qu’à la conscience du peuple algérien jaloux pour sa patrie et la disponibilité de ses enfants et frères au sein de l’Armée nationale populaire, déployés dans tous les recoins du pays, veillant à préserver l’autorité de l’Etat et la crédibilité des institutions et leur fonctionnement normal».

Quant à l’action de la justice qu’il a appelée, à partir de la 4e RM, à plus de célérité dans le traitement des affaires de corruption et de dilapidation de deniers publics «et de juger tous ceux qui ont pillé l’argent du peuple», il a tenu à valoriser sa réponse. En effet, ces derniers jours, plusieurs hommes d’affaires ont été arrêtés et d’autres responsables politiques et d’anciens ministres sont appelés à rendre des comptes devant la justice.