L’enquête diligentée, depuis mercredi dernier, par les services de la Gendarmerie nationale sur la fuite des sujets du bac, a connu, dès le lendemain, d’importants développements. Elle a permis, entre autres, d’établir qu’il s’agit d’un grand réseau, composé de près de 200 personnes qui, après avoir constitué des plateformes de partage sur facebook, opéraient la nuit, y compris avec des complices basés à l’étranger, pour brouiller les pistes.
Jeudi matin, la section de recherche (SRGN) d’Alger a été mise à contribution pour enquêter au niveau de l’Office national des examens et concours (Onec). En plus de l’identification et de la localisation des auteurs du faux communiqué de l’Onec faisant état de l’annulation de l’épreuve du baccalauréat, les enquêteurs ont auditionné plusieurs personnes au sein de cette institution, y compris des personnels à titre de témoins pour récolter le maximum de renseignements. “Des auditions vont toucher plusieurs personnes au niveau de l’Office national des examens et concours (Onec) et des Directions de l’éducation au niveau des wilayas où les sujets ont été envoyés sur les réseaux sociaux. L’enquête pourrait toucher également les enseignants ayant participé à l’élaboration de certains sujets et qui pourraient être impliqués
dans cette fuite organisée et synchronisée”, a révélé une source proche de l’enquête. De son côté, le Centre de prévention et de lutte contre la criminalité informatique et cybercriminalité de la Gendarmerie nationale basé à Bir-Mourad-Raïs, a perquisitionné 15 plateformes d’échanges et de partage sur facebook où ces individus envoyaient les sujets à la veille de chaque examen. Pour le moment, indique notre source, pas moins de 150 profils facebook, dont certains domiciliés à l’étranger, ont été identifiés, en sus des 15 individus arrêtés mercredi dernier et 35 autres personnes pistées et recherchées depuis jeudi matin par la SRGN.
Le même jour, une enseignante a été appréhendée dans la capitale pour avoir participé à la fuite d’un sujet du bac. Auditionnée, celle-ci a été placée sous contrôle judiciaire au même titre qu’une centaine d’individus interrogés dans le cadre de cette enquête. Aussi, et pour permettre aux enquêteurs de réquisitionner des adresses IP (Internet Protocol), le réseau social facebook a été brouillé durant toute la journée de jeudi sur les téléphones portables. Cette démarche, indique notre source, empêcherait les personnes soupçonnées de modifier leurs profils et d’effacer les messages envoyés. Aussi, la Gendarmerie nationale, en coordination avec les opérateurs de téléphonie mobile, poursuivent les réquisitions des adresses IP sur instruction des procureurs de la République mobilisés par le ministère de la Justice afin d’identifier les auteurs de cette mascarade et permettre aux enquêteurs d’accélérer l’instruction.
Par ailleurs, des ISTN (interdiction de sortir du territoire national) ont été envoyées aux aéroports et à la police des frontières pour intercepter la fuite des suspects vers l’étranger, alors que la garde à vue de certains individus a été prolongée pour les besoins des investigations.