Une fuite de gaz de ville s’est produite, hier vers les coups de 10h 30, au Caroubier, dans la banlieue d’Alger, au niveau d’un tuyau de raccordement situé sur l’avenue de l’ALN, à quelques mètres du dépôt de carburants de Naftal et non loin de la direction générale de la société Lind Gaz Algérie.
La fuite est survenue suite aux travaux d’aménagement urbain qu’effectuait l’entreprise Enroba, spécialisée dans les travaux de génie civil et sous-traitante du tramway d’Alger. La police a bloqué la circulation autour du secteur, contraignant bus et autos à faire demi-tour.
Des voyageurs pressés ont dû quitter leur bus avant de traverser à pied le tronçon interdit aux voitures pour rejoindre l’autre bout du barrage où ils pouvaient reprendre un autre bus. Une éruption puissante de gaz dont on entendait le sifflement et dont on voyait le halo blanchâtre, a propagé des effluves toxiques dans une atmosphère déjà alourdie par la chaleur et l’humidité de ce mois d’août.
La fuite de gaz n’a rencontré aucun obstacle puisque le tuyau a été percé d’un coup de pioche une fois que le trou a été pratiqué. «Ce qui a induit un jet à haute pression dont le rayonnement menaçait le dépôt de carburant de l’entreprise Naftal situé à proximité. Ce dépôt stocke le carburant acheminé à partir de la raffinerie de Sidi Arcine près de Baraki »,explique-t-on.

«Il y a des quantités énormes d’essence et de gasoil dans ce dépôt. Je sais qu’un bac contient à lui seul 8 millions de litres. Si jamais le feu se déclare, ce n’est pas que le quartier qui sera rasé, mais tout Alger dans un rayon de 45 km», soutient un travailleur de Naftal rencontré sur les lieux.
L’entreprise Enroba s’apprêtait visiblement à réaliser une cavité mesurant 1 m 10 devant recevoir des raccordements de fils électriques ou une bouche d’évacuation d’eau. Arrivés vers 11 h passée, les agents de Sonelgaz ont tenté de fermer en vain la vanne située à quelque 100 mètres du sinistre.
La vanne était complètement noire de rouille. Selon un technicien, qui a requis l’anonymat, la vanne en question «date de l’époque coloniale et n’a jamais été visitée depuis l’indépendance, la vanne n’est ni sécurisée ni étanche». Et d’ajouter : «Normalement, sur un site aussi névralgique, l’entretien devrait être de mise ; des simulations de fuite de gaz sont nécessaires chaque six mois.»
La vanne tout à fait grippée n’a pas voulu céder sous la pression d’une grosse clé actionnée par 7 personnes. Finalement, c’est la clé qui s’est cassée obligeant les gens de Sonelgaz à tenter de la réparer par la soudure au niveau d’un mécanicien établi dans le voisinage.
Peine perdue, la clé se brise une seconde fois, tandis que le gaz continue d’être emporté par le vent dans tous les sens. Les agents de Sonelgaz abandonnent la partie pour se diriger vers Magharia, ex-Leveilly, où se trouve une autre vanne. Là, ils auront plus de chance puisqu’ils parviendront à la fermer.
Il était, donc, 12 h 18 quand la fuite a été arrêtée. «La fermeture de la première vanne aurait entraîné l’approvisionnement en gaz de quelques îlots d’habitation de l’avenue de l’ALN, mais celle de Megharia va entraîner l’arrêt de l’alimentation en gaz d’une centaine de familles habitant l’avenue de l’ALN, Oued Ouchayeh et les logements squattés du ministère de la Jeunesse et des Sports», soutient-on. Il y a eu, donc, plus de peur que de mal, mais la sonnette d’alarme est tirée. Attention.
Larbi Graïne