Les trois favoris de l’élection présidentielle de dimanche au Gabon ont revendiqué la victoire, sans attendre les résultats officiels.
Le scrutin doit désigner le successeur d’Omar Bongo, décédé en juin dernier, après 41 ans au pouvoir.
Ce lundi matin, aucun chiffre n’avait encore été communiqué, ni par la Commission électorale autonome et permanente (Cénap), ni par le ministère de l’Intérieur, qui co-organisent les élections.
La publication des résultats de la Cénap, qui centralise les données, est envisagée « entre mardi soir et mercredi, mais plus probablement mercredi ».
Tard dimanche, quelques heures après la clôture du scrutin supervisé par environ 300 observateurs et qui s’est déroulé sans incident majeur, malgré une certaine tension dans des quartiers populaires de Libreville, l’opposant historique Pierre Mamboundou s’était présenté comme le vainqueur, parlant de « victoire finale ».
Peu après, le Parti démocratique gabonais (PDG, au pouvoir) déclarait « gagnant » à son tour son candidat, Ali Bongo, fils du président défunt, sans avancer de chiffres.
De son côté, l’ex-ministre de l’Intérieur, André Mba Obame, affirmait qu’il serait « proclamé président de la République » sur la foi de résultats recueillis par son équipe de campagne.
« Au Gabon, on ne s’autoproclame pas président, expliquait-il, mais lorsque le processus électoral sera allé jusqu’au bout, la Cour Constitutionnelle proclamera le candidat André Mba Obame président de la République ».
« C’est une tendance lourde qui manifeste la volonté profonde du peuple gabonais pour la rupture. Donc, sauf ‘miracle’, nous ne pouvons pas être rattrapés », renchérissait-il.
André Mba Obame prétend qu’il est en tête dans quatre des neuf provinces gabonaises, représentant 62% du corps électoral.
Selon lui, Pierre Mamboundou le devance dans trois autres provinces (25% des électeurs), Ali Bongo dans les deux dernières (16% du corps électoral).
« Ce ne sont pas des sondages mais des résultats », assure-t-il.
Les Gabonais ont voté en masse, dimanche, lors d’un scrutin à un tour émaillé d’un coup de théâtre, l’annonce du désistement de l’un des favoris, et de tensions dans la capitale.
Les opérations de vote, entre 7 heures et 18 heures, dans plus de 3000 bureaux au Gabon et à l’étranger, ont souvent débuté avec beaucoup de retard, en raison notamment de l’absence de matériel électoral et de certains agents électoraux.
Les files d’attente étaient visibles devant les bureaux de vote qui ont fermé progressivement, à partir de 19 heures.
Pendant la campagne, Ali Bongo, 50 ans, investi par le PDG, a pu profiter de la machine électorale fondée en 1968 par son père.
Officiellement, son parti a remporté toutes les élections nationales depuis l’avènement du multipartisme en 1990.
Ali Bongo faisait face à 22 candidats, jusqu’à l’annonce, vendredi, du désistement de cinq d’entre eux en faveur d’André Mba Obame, laissant 18 candidats en lice.
Un nouveau désistement a été enregistré dimanche, avec le retrait de Casimir Oyé Mba, autre favori, sans consigne de vote, deux jours après qu’il avait démenti son ralliement à André Mba Obame.
De nombreux observateurs et candidats avaient affirmé craindre des troubles post-électoraux, comme 21 intellectuels qui ont appelé samedi à l’apaisement.
Ce lundi, des militaires et policiers en tenue anti-émeutes sont visibles aux points sensibles de la capitale.